Ile Maurice: Les petits producteurs noyés sous les coûts, la baisse des ventes et les dettes

Le travail des petits et moyens entrepreneurs a été chamboulé à travers le monde, avec la pandémie, la dépendance sur les produits de base et les tensions géopolitiques. Ils sont vulnérables à la hausse des coûts de production.

La Journée des micros, petites et moyennes entreprises (MPME), observée le 27 juin, a pour but de reconnaître leur rôle dans l'économie, de promouvoir des actions pour les soutenir et de mettre en évidence les défis auxquels elles font face. Les MPME représentent 90 % des entreprises, 60 à 70 % des emplois et 50 % du PIB dans le monde. À Maurice, 44 % des PME contribuent à l'emploi et 35 % au PIB. Amar Deerpalsing, président de la fédération des PME, observe que ces chiffres démontrent une réduction du marché, des chiffres d'affaires et de l'emploi des PME à Maurice. «Ce n'est pas un bon signe. Dans les pays qui progressent économiquement, la contribution des PME est plus», indique-t-il.

Il explique donc qu'une amélioration est notable par rapport à la normalisation dans certains secteurs, à l'instar de ceux affligés à 100 %, comme le tourisme, qui ont repris leurs activités, notamment, les petits hôtels, les restaurants de plage et les tour-opérateurs. Les secteurs de l'exportation et des services ont repris. Mais ceux qui souffrent le plus, relève Amar Deerpalsing, sont ceux de la production avec la dépréciation de la roupie, le manque de main-d'oeuvre et son coût qui a augmenté drastiquement, le coût des carburants, de l'électricité, les dettes, et l'incapacité de trouver le financement pour moderniser et investir.

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Ces entreprises se retrouvent en grosse difficulté et peinent à reprendre. «Le coût de production à Maurice est insoutenable et les petits business font face à la compétition sans aucune protection. Les prix des produits locaux sont insoutenables, même pour la population. Des accords de libre-échange ont été signés dans la région et avec d'autres pays comme l'Inde et la Chine. Les producteurs locaux peinent à soutenir la concurrence. Plus le temps passe, plus on voit que beaucoup d'activités de production souffrent et beaucoup ont fermé boutique. Il y a de plus en plus d'importation.» Amar Deerpalsing estime nécessaire que les mesures du Budget soit mises en place le plus vite possible. «Il y a des mesures annoncées dans le Budget pour faciliter la tâche de ceux qui veulent recruter de l'étranger. Mais maintenant, il faut s'assurer que cela se traduise dans la réalité et donne les résultats escomptés.»

Ajay Beedassy, vice-président de SME Chambers, abonde dans le même sens. «Les ventes locales de produits locaux non-essentiels ont baissé. Avec le coût de la vie, l'alimentation est prioritaire, comparée aux vêtements, par exemple. La baisse de la vente a une répercussion sur le cashflow. Ce qui a un impact sur le paiement des salaires et des dettes, avec le repo rate qui a augmenté. Le coût de la production a augmenté. (...) Il est annoncé dans le Budget que la DBM annulera les prêts de plus de 20 ans et ceux des microentrepreneurs décédés. Il faut considérer les PME qui ont créé de l'emploi et ont traversé les récentes crises. C'est sur ces entreprises qu'il faut mettre plus d'accent.» De plus, avec les coûts qui pèsent lourd sur les PME, il estime que plus de grants sont nécessaires. «Combien de prêts pourra-t-on contracter pour faire face à cette situation difficile ?»

Amar Deerpalsing estime en conclusion que le temps est arrivé d'encadrer les entrepreneurs pour redémarrer la machine productive à Maurice. «Comment le faire s'il n'y a pas de soutien financier et d'autres avantages à produire pour consolider la base industrielle ? C'est aussi une question de sécurité alimentaire, donc de sécurité nationale.»

Marché extérieur : DHL Express Mauritius veut réduire la charge logistique des pme

Des événements - conférences et ateliers, entre autres - ont été organisés dans le cadre de cette journée des MPME. Ainsi, SME Mauritius a organisé un atelier, «Faciliter l'accès des PME aux marchés extérieurs», avec la participation de DHL Express Mauritius qui veut collaborer avec les PME pour réduire leur charge logistique. SME Mauritius lance un appel aux entrepreneurs pour saisir les diverses mesures de soutien et les programmes qui leur sont destinés. 2 900 PME ont bénéficié de diverses subventions ces trois dernières années.

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