Les Notes poursuivent la présentation, faite par Urbain-Faurec, des petits palais, pavillons et monuments « disparates » que renferment Anatirova (enceinte du Rova). Notamment l'Église du Palais et Besakana. Tout au fond du vaste plateau du Rova, écrit-il, en bordure du mur d'enceinte, se trouve le temple protestant, surmonté par une longue flèche acérée. C'est là que les deux dernières reines, Ranavalona II et Ranavalona III ainsi leur Premier ministre et époux, Rainilaiarivony, assistent aux offices. De style roman, il est bâti en 1880, sur l'emplacement d'une ancienne maison de Ranavalona II. Et comme un défi païen à la religion nouvelle adoptée par les souverains merina, s'élève tout près du temple, le Tranomasina (maison sacrée), « sorte de dépositoire pour les corps des rois qui venaient de décéder et où se pratiquaient les innombrables rites purement indigènes avant l'ensevelissement ».
À côté, « on voit encore les restes de Besakana qui fut une demeure de Ranavalona Ire et que construisit Andrianjaka, premier roi merina de Tananarive et fondateur du Rova. C'est également à cet endroit qu'eut lieu le fameux sacrifice de Trimofoloalina ». En fait, il semble qu'il y a eu au moins deux Besakana (racine du mot: barrer, mettre en travers), dans le Rova. Le premier est celui érigé par Andrianjaka. L'autre est élevé par Andrianampoinimerina. Après avoir lutté pendant sept ans à Ambohimanga, soit diplomatiquement soit par les armes, pour reconstituer un royaume merina unique, ce roi vient rétablir définitivement la capitale à Antananarivo. « Il fait construire à Anatirova, sur le modèle de celle d'Ambohimanga, une modeste maison en bois qu'on montre aujourd'hui, ou peut-être une autre puisqu'alors, les Malgaches ignoraient l'usage de la scie... »
C'est Andrianampoinimerina lui-même, affirment certains historiens, qui lui donnent le nom de Besakana, faisant ainsi allusion à un souhait qu'il émet publiquement : « Que nous soyons préservés de la dispersion de la terre du Royaume qui m'appartient. » Besakana se trouve entre le Grand Palais et le temple. Certains affirment aussi qu'il sert pour recueillir, entre leur mort et le moment de l'inhumation, les masina ou corps des souverains qui viennent de décéder pour les rites mortuaires et en attendant la finition de leurs cercueils. Petite anecdote. Lors du retour de sa captivité à Ambohidratrimo où l'un de ses fils séquestre pendant sept ans, le roi Andriamasinavalona (1675-1710), son sage conseiller Andriamampandry veut tester l'attachement de ses sujets et leur demande de le prouver par un sacrifice humain. Mais tous s'enfuient, sauf Trimofoloalina, un simple habitant d'Anosizato, qui s'offre pour être immolé. Mais on se contente d'un simulacre : on répand, en hommage du souverain, le sang d'un coq égorgé sur la poitrine de Trimofoloalina. Celui-ci bénéficie de l'impunité accordée par le monarque (tsy maty manota). « Une inscription placée sur le lieu du sacrifice en perpétue le souvenir » et que l'on peut encore lire en 1952, précise Urbain-Faurec. Sous la colonisation, des palais, de vastes salles et même les petits appartements des reines abritent les collections du Musée d'Antananarivo. Malheureusement beaucoup de ces souvenirs royaux disparaissent avec les flammes en début novembre 1995. Selon Urbain-Faurec, dans une salle de Manjakamiadana, une représentation assez complète de la faune et de la flore de Madagascar constitue le Musée d'Histoire naturelle. Dans la grande salle du premier étage, sont réunis des palanquins, des lits, des armes et tous les objets mobiliers, souvenirs de l'ancienne royauté qui peuvent être rassemblés. Dans Manampisoa, sont installées les collections historiques : costumes de cérémonie, éclatants d'or et de coloris, bijoux vrais ou de pacotille, argenterie et bibelots, tous objets de valeur ou non, « qui gardent la marque d'un passé charmant, émouvant et parfois douloureux».
De somptueux manteaux de cour brodés d'or, gages d'amitié de Napoléon III, y voisinent avec les minuscules vêtements des petits princes « dont la coupe, les couleurs et les ornements dévoilent l'origine anglaise ». Le musée des Beaux-Arts créé en 1911, contient une importante collection de toiles aux tendances diverses. Une salle consacrée à la paléontologie renferme de belles pièces dont deux squelettes d'aepyornis, ancêtre géant de l'autruche et dont la disparition ne remonterait qu'à quelques siècles. «On y retrouve aussi la plus grande partie d'un squelette fossilisé d'un dinosaure qui mesurait 30m et c' est un précieux document de la faune préhistorique de l'ile. » À l'époque, plusieurs centaines de visiteurs malgaches parcourent Manjakamiadana et les salles du Musée chaque semaine. « Pour un grand nombre d'entre eux, c'est un pieux pèlerinage à des lieux et à des objets imprégnés d'émouvants souvenirs. »