Madagascar: Par choix, et par éducation

Depuis le coup d'État de 2009, mes Chroniques témoignent de mon incompatibilité de vision et de manière avec Andry Rajoelina. Malheureusement pour le pays, le cours des événements semble légitimer cette prévention intuitive. J'avais pu, en son temps, parler de «péché originel». Comme seule la place du 13 mai sait chaque fois en produire, le charlatanisme messianique avait ensorcelé une foule d'autant plus ignorante qu'elle est exsangue, et d'autant plus vulnérable qu'elle est inculte.

Cependant, quoi que je puisse penser, et écrire, de celui qu'on a déclaré vainqueur des élections de 2018, je m'abstiens d'associer dans mes critiques, son épouse et ses enfants. C'est un minimum de savoir-vivre que je me suis librement imposé. Par choix, et par éducation. C'est cette même certaine idée de la «supériorité morale» à laquelle je voulais me tenir en 2002.

Depuis la crise de 1991 (pour celle de 1972, j'étais encore dans les limbes du scepticisme de posture et d'être), j'observe avec incrédulité ces candidats au pouvoir qui nient toute dignité au pouvoir, au prétexte qu'ils sont dans l'opposition. J'avais l'image d'un siège présidentiel que tout le monde voulait souiller, oubliant qu'ils voulaient eux-mêmes s'y asseoir.

Et ce n'est pas le moindre ridicule que de prétendre se couvrir d'honorabilité constitutionnelle, en convoquant des juges à Mahamasina, une fois seulement qu'on a méthodiquement violé chaque texte qui pouvait empêcher que la liberté ne dégénère en licence et anarchie.

Il est certainement facile de tourner en ridicule le pouvoir, pour amuser la même foule quelque peu décervelée de tantôt. Il est infiniment plus difficile de rééduquer le «vahoaka» à l'idée de la discipline, au concept de l'autorité, à la légitimité de l'État.

Parce que le populisme est nivellement par le bas, et parce que cet exercice suicidaire se commet et se récidive depuis au moins trente ans, comment s'étonner encore que le pouvoir fasse désormais ricaner. Mais, si le ridicule ne tue pas le titulaire putatif de ce pouvoir, un État dont on se gausse est un État failli.

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