Afrique: Recherche et développement de l'Afrique - Voici les points saillants de la conférence du Pr René Joly

René Joly ASSAKO ASSAKO est Professeur titulaire des Universités, Hors-échelle. Membre titulaire de l'Académie des Sciences du Cameroun, il est Vice-recteur chargé des Enseignements à l'Université de Douala, Chevalier et Officier de l'Ordre de la Valeur du Cameroun et Chevalier de l'Ordre International des Palmes Académiques du CAMES. Président fondateur de la Société Camerounaise de Géographie, il est auteur de plusieurs ouvrages et d'articles scientifiques, Prix d'Excellence de l'Agence Universitaire de la Francophonie et Prix d'Excellence de l'Académie des Sciences du Cameroun.

Répondant à la sollicitation qui lui été adressée par ses collègues du CAFE PTR-GD, le Pr René Joly Assako Assako a, le 27 Juin 2023, prononcé la conférence intitulée « Quels Africains, quelles recherches et quels savoirs pour le monde actuel ? ». Optant ainsi pour une technique discursive de rebours, il a concocté un exposé en trois points. En effet, partant de sa perception du monde actuel (1), il a ensuite examiné les savoirs dont l'Afrique a besoin (2), pour terminer par les cahiers des charges, aussi bien pour les États que pour les Africains, dans l'optique de booster un développement viable et durable du Continent Noir (3).

S'agissant des grands traits du monde actuel, le Pr René Joly Assako Assako a signalé les grandes avancées technologiques, notamment l'intelligence artificielle, la cybercivilisation, qui a déjà conduit à ce qu'il nomme par « villageoisement » du monde, dont la caractéristique première est l'annulation des distances et des frontières. Relèvent du même train d'observations, le règne de la vitesse ; le renforcement de la mondialisation identitaire ; la conflictualité structurelle ; la démographie désarticulée pour un consumérisme conquérant ; le dévoiement et la décadence de la spiritualité. Tout ceci annonce ce que j'appelle le crépuscule de l'homo-sapiens, caractérisé par la primauté du matériel, l'inversion et l'extinction des valeurs, l'aggravation des inégalités et des injustices à tous les niveaux et, pire encore, le décloisonnement des genres (avec l'homosexualité) et des espèces (avec la zoosexualité) ; les pandémies et autres catastrophes anthropogènes (la catastrophe de Tchernobyl en Avril 1986 ; le Covid-19 ; les pollutions de toutes sortes, etc.), la multiplication des génocides (la Shoah, du 30 janvier 1933 au 8 mai 1945 ; génocide arménien, de 1915 à 1923 ; le génocide Rwandais, du 7 avril au 15 Juillet 1994 ; plus de 400 ans d'esclavage de l'Afrique, etc.), le développement et l'usage des armes de destruction massive, etc. Heureusement, il devient plus que probant, que le proche avenir du monde se joue en Afrique, même si les africains sont, curieusement et paradoxalement, ceux qui peinent et tardent à le comprendre et à y croire.

En ce qui concerne le type de savoirs dont l'Afrique a besoin pour son développement, je suggère une démarche éclectique à double détente. Il s'agit, premièrement, de n'exclure aucun savoir. Ainsi, la recherche fondamentale visant les savoirs savants, les sciences sociales et humaines et les sciences exactes, est à encourager, au même titre que la recherche appliquée et la professionnalisation. Dans ces conditions, il s'agit de faire en sorte que le diplôme ne cesse jamais d'être la seule chose qu'il est censé être, à savoir : la codification d'un niveau ou degré de connaissances. Et ce degré de connaissances doit lui-même induire un degré de compétences opérationnelles. Deuxièmement, l'éclectisme doit conduire à prendre les domaines les plus porteurs ou les secteurs les plus porteurs parmi les domaines retenus, de sorte à capitaliser les moyens (matériels, financiers et humains) dont le secteur éducatif a besoin. Il faut ajouter, au sujet de la valorisation des résultats de la recherche, que l'interaction avec les participants à la conférence, a permis de faire la lumière sur « l'écriture scientifique intégrale ». Celle-ci stipule que les Mémoires de Master et les Thèses de Doctorat/PhD, soient désormais rédigés comme le sont les ouvrages scientifiques (R.J. Assako Assako, 2023). Ceci aura pour avantage de rendre disponibles, sur l'espace éditorial planétaire, des milliers de travaux académiques sous forme de livres, alors qu'à date, ils moisissent dans les bibliothèques des institutions universitaires ou des écoles doctorales, dans l'indifférence, la négligence, voire l'ignorance de ceux qui sont censés les exploiter et les implémenter.

Pour finir, j'ai défini deux cahiers des charges, soit l'un à l'adresse des États et de la société, et l'autre à l'endroit des individus. S'agissant des États, il me semble qu'on ne peut atteindre un développement viable et durable, tant qu'on ne va pas mener un certain nombre d'actions courageuses, comme la priorisation de l'éducation et de la recherche, en leur allouant des parts significatives du budget d'investissement et de fonctionnement (R.J. Assako Assako, 2016). De même, il y a la nécessité de la consolidation solidaire du système éducatif, de la base au supérieur, intégrant la recherche, dans le processus d'opérationnalisation du tandem Université-entreprise. Au niveau des individus, j'en appelle à une prise de conscience collective, c'est-à-dire à un (r)éveil des consciences. Cette épiphanie aura pour avantages : l'assomption de la défaite et du retard, que je développe, dans la livre de L'Assakoïsme, sous la forme de la « théorie du vaincu résilient » ; le rejet de tous les complexes et de la victimisation ; le rejet du passéisme réducteur, qui amène l'Africain à se complaire et à se satisfaire de sa glorieuse antiquité, au moment où les autres conquièrent le futur à une vitesse supravoltaïque ; l'audace de la création d'un nouveau monde. L'africain nouveau, gage du développement, est celui qui applique la théorie de l'Ékekam ou le parasitisme intelligent (R.J. Assako Assako, 2021) et la valorisation de la sorcellerie, la « superintelligence des africains » dont parle Florent Eustache Hessou, dans sa thèse soutenue en novembre 2021, à l'université Abomey Calavi (R.J. Assako Assako, 2022).

C'est cela la clé de la domestication et de l'afro-endogénéisation de la science et des savoirs, telle que la Société Camerounaise de géographie l'a engagée, à travers la refondation de la géographie au Cameroun et en Afrique. En effet, cette Société savante a tenu, en 2022 à Yaoundé, sur cette problématique, le symposium international dont les actes viennent d'être publiés en deux volumes d'un total de près de mille de pages.

Quelques références bibliographiques

Assako Assako R.J. (Ed. Sc.) (2023). Refondation de la géographie au Cameroun et en Afrique. Volume 1 : Innovations conceptuelles, théoriques et méthodologiques. Éditions du Ngoun, Douala, 450 p.

Assako Assako R.J. (Ed. Sc.) (2023). Revamping geography in Cameroon and Africa. Volume 2 : Pedagogic and operational innovations. Éditions du Ngoun, Douala, 467 p.

Assako Assako R.J. (2022). L'Homme-diamant ou le successeur (Négro-africain) de l'homo sapiens. L'Harmattan Cameroun, 148 p. ISBN : 978-2-14-029598-0, EAN : 9782140295980.

Assako Assako R.J. (2021). L'Assakoïsme. Une (autre) façon d'être Négro-africain, de voir la vie et de penser le monde. Les Impliqués-Cameroun, Paris. ISBN : 978-2-343-25114-1 ; EAN13 : 9782343251141 ; EAN PDF : 9782140199554.

Assako Assako R.J. (2021). Rhomboscopie existentielle. La vie et l'après-vie par la théorie des losanges. L'Harmattan, Coll. Les Impliqués-Cameroun, 136 p. ISBN : 978-2-343-22297-4 ; EAN13 : 9782343222974.

Assako Assako R.J. (2020). Géographie transcendante. Outils conceptuels et méthodologiques pour géographier autrement en Afrique. L'Harmattan, Paris, 172 p. ISBN : 978-2-343-20686-8.

Assako Assako R.J. (2016). L'Afrique (encore) dupée ? Propos ingénus sur le développement du continent noir. Éditions Dianoïa, Chennevières-sur-Marne, 140 p. ISBN : 978-2-37369-038-5, EAN : 978237690385

Suivre entièrement la conférence sur la page Facebook du Pr René Joly ASSAKO ASSAKO, au lien suivant :

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