A Madagascar, la dernière journée de la session parlementaire a une fois encore été pleine de rebondissements. Après de multiples reports et malgré une obligation constitutionnelle, le face à face prévu entre les députés et le gouvernement n'a définitivement pas eu lieu.
La journée a ainsi été marquée par beaucoup de flottements, de tensions, aussi, et ponctuée, tard dans la soirée, par l'organisation d'un vote en urgence pour tenter de destituer certains membres du bureau permanent. En vain.
Il est 15h lorsque les députés sont appelés à délibérer sur le sort d'anciens hauts responsables de l'État en prise avec la justice. Les parlementaires doivent décider si les dossiers de ces personnalités seront transmis ou non à la Haute Cour de justice. Au moment du vote, la salle se vide, comme à chaque fois depuis trois ans. Le quorum n'est pas atteint, le vote ne peut donc avoir lieu.
« Honte »
Une situation qui exaspère Honoré Tsabotokay, député du district de Vohipeno, et président de la Commission spéciale de mise en accusation : « Pour moi, c'est une honte pour notre législature. Les députés protègent les malfaiteurs en ne votant pas leur mise en accusation des anciens ministres. Cela empêche le processus de la Haute Cour de justice. Notre institution bloque le processus adossé à la Haute Cour de justice. »
Deux heures après, les députés sont à nouveau appelés, cette fois pour décider de l'éviction de trois membres du bureau permanent de l'Assemblée nationale, à savoir deux vice-présidents, élus sous les couleurs de l'IRD, le parti présidentiel, et un questeur étiqueté TIM, le parti d'opposition de Marc Ravalomanana.
« Ils étaient trop critiques vis-à-vis du gouvernement. Et ça n'a pas plu à l'exécutif. Donc ils ont demandé à ce qu'ils ne soient plus vice-présidents de l'Assemblée nationale », explique Narson Rafidimanana, député indépendant de l'opposition, élu dans le district d'Antanifotsy.
« Les députés ont montré qu'ils ne sont pas des robots »
Il faudra attendre trois longues heures pour que le nombre minimum de députés soit atteint et que le vote démarre, poursuit Narson Rafidimanana : « Donc nous sommes allés au vote sous ordre du gouvernement. Ce n'est pas normal ! Mais les députés ont montré qu'ils ne sont pas des robots. Ils ont voté autrement que ce que le gouvernement a voulu. »
Toutefois, les parlementaires indépendants et ceux de l'opposition dénonçaient, vendredi soir, ce vote, considéré par certains comme une nouvelle « manoeuvre dilatoire des députés de la majorité pour éviter au gouvernement d'avoir à rendre des comptes et répondre à plusieurs questions dérangeantes ».
Parmi les sujets sensibles qui auraient pu faire l'objet d'interpellation des membres de l'exécutif figurent l'absence de loi de finances rectificative, l'insuffisance de budget pour l'organisation de l'élection présidentielle ou encore le non-achèvement de certains projets.