Malem-Hodar — D'anciens candidats à l'émigration clandestine se sont reconvertis dans l'agriculture, l'horticulture et la volaille à Malem-Hodar, dans la région de Kaffrine (centre), avec l'aide de l'Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) et de l'Agence nationale d'insertion et de développement agricole (ANIDA), a constaté l'APS.
Vingt-cinq jeunes travaillent dans cette ferme "Naatangué" (le mot wolof pour développement) implantée dans le sud du département de Malem-Hodar. Ce type de domaine agricole est vulgarisé depuis 2018 dans le cadre d'un projet de lutte contre l'émigration clandestine.
Le conseil municipal de Malem-Hodar a octroyé un terrain à ses promoteurs pour favoriser la "réinsertion socioéconomique" des anciens migrants et les aider à gagner leur vie.
Six hectares de la ferme sont exploités à l'aide de la technique d'irrigation "goutte à goutte". Quatre autres hectares sont réservés à l'horticulture et à l'arboriculture.
"Nous avons planté beaucoup d'arbres, dont des acacias, des citronniers, des manguiers et des anacardiers", explique Ibrahima Ndao, le coordonnateur de la ferme. Au-delà des revenus économiques tirés des activités agricoles et horticoles, l'initiative comporte l'avantage de reverdir l'espace, dans cette zone connue pour son aridité en saison sèche.
Les exploitants de la ferme veillent à la diversité des cultures. Le maïs, le sorgho et d'autres céréales sont cultivées en même temps que l'aubergine, l'oignon, la tomate, le chou, le piment, etc.
L'arboriculture se développe. Le moringa oleifera et le citronnier sont présents aux côtés d'autres arbres.
Mais en cette période de saison sèche, l'oignon est la denrée la plus cultivée. Il génère d'importants revenus, affirme Ibrahima Ndao, ajoutant que c'est la culture économique favorite des anciens migrants déterminés maintenant à vivre de l'agriculture.
"La ferme a complètement transformé nos vies"
Le sac d'oignon de 20 kilos est vendu à 7.000 francs CFA, soit 350 francs CFA le kilo, dit M. Ndao. Selon lui, chacun des exploitants peut gagner 800.000 francs CFA à la fin de chaque campagne agricole. "Nous n'envions personne, car la ferme a complètement transformé nos vies", martèle-t-il.
Certains parmi les anciens migrants ont construit des maisons et entretiennent leur famille avec les revenus tirés de la ferme "Naatangué" de Malem-Hodar, "sans rien attendre de l'Etat", selon M. Ndao.
"Il faut que les jeunes retournent à la terre en exploitant les ressources locales. C'est possible", soutient-il.
L'ANIDA, l'Agence nationale d'insertion et de développement agricole, a implanté dans la ferme "Naatangué" de Malem-Hodar un poulailler de quelque 2.000 sujets et l'a doté de plusieurs équipements, selon Ibrahima Ndao.
"Cette ferme a créé beaucoup d'emplois, surtout pour les candidats à l'émigration clandestine, qui ont décidé de retourner au Sénégal et d'y travailler", assure-t-il, affirmant que les femmes de Malem-Hodar n'ont plus besoin de sortir de la commune pour s'approvisionner en légumes.
"C'est une ferme très rentable pour les populations de Malem-Hodar, qui parcouraient les marchés à la recherche de légumes. Maintenant, elles achètent les récoltes de la ferme et les revendent ailleurs", témoigne M. Ndao.
Selon lui, la ferme "Naatangué" a fait de Malem-Hodar l'un des principaux centres d'approvisionnement en produits agricoles et horticoles de la région de Kaffrine. Le poulet vendu par les exploitants attire de plus en plus de consommateurs et de commerçants, dit-il.
"Les femmes viennent faire beaucoup de commandes pour aller revendre à 3.500 francs CFA le poulet dans les marchés de la région", affirme Ibrahima Ndao. Selon lui, elles veulent maintenant acquérir une chambre froide, une voiture pour le transport des marchandises et un tracteur.