Depuis une dizaine d'années, les frères Kassaï font vivre l'art de la bande dessinée, en Centrafrique, et se servent de leurs cases ainsi que de leurs bulles pour aborder le conflit civil qui a déchiré le pays, il y a dix ans.
Dans « Moi anti-balaka. Une révolution paysanne » sorti début 2022, Florent Kassaï, le cadet de la fratrie, narrait le déferlement de violences accompagnant l'arrivée au pouvoir de la rébellion Séléka. Cette fois, l'auteur illustre la fuite contrainte de nombreux musulmans du quartier du PK5, à Bangui, attaqué par les anti-balakas en décembre 2013.
La famille de Zenabou est contrainte au départ et tente de fuir vers le Tchad. Mais l'évacuation tourne au massacre et cette adolescente doit survivre et échapper aux griffes d'un chef de guerre. Elle peut alors compter sur la volte-face d'un des assaillants.
Réconciliation
« Ceux qui ont pris les armes sont souvent motivés par la soif de vengeance, mais il arrive quelquefois que le sens de l'humain, enfoui en eux, prenne le dessus, les amenant à poser des actes louables, comme c'est le cas dans cette BD », explique Florent Kassaï.
Avec ce récit inspiré de la réalité, le dessinateur compte aller dans le sens de la réconciliation, toujours fragile en Centrafrique.
Une « modeste contribution »
« Vous savez, la RCA à toujours connu des violences intercommunautaires et donc cette BD est ma modeste contribution. Le but est d'amener le lecteur à comprendre que le fait que l'autre appartienne à une autre communauté que la sienne ne signifie pas qu'il est ton ennemi », souligne-t-il.
Florent Kassaï prépare un troisième volet à cette série qui abordera la douloureuse question du viol, comme arme de guerre, et du courage nécessaire pour confronter ses agresseurs.