A côté de bilans sombres, les citoyens gardent de l'espoir.
Key findings
- ▪ Plus de huit Burkinabè sur 10 (81%) disent que leur pays va dans la mauvaise direction.
- ▪ La majorité des citoyens décrivent la situation économique actuelle du pays (70%) ainsi que leurs propres conditions de vie (64%) comme étant mauvaises.
- ▪ Six répondants sur 10 vivent un niveau modéré (42%) ou élevé (18%) de pauvreté. o Près de la moitié (47%) des Burkinabè ont régulièrement manqué de revenus en espèces au cours de l'année écoulée. Beaucoup disent avoir fréquemment manqué de nourriture (15%), de combustible pour la cuisson (15%), de soins médicaux (14%) et d'eau potable (14%) courant la même période.
- ▪ Deux Burkinabè sur trois (66%) estiment que les conditions économiques du Burkina Faso sont pires comparées à celles d'il y a 12 mois. Mais plus de la moitié (51%) des citoyens pensent qu'elles seront meilleures dans les 12 mois à venir.
- ▪ La grande majorité des Burkinabè désapprouvent les réponses apportées par le gouvernement dans la gestion de l'économie (78%), l'amélioration des conditions de vie des pauvres (80%), la création d'emplois (81%), la réduction du fossé entre les riches et les pauvres (87%) et la stabilité des prix (94%).
Le Burkina Faso vit une instabilité politique couplée d'une crise sécuritaire aux conséquences humanitaires désastreuses. A cette situation délicate vient s'ajouter l'impact des chocs exogènes comme la pandémie de la COVID-19, la guerre en Ukraine et les changements climatiques caractérisés par des cycles d'inondations et de fortes sécheresses. Autant de facteurs internes et externes qui affectent le quotidien des Burkinabè, et qui se manifestent entre autres par un taux d'inflation élevé estimé en moyenne à 14% en fin 2022 (Service d'Information du Gouvernement du Burkina Faso, 2022).
Malgré cette situation politico-sécuritaire préoccupante, les perspectives économiques et financières du Burkina Faso semblent optimistes. La note de cadrage macroéconomique de l'Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) (2022) annonce une croissance économique du pays à 6% pour 2023, portée principalement par la production minière et la bonne tenue de l'agriculture dans un contexte de réduction des attaques terroristes. Mais ces prévisions des experts reposent sur plusieurs hypothèses, dont la bonne conduite de la feuille de route de la transition que le pays a amorcée depuis la prise du pouvoir par les militaires, la maîtrise progressive des menaces terroristes avec un accompagnement et une réinstallation à moyen terme des populations déplacées internes, le renforcement de la production minière, ainsi que la poursuite et l'accélération des grands projets d'investissement public.
Préoccupés par la crise sécuritaire, les Burkinabè doivent également faire face à la situation économique difficile que traverse le pays.
Selon les résultats de la plus récente enquête d'Afrobarometer, la majorité d'entre eux estiment que le pays va dans la mauvaise direction. Ils déplorent la situation économique actuelle du pays ainsi que leurs propres conditions de vie mais restent néanmoins optimistes quant aux conditions économiques du pays pour les 12 mois à venir.
La majeure partie des Burkinabè vivent un niveau modéré ou élevé de pauvreté, et beaucoup ont eu à faire régulièrement face à des situations de manque de revenus en espèces, de nourriture, de combustible pour la cuisson, de soins médicaux et d'eau potable pendant l'année écoulée.
Dans ce contexte, il n'est pas étonnant qu'ils désapprouvent largement les réponses apportées par le gouvernement actuel aux principales questions économiques qui se posent au pays.
Augustin Loada Augustin Loada, professor of public law and political science, is the general coordinator of the Afrobarometer survey in Burkina Faso.