Ile Maurice: ARTs martiaux - Soke Hoshu (Ai) Ikeda - «Physiquement les femmes sont différentes des hommes mais pas forcément plus faibles»

Les branches de Joshinmon Mauritius ont vécu des moments uniques lors de la semaine écoulée, dans le cadre des célébrations marquant le 52e anniversaire de cette école mauricienne de karaté.

En effet, lors de sa visite dans l'île, Soke Hoshu (Ai) Ikeda, première femme Grand Maître de Karaté au monde, leur a partagé son expertise des arts martiaux et leur a fait des démonstrations de kobudo (art martial pratiqué avec des armes). Sans oublier la gente féminine.

Soke Hoshu (Ai) Ikeda est la fille de feu le Grand Maître japonais Hoshu Ikeda - fondateur du Joshinmon Shorin Ryu Karate Do, école créée en 1969. Le Grand Maître Hoshu Ikeda a officiellement transféré la direction de l'International Jyoshinmon Shorin-Ryu Karate-Do à sa fille Ai Ikeda en 2012. A la mort de son père, en août 2016, elle prend le nom de Soke Hoshu Ikeda, suivant la tradition. Dans un art et un sport dominés par les hommes, ainsi que dans la société dominée par les hommes au Japon, c'est un événement très rare.

Lors de sa visite à Maurice, Soke Hoshu Ikeda a eu l'occasion - au moment d'animer des séminaires - de porter une attention particulière aux pratiquantes de karaté, tout en reconnaissant que cet univers est plus l'apanage des hommes. «Le karaté est un domaine dominé par les hommes. Physiquement parlant, les femmes sont différentes des hommes. Nous ne pouvons pratiquer les arts martiaux comme eux», dit-elle. C'est l'une des raisons pour lesquelles elle met beaucoup l'accent sur la structure corporelle féminine.

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Elle voit comment les femmes peuvent développer leur force en fonction de leur morphologie et l'adapter aux situations dangereuses qui peuvent se présenter à elles. «On peut parler d'égalité entre les hommes et les femmes dans plusieurs domaines mais sur le plan physique, ils ne sont pas égaux. Mais cette différence ne signifie pas que nous sommes plus faibles», dit Soke Hoshu (Ai) Ikeda. Cette dernière fait de sorte à ce que les femmes soient le plus efficaces possibles en fonction de leur morphologie. D'où peut venir, chez elle, cette vocation à instruire les femmes ? Peut-être de sa mère, la Shihan Mikiko Ikeda, qui l'avait initiée aux arts martiaux dès son enfance, il y a plus de 50 ans.

Le 24 juin, lors d'un premier séminaire qu'elle a donné au Joshinmon Shorin Ryu Karate-Do Club de Grand-Baie (dont l'instructeur est Brian Burns), dans les locaux de RM Club, la Japonaise s'est d'abord tournée vers les débutants pour leur présenter le budo (voie martiale) du karaté. Et, tout en s'adressant aux élèves, filles comme garçons, elle a mis l'accent sur la fluidité du mouvement.

«Dans toutes les techniques il n'est pas nécessaire d'y mettre de la force pour se défendre. On doit pouvoir utiliser la souplesse», a-t-elle fait remarquer. Durant de courtes poses, elle a eu l'occasion d'enseigner des techniques d'auto-défense face aux hommes, visuellement plus robustes. Et ce, grâce au concours de Toru Kanzaki, instructeur actif de karaté et de kobudo au siège de Joshinmon au Japon.

Le 25 juin, au gymnase Pandit Sahadeo, Vacoas, Soke Hoshu (Ai) Ikeda a eu l'opportunité de faire une démonstration de Kobudo. Avec Toru Kanzaki, qui faisait office d'adversaire, puis toute seule, avec armes et sans armes à la main. C'est en la voyant en action que les élèves des dojos de Joshimon Mauritus (ils avaient eu l'occasion de pratiquer des mouvements de base et des katas quelques minutes avant elle) ont pu s'apercevoir de la justesse de son enseignement ; et ce, avant qu'elle n'anime son deuxième séminaire.

Selon les termes «Shin, Gyo, So» de la calligraphie japonaise, auxquels son père se référait souvent, il s'agit, comme lui, de maîtriser parfaitement les bases des arts martiaux au début et, progressivement, aller vers un style en apparence moins élaboré puis, plus tard, vers une technique plus naturelle et souple mais qui, en réalité, est beaucoup plus puissante. En somme, Soke Hoshu (Ai) Ikeda a démontré - lors de son passage - que le style Joshinmon Shorin-Ryu Karaté ainsi que le Kobudo peuvent être pratiqués autant par les hommes que les femmes, indistinctement de leurs différences physiques.

A noter que la démonstration de Kobudo, dimanche dernier, s'est faite en présence de personnalités telles que Maneesh Gobin (ministre de la Justice et de l'Agro-industrie et de la Sécurité alimentaire), Shuichiro Kawaguchi, ambassadeur du Japon, Ajitsingh Hardowar, président de l'All Mauritius Karate Federation, et du Kyoshi Georges Li Ying Pin, pionnier du karaté à Maurice.

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