Le secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda évoque l'alliance avec le Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire (Ppa-CI) et, éventuellement, une avec le Rhdp. Il se dit confiant quant aux élections régionales et municipales du 2 septembre.
Comment va votre parti ?
Le Pdci-Rda se porte bien.
En êtes-vous sûr ?
Oui. Parce que le Pdci-Rda est constitué de 64 députés, 16 sénateurs élus, 50 maires et 5 présidents de conseil régional.
77 ans après, ne pensez-vous pas que la moisson est maigre ?
Il est vrai qu'un parti existe par ses élus. Cependant, il faut relever que dans un passé récent, l'on a enregistré le débauchage de 20 de nos députés et près de 10 maires. Nous pesons au moins 89 députés. C'est parce que je suis très mesuré...
Est-ce à dire que le Pdci-Rda ne fait plus rêver ?
Je voudrais vous contredire sur ce point. Bien au contraire ! Si vous pouviez savoir le nombre de jeunes cadres qui frappent à la porte du Pdci-Rda, vous seriez surpris. Parce que ces cadres estiment que les anciens qui ont eu un parcours professionnel exceptionnel ont évolué dans un environnement de paix. Et aujourd'hui, ils travaillent, en revanche, dans un milieu tumultueux, peu propice au travail.
Aussi veulent-ils renforcer le Pdci-Rda pour que l'environnement pacifique revienne. C'est surtout la paix qui attire les jeunes cadres au Pdci. Il y a certes une légende qui court selon laquelle le Pdci-Rda est un parti de vieux. Vous observez au fil du temps que le président Henri Konan Bédié poursuit la politique d'ouverture du parti aux jeunes cadres. Le président du Directoire du comité de préparation du prochain congrès du Pdci-Rda est Thierry Tanoh. C'est un jeune. C'est un signal fort que le président Bédié donne à la jeunesse.
Le Pdci-Rda, le parti septuagénaire, est-il toujours debout, après avoir perdu tout le nord du pays, l'un de ses bastions ?
Le Pdci-Rda vit avec fierté ses 77 ans. Du point de vue du nombre d'élus au nord, on peut raisonner de la sorte. Mais cette situation a une explication. C'est dans le cadre du Groupement politique Rhdp auquel nous croyions que la décision a été prise de favoriser le Rdr dans la partie septentrionale de la Côte d'Ivoire. Nous avions même combattu et sanctionné nos cadres qui avaient choisi d'être candidats indépendants.
Ces cadres étaient sûrs d'eux et certains d'entre eux ont gagné les élections. Nous avons pu avoir un élu dans cette zone, après le refus de dissolution du Pdci-Rda. Le Pdci-Rda a de nombreux militants au nord du pays, mais ils évoluent dans un environnement très difficile. Nous réfléchissons aux stratégies de reconquête car, en politique, rien n'est figé.
Des bruits ont été entendus, ces mois-ci, au sein de la "Maison vert et blanc". Le président Henri Konan Bédié a dû lancer un appel au rassemblement. De quoi s'agit-il ?
Quels bruits? Pouvez-vous m'en citer quelques-uns.
L'affaire entre « Camoraciens » et « Meecistes » au sein du Pdci-Rda.
Ce n'est pas une affaire en tant que telle. C'est l'émulation au sein du parti. Le Pdci-Rda est un parti démocratique. Il n'y a pas de courants ni de clans au sein de notre formation politique.Ce sont des luttes de positionnement. Chacun veut jouer un rôle. Il y a des prises de position sur des questions précises. Contrairement à ce que vous pensez, le débat est très important au Pdci-Rda. On ne le fait pas publiquement, les discussions sont internes.
Parfois, par la position des uns et des autres, on pense qu'il y a des mésententes. Le rassemblement et la cohésion, c'est le catéchisme de tout dirigeant de parti politique. Vous avez rappelé que le président Henri Konan Bédié avait lancé un appel au rassemblement, vous savez un leader d'un parti politique termine toujours son discours par un appel au rassemblement, à la cohésion des militants autour des valeurs, autour d'un objectif. Il n'y a pas péril en la demeure au Pdci-Rda.
S'il n'y a pas péril en la demeure, comment expliquez-vous qu'il y ait eu deux communiqués différents publiés dans la presse pour un congrès extraordinaire ?
Il y a un communiqué qui était signé par le président du Pdci-Rda. L'autre ne l'était pas. Donc ces deux communiqués n'ont pas la même valeur.
Comment peut-on en arriver à cette situation ?
Les réseaux sociaux. Les gens peuvent se permettre de tout publier sur les réseaux sociaux. C'est la signature du président du Parti sur un document qui fait sa valeur.
En ce qui concerne la publication de la liste complète des candidats aux municipales et régionales, il y a eu un draft qui a circulé. Si un document est publié, tant qu'il ne porte pas la signature du président Henri Konan Bédié, il n'est pas valable. C'est un projet. Donc, on ne peut pas comparer un projet à une décision du président Henri Konan Bédié...
Mais le draft a été publié dans un journal proche du Pdci-Rda !
C'était un draft. Rien qu'un draft...
Il a été publié par le journal « Dernière heure Monde ».
Il n'en demeure pas moins que c'était un draft. Le lendemain de sa publication, le directeur de publication de ce journal a fait un démenti pour dire qu'il y a eu une erreur. Comme le document circule entre les mains de plusieurs personnes, des gens ont jugé, en publiant le draft, d'en faire un scoop. C'est la course au scoop. Manque de pot pour eux, ce n'était pas la bonne liste.
Tous ces couacs ne contribuent-ils pas à affaiblir le Pdci-Rda ?
Non. Je ne pense pas. Nous sommes en train de bâtir un parti solide. Qui aura un avenir radieux. Quand vous parcourez la liste des personnes nommées, les candidatures aux élections locales, vous vous rendez compte qu'il y a beaucoup plus de jeunes. Nous savons où nous allons...
Le président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, a opéré de nombreux changements au sein de son parti. Quel est le véritable rôle assigné au secrétaire exécutif en chef que vous êtes?
Le rôle du secrétariat exécutif, dans la nouvelle configuration des structures statutaires et ad hoc du parti, a été clairement défini le 9 décembre 2021 par le président du parti. Dans le nouveau dispositif, le secrétariat exécutif concentre la grande partie de son action dans des missions d'animation de la base ; donc consacre plus d'énergie sur le terrain pour renforcer la présence du parti auprès des couches sociales dans toutes leurs diversités.
Ces derniers mois, vos pouvoirs ont été sérieusement rognés. Demeurez-vous toujours un homme influent du parti et avez-vous toujours la confiance de l'ancien président ?
Depuis le 12e congrès ordinaire, tenu en octobre 2013, une restructuration profonde du parti a été faite afin d'éviter tout bicéphalisme. Ainsi, le secrétariat général a été supprimé et le pouvoir a été exclusivement dévolu au président du parti. Le secrétariat général a été remplacé par un secrétariat exécutif, structure d'exécution des instructions du président du parti. Pour tout dire, au Pdci-Rda, le pouvoir appartient au président du parti.
En ma qualité de secrétaire exécutif du parti, je n'ai pas de pouvoirs propres. J'ai plutôt des charges. Donc, vous voulez dire que j'ai été déchargé de certains dossiers. Le président a, à un moment donné, estimé qu'il fallait répartir les charges en créant des comités afin de recentrer le rôle du secrétariat exécutif, comme je vous l'ai indiqué plus haut.
En ce qui concerne l'influence, je ne sais pas le sens que vous donnez à ce terme. Le chef du secrétariat exécutif est-il encore écouté par la base ? Ai-je la confiance du président du parti ? Oui.
De hauts cadres et non des moindres ont rejoint le Rhdp, arguant qu'il y a un manque d'écoute au sein du parti. Que répondez-vous à ces anciens cadres de votre formation politique ?
Le dimanche 29 janvier, le président du Parti, lors de la cérémonie de présentation des voeux des militants du parti, a donné la position du Pdci-Rda à cet effet. Il a indiqué qu'à la croisée des chemins, chacun choisit la voie qui répond le mieux à sa personnalité et à son degré de conviction. Je n'ai donc rien à ajouter.
Le Pdci n'a-t-il pas pris un coup avec le départ de ces personnalités ?
Pas de commentaires. Cela ne nous empêche pas de continuer la lutte.
Pensez-vous que le Pdci-Rda a des chances de remporter les régionales et municipales du 2 septembre?
Le Pdci-Rda a ses chances dans ces élections.
Quel est votre commentaire sur la candidature indépendante du député Yasmina Ouégnin aux municipales dans la commune de Cocody face à un candidat désigné par votre parti en la personne du maire sortant, Jean-Marc Yacé ?
Permettez-moi de ne pas m'appesantir sur ce sujet. Les questions électorales font partie du domaine duquel le secrétariat exécutif a été déchargé par le président du parti. Un comité autonome de gestion et de suivi des élections a été créé. Il a travaillé en toute liberté et fait prendre des décisions au président du parti. Ce que je peux dire, une fois que la décision est prise par le président du parti, elle s'impose à tout le monde.
Après avoir dirigé le secrétariat exécutif pendant une dizaine d'années, Maurice Kakou Guikahué pense-t-il céder la place à la jeune génération lors du prochain congrès du Pdci-Rda prévu en octobre ?
Ne faisons pas le congrès avant le congrès...
Pour la présidentielle de 2025, entre une candidature de Tidjane Thiam, Jean-Louis Billon, Akossi Bendjo, Thierry Tanoh, quel sera votre choix pour le Pdci-Rda? C'est tout ce que vous avez trouvé au Pdci-Rda? Quels sont les critères qui vous ont permis de dresser votre liste? Qu'en est-il de la jeune génération ?
Il n'y a pas de génération spontanée en politique, pour paraphraser le Président Félix Houphouët-Boigny. Il y a des gens qui viennent au parti. Ils y apprennent. Il n'y a pas de conflit de génération au Pdci-Rda. Il y a une politique d'intégration harmonieuse des jeunes militants aguerris.
Moi qui vous parle, j'ai été président de Meeci (Ndlr : Mouvement des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire). J'ai été nommé ministre à 40 ans. Aujourd'hui, on pense que je suis un ancien parce que depuis le collège, on me voit à la télévision. (Rires)
Donc Tidjane Thiam doit suivre le parcours initiatique.
Pas particulièrement lui. C'est valable pour tout le monde. La responsabilisation dans un parti politique répond à un parcours initiatique. Il faut le suivre.
Êtes-vous prêt à être le candidat du Pdci-Rda à une élection présidentielle, après une longue et riche carrière politique et professionnelle ?
Question prématurée.
Où en êtes-vous avec l'alliance entre le Parti des peuples africains -Côte d'Ivoire (Ppa-CI) et le Pdci ? En politique, les alliances se font et se défont, une coalition avec le Rhdp est-elle toujours possible ? D'ailleurs, le Rhdp et le Pdci sont les deux faces d'une même pièce.
En ce qui concerne les alliances, le sujet sera débattu au 13e congrès ordinaire du Parti qui aura lieu en octobre prochain. Le président du parti a invité le Bureau politique, lors de sa 14e réunion du 29 septembre 2022, à inscrire cette question à l'ordre du jour du prochain congrès ordinaire, à l'effet d'examiner le contenu, la portée et l'efficacité des rapprochements tissés sur le terrain avec les partis politiques, à ce jour. Tous les partis politiques sont concernés, y compris les deux que vous avez mentionnés dans votre question.
Le Pdci-Rda serait-il prêt à rejoindre le Président Alassane Ouattara pour la paix et le développement de la Côte d'Ivoire ?
Le Pdci-Rda est un parti politique autonome qui véhicule des valeurs propres. Cependant, en tant que parti politique concourant à l'expression du suffrage, il peut participer à un programme dans le cadre d'un consensus national, comme actuellement pour le processus de réconciliation nationale et la cohésion sociale dans lequel le parti s'est engagé.
Les militants du Pdci-Rda ont demandé au président Bédié d'être candidat au prochain congrès afin de continuer à présider le parti. Vont-ils encore lui demander d'être leur candidat à la présidentielle de 2025 ?
C'est le congrès qui décide. D'ailleurs, il y aura une convention pour décider du choix du candidat du Pdci-Rda. Nous tenons, de façon unanime, à ce que SEM. Henri Konan Bédié demeure le président du parti. C'est le ciment de notre formation politique. Nous allons le renforcer en le plébiscitant en octobre 2023, au 13e Congrès ordinaire.