Après neuf mois à recevoir des cours et à réviser pour les assimiler afin de rendre une copie passable, bien ou excellente le jour des épreuves écrites du baccalauréat, les candidats ont été délivrés le vendredi 30 juin 2023, date de "l'accouchement".
Cette proclamation des résultats était à l'image de celle des années antérieures, pleine d'émotions. Aux scènes de joie se mêlaient celles des chaudes larmes de tristesse. « Bac, c'est quoi même ?», a gravé sur son habit un candidat qui a désormais le précieux sésame en poche.
Cette année avec la Tabaski qui s'est invitée pendant la correction du Bac, il fallait trouver le juste milieu pour contenter toutes les parties, c'est-à-dire, les élèves, leurs parents et les enseignants. L'habitude de recevoir les résultats le 7e jour à partir de la date du début de l'administration des épreuves écrites ou le 8e jour ne sera pas une règle respectée cette année. La proclamation des résultats a eu lieu 48h après la digestion du mouton sacrificiel.
Au Lycée technique national Aboubacar Sangoulé Lamizana (LTN/ASL), plus connu sous l'ancienne appellation LTO, rendez-vous a été pris avec les candidats à 8h. A l'heure indiquée, la ponctualité a été de rigueur pour certains candidats ou leurs proches qui piaffaient d'impatience de savoir à quelle sauce ils seront mangés. A côté de ceux qui sont soucieux de leur sort, il y a ceux qui sont venus pour les affaires avec un visage plus gai. Il s'agit des jeunes dépêchés par les universités privées pour faire des yeux doux aux futurs bacheliers, c'est d'ailleurs « les psys » du moment. « Ne t'en fais pas. Détresse, ça va aller, je suis passé par là aussi », conseille un jeune étudiant flyers en main pour rassurer un candidat. « Pourquoi ça traîne ? Ils (les membres du jury) ne savent pas que nous sommes là depuis 7h », s'impatientait un candidat, les yeux visiblement rouges, preuve que la nuit a été longue.
C'est finalement sur le coup de 10h que la célèbre formule résonnera : « Candidats approchez.» Les uns et les autres avancent avec le coeur qui bat la chamade. C'est le seul moment où le silence s'impose de lui-même dans une foule. Après la mise en place des membres du jury, une autre formule tout aussi célèbre que la première sera prononcée : « Sous réserve d'un contrôle approfondi, les candidats dont les noms suivent sont déclarés admis à l'issue des épreuves du 1er tour ». Et c'est parti pour des cris de joie et des moments de tristesse. « Je l'ai pécho ! », lâche un admis s'exprimant dans le jargon des jeunes. « Calme-toi, tu n'as pas échoué. Tu es au second tour », un ami consolant sa camarade.
Quid des craintes liées à l'utilisation du logiciel dénommé Système intégré de gestion des examens et concours (SIGEC) dont l'utilisation au BEPC a enregistré des ratés par endroits ? Avis du président du jury 82, Adama Ouédraogo, par ailleurs proviseur du lycée départemental de Guiba : « Je remercie le Seigneur parce que dans mon jury, il n'y avait pas de soucis à noter. S'il y a une chose à souligner, c'est le caractère difficile de l'utilisation du logiciel du fait de sa nouveauté. J'ai particulièrement eu la chance de l'utiliser avant cette session, donc j'avais la main. »
L'ambiance était la même au sein du lycée qui a pour slogan « Brisons les chaînes de l'ignorance », le lycée Bogodogo de Ouagadougou. Là-bas également, c'est à 11h que les hostilités ont démarré avec le jury 110. « Sandra a eu », « Tu as entendu m'a mention ? », « Merci Seigneur », « On n'a pas appelé le nom d'un seul élève de notre classe », sont entre autres, de petites phrases que des candidats balançaient. « Je suis très contente d'avoir obtenu mon Bac D, mes efforts ont payé et je rends grâce à Dieu. J'encourage mes camarades qui sont au second tour à donner le maximum d'eux-mêmes pour réussir. Je remercie mes parents et mes professeurs pour leurs encouragements et leurs soutiens tout au long de l'année scolaire», s'est réjouie Eldine Mélina Zoungrana, admise.
Ce jury qui devrait accueillir 262 candidats a enregistré 10 absents. Selon le président du jury, Dr Abel Kadéba, enseignant-chercheur à l'université de Dédougou, il n'y a rien à signaler comme incident majeur de l'administration des épreuves jusqu'aux résultats. A l'écouter, il y a eu quelques soucis avec le logiciel SIGEC qui ont été rapidement corrigés. « Sur 252 candidats qui ont composé, nous avons 78 admis dont 35 garçons. Ce qui nous donne un taux de réussite de 30,95%. Un pourcentage satisfaisant pour ce qui est du Bac », estime le Dr Kadéba.
Pour les candidats qui n'ont pas pu tirer leur épingle du jeu dès le premier tour, certains sont appelés ce lundi matin à 7h pour les épreuves écrites du second tour. Bonne chance !
Akodia Ezékiel Ada
Florence Tassembédo (Stagiaire)
Encadré
Propos de candidats admis
Salimata Sawadogo
« J'aimerais faire des études de journalisme »
« Je suis très heureuse d'avoir obtenu mon Bac série A4 au premier tour. Pour la suite de mes études, j'aimerais faire du journalisme car c'est le métier qui me passionne. »
Mohamed Zongo
« Les mines pour la suite »
« Je viens de décrocher mon Bac F4 et je suis très fier car j'ai vraiment bataillé. J'ai eu des moments de doute mais j'ai eu confiance en moi et cru en Dieu. Je compte poursuivre mes études en mines et carrières car c'est le métier qui me fascine.»
Cheick Abdala Sawadogo
« La topographie en ligne de mire »
« J'ai désormais mon Bac F4 avec la mention assez-bien. Retenons néanmoins que ça n'a pas été simple. Les sujets nous ont fait peur engendrant ainsi le stress mais par la grâce de Dieu j'en suis sorti victorieux. J'aimerais continuer mes études dans le domaine de la topographie. »
Joël Zoungrana
« J'encourage mes camarades du second tour »
« Je suis très ému de savoir que je fais la fierté de mes parents. En outre, je remercie mes professeurs pour le travail qu'ils ont abattu. J'encourage mes camarades qui sont au second tour, de ne pas baisser les bras car ils ont toujours l'opportunité de réussir. »
Fatimata Zoungrana
« Pas satisfaite de ma mention »
« Je suis contente de ma réussite au Bac D mais je ne suis pas satisfaite de la mention parce que j'avais l'ambition de m'inscrire en médecine. »