Cote d'Ivoire: L'or brun, et sa triste réalité !

La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. Cependant, l'envers du décor est moins reluisant : 1/5 des petits producteurs vivent sous le seuil de pauvreté, et la déforestation des espaces protégés n'en finit plus.

L'industrie mondiale du cacao génère 130 milliards $ de recettes annuelles, et emploie 5 millions de petits producteurs. Un marché florissant dont bénéficie une douzaine de multinationales, parmi lesquelles Nestlé, Lindt, Hershey, Mondelēz, Mars, Ferrero, etc. Sans compter un réseau d'intermédiaires, mêlant acteurs publics et privés.

Une faible part de marché pour l'Afrique de l'Ouest

La Côte d'Ivoire et le Ghana cumulent, à eux deux, 60 % de la production mondiale. Selon une étude de marché réalisée en 2023 par Marketsandmarkets, les 3/4 des fèves de cacao sont produites par l'Afrique de l'Ouest, qui ne récolte au final que 5 % des parts du marché !

Pour y remédier, l'Afrique devrait davantage maîtriser sa production en adaptant l'offre à la demande, car les acheteurs internationaux, en position de force, poussent les prix vers le bas. Autre solution, pour moins subir les fluctuations des prix de l'or brun, diversifier leurs cultures...

La culture du cacao dévastatrice

La culture du cacao impacte fortement l'environnement. Elle serait responsable de plus de 37 % de la déforestation dans les zones protégées en Côte d'Ivoire, et de plus de 13 % au Ghana, selon la revue Nature Food.

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Ces chiffres, avancés par une étude de l'École polytechnique fédérale de Zurich, ont été obtenus par recoupements d'images satellites grand public, de données sur les sites et par l'intelligence artificielle entraînée à reconnaître les cacaoyers. Les sols épuisés, les arbres vieillissants, la pollution aux engrais et aux pesticides chimiques sont autant d'éléments pouvant expliquer une déforestation massive.

L'éradication du travail infantile progresse

Autre fléau, l'emploi de près de 790 000 jeunes ivoiriens dans les plantations de cacao, dont la plupart d'entre eux sont exposés à des travaux dangereux. Et ce, malgré d'énormes efforts consentis par l'État ivoirien depuis 2011. A commencer par la loi interdisant le travail et l'exploitation des enfants, ou encore la création du Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l'exploitation et le travail des enfants (CNS).

Des Plans d'actions nationaux ont également vu le jour : le Système d'observation et de Suivi du travail des enfants en Côte d'Ivoire (SOSTECI), la Stratégie Nationale pour une Cacaoculture Durable (SNCD), etc. Ils visent à encourager une agriculture durable, à améliorer les revenus, les conditions de vie, et à traiter, de manière globale, la problématique du travail illégal des enfants en incluant les attentes des producteurs, les plantations, les familles et les communautés. La création, par exemple, d'une certification « Fairtrade » par des organisations ivoiriennes de la filière viennent en complément.

Les pays producteurs d'Afrique de l'Ouest ont conscience qu'il leur faut peser davantage dans les négociations. Ils ont déjà concrétisé plusieurs initiatives. La dernière en date : la réunion à Accra au Ghana (2 juin 2023) du Comité de pilotage de l'Initiative cacao Côte d'Ivoire-Ghana (ICCIG) visant à mettre en oeuvre un « pacte économique pour un cacao durable

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