Ile Maurice: Parlement - Boolell privé de question sur Jagai et la police

Déçu et en colère. Le député du Parti travailliste, Arvin Boolell, a du mal à cacher ses sentiments. Le public ne saura pas si la Financial Intelligence Unit (FIU) enquête sur un éventuel partenariat entre l'assistant surintendant de police Ashik Jagai et Jean Hubert Celerine, dit Franklin, et la population ne saura pas non plus, dit-il, si le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a abordé, avec le commissaire de police, Anil Kumar Dip, la raison pour laquelle il a engagé des avocats du privé. Pour cause, une des questions qu'il avait déposées à l'Assemblée nationale a été modifiée par le speaker Sooroojdev Phokeer alors qu'une autre a été rejetée.

Le chef de file du Parti travailliste (PTr) avait déposé ses quatre questions, mercredi, au bureau du clerk. L'une d'entre elles était libellée : «Will he state if FIU has started an inquiry into an alleged business partnership between ASP Jagai and Mr J. Hubert Celerine also known as Franklin to assess if the revenue is from shady deals in relation to hard core drugs activities?» Toutefois, elle a été modifiée jeudi. Sur la liste officielle des questions rendue publique vendredi, l'interpellation se lisait comme suit : «Whether, in regard to Mr J. H. C., he will, for the benefit of the House, obtain from the Financial Intelligence Unit, information as to if an inquiry has been initiated into the alleged suspicious business thereof and, if not, why not?» La question n'a plus le même sens, insiste Arvin Boolell. «Je voulais savoir s'il y a une enquête pour déterminer s'il y a un lien entre les deux hommes. Est-ce qu'ils sont partenaires d'affaires ? Malheureusement, la question n'est plus la même. Comme s'ils les avaient déjà innocentés. D'ailleurs, dans la question amendée, il n'y a même pas le nom de l'ASP Jagai», souligne-t-il.

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L'autre question concerne la rencontre entre le Premier ministre (PM) et le commissaire de police (CP). «Will the PM state if in relation to prosecution of cases, he will raise with CP the latter's decision to enlist the services of legal advice from private law firms? If yes, will he make a statement?», voulait-il demander à Pravind Jugnauth.

La question a été jugée irrecevable. «C'est une question d'intérêt public. Elle ne concerne pas le secret d'État», estime Arvin Boolell. Ce n'est pas la première fois qu'une question du député du PTr a été jugée irrecevable. En mai dernier, il avait voulu demander à Pravind Jugnauth s'il avait fait une déposition à la police pour donner le nom des trafiquants de drogue qui gravitent autour des proches de l'opposition, après que le chef du gouvernement, lui-même, avait fait de telles allégations.

Pour rappel, les Standing Orders de l'Assemblée nationale donnent les pleins pouvoirs au clerk d'amender une question. Dans la pratique, il le fait sous la supervision du speaker. Celui-ci a également le droit de rejeter des questions, s'il juge qu'elles ne respectent pas les règlements de l'Assemblée nationale. «The Speaker shall decide whether a question is or is not admissible under these Orders and may disallow any question when, in his or her opinion, it is an abuse of the right of questioning or calculated to obstruct or affect prejudicially the proceedings of the Assembly and shall disallow any question if it infringes any of these Orders. Where a question is disallowed the question shall not appear on the Order Paper or in any report of the proceedings of the Assembly. Any notice which contains unbecoming expressions or offends against any of these Orders may be amended by the Speaker and may thereupon appear on the Order Paper», lit-on à section 27 des Standing Orders.

Le PM répondra sur les saisies de la SST

La question de Farhad Aumeer est la première à laquelle Pravind Jugnauth devra répondre durant la «Prime Minister's Question Time» (PMQT). Le député du PTr veut connaître la quantité de drogue et autres articles, ainsi que les différentes sommes d'argent saisies par la «Special Striking Team» (SST) de l'ASP Ashik Jagai. Il veut aussi savoir quelle somme d'argent a été restituée après la fin des procès. Il sera intéressant d'observer le comportement de Pravind Jugnauth et de Sooroojdev Phokeer pendant cette tranche.

D'habitude, quand la deuxième question est celle d'un membre de l'opposition, le chef du gouvernement donne une longue réponse pour ne pas répondre à une deuxième question, surtout si elle est embarrassante, pendant les trente minutes de la PMQT. Pour sa part, le speaker permet aux «backbenchers» du Mouvement socialiste militant de poser un maximum de questions pour laisser s'écouler le temps. Or, la deuxième interpellation destinée à Pravind Jugnauth, demain, est celle de Subhasnee Luchmun Roy, élue du gouvernement. Elle voudra savoir quelles sont les mesures prises par le gouvernement après le jugement du Tribunal de la mer, le 28 avril. Ce sera une occasion pour le Premier ministre de parler des Chagos en «prime time».

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