En Afrique du Sud, une série événement fait revivre le mythe Shaka Zulu. Près de quarante ans après la série phénomène produite par la télévision publique sud-africaine et diffusée à travers le monde, le roi Shaka revient sur les écrans africains pour les abonnés de DStv. Cette nouvelle série se veut débarrassée du regard occidental, plus proche de la réalité grâce à la participation d'historiens. Les dialogues sont en zoulou et sous-titrés.
Son règne fut court, de 1817 à 1828, mais son histoire continue de fasciner les Sud-Africains. En livres, en dessins animés ou en série, comme celle réalisée par Angus Gibson : « Au début j'avais un peu peur car je sais combien les Sud-Africains sont passionnés par Shaka Zulu, mais pour le moment la série est bien reçue. »
Royaumes concurrents
Après la série culte de 1986, c'est une nouvelle génération qui va pouvoir grandir avec un Shaka Zulu remis au goût du jour avec Shaka iLembe. « Pour l'époque, l'ancienne série était plutôt courageuse, mais elle épousait un regard très eurocentré de Shaka Zulu. Nous voulions faire l'inverse », précise Angus Gibson.
La série veut prendre son temps. Elle replace d'abord Shaka Zulu dans un environnement fait de royaumes concurrents, dit le réalisateur : « C'est un peu comme dans Game of Thrones où aucun personnage ne domine l'histoire au début avant que John Snow devienne le héros un peu plus tard. Dans cette série, la naissance de Shaka n'intervient qu'à la fin de l'épisode 4. »
Shaka devient le roi des Zoulous dans une saison 2 qu'il reste à produire, ainsi qu'une troisième qui devrait raconter la domination et la chute de cet immense guerrier, unificateur de la nation zouloue. Depuis la diffusion de la série Shaka Zulu en 1986, les recherches des historiens ont progressé, notamment du côté de la représentation du roi zoulou. Le travail des sources historiographiques permet de relativiser l'image de chef sanguinaire et de demi-dieu que la mythologie nourrit.
« Shaka n'était qu'un être humain ordinaire »
Malgré le nombre limité de documents disponibles, on a désormais une image plus précise de Shaka Zulu selon Dan Wylie, ancien professeur de littérature à l'université de Rhodes, consulté pour la série Shaka iLembe : « Dans les années 70, il était perçu comme surhumain. Soit de manière négative quand il était comparé à un monstre sanguinaire comme Attila. Ou de manière positive, comme le bâtisseur d'une nation, un conquérant sans limites, à l'image de Napoléon ou d'Alexandre le Grand. Mais ce sont des comparaisons très déformantes. Les historiens ont démontré que Shaka n'était qu'un être humain ordinaire avec des talents et des limites, soumis à des contraintes politiques, mais que c'était le meilleur de la région à cette époque. Shaka n'était pas le seul vecteur de violence. C'était aussi un homme sur la défensive. Il avait besoin d'hommes, de femmes, de bétail. Il s'agissait plutôt d'élargir la nation zoulou que de commettre des massacres. »