Dakar — L'opposant Ousmane Sonko a déclaré dimanche soir faire l'objet d'une "mise en résidence surveillée, sur des bases totalement illégales".
En s'exprimant à la veille d'un discours à la nation du président de la République, Macky Sall, M. Sonko a fustigé sa "mise en résidence surveillée, sur des bases totalement illégales, sans aucune base légale".
L'opposant a condamné "cette détention administrative contre [sa] personne". Elle doit prendre "fin le plus immédiatement possible", a-t-il ajouté.
Le maire de Ziguinchor (sud) fait allusion aux visites interdites de ses proches, de ses militants, de ses alliés politiques et de ses avocats à son domicile à Dakar.
Les forces de l'ordre ont dispersé plusieurs fois des personnes qui tentaient de lui rendre visite chez lui.
"Je suis extrêmement attristé [...] par cette situation. Je suis profondément attristé", a déclaré Ousmane Sonko en parlant de la mort de plusieurs personnes dans des violences consécutives à sa condamnation à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse", le 1er juin.
Selon le ministère de l'Intérieur, 16 personnes ont été tuées dans ces violentes manifestations, l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International faisant état, pour sa part, de 23 morts.
Pastef-Les patriotes, le parti politique d'Ousmane Sonko, affirme que 29, voire 30 personnes ont péri dans ces manifestations survenues du 1er au 3 juin.
Ousmane Sonko, qui était jugé pour viol et menaces de mort sur la demoiselle Adji Sarr, a dénoncé "une parodie de justice" en parlant de ce procès, qui s'est déroulé à son absence. "Je n'ai reçu aucune convocation me demandant de répondre à un procès", a-t-il soutenu. Il a été condamné pour « corruption de la jeunesse ».
M. Sonko a parlé aussi d"'arrestations arbitraires de masse" liées à ces manifestations. "Au dernier décompte, nous en étions à presque 700 détenus" dont les dossiers "ont été arbitrairement envoyés en instruction", a-t-il dit dans un discours suivi en direct sur sa page Facebook par des dizaines de milliers d'usagers dudit réseau social.
L'opposant déclare mener un "combat pour la fin de l'impunité [et] la redistribution des richesses".
Le chef de l'Etat a promis de s'adresser aux Sénégalais, ce lundi, pour leur dire s'il sera candidat ou pas à la prochaine élection présidentielle.
La RTS, la chaîne de télévision du service public de l'audiovisuel, annonce que le discours de Macky Sall à l'adresse de la nation sera retransmis en direct par ses antennes à 20 heures (heure locale).
Cinq cent douze dirigeants de collectivités territoriales - des maires et des présidents de conseil départemental - ont déclaré samedi à Dakar avoir signé une pétition réclamant la candidature de Macky Sall à l'élection présidentielle de 2024.
L'opposition soupçonne M. Sall de vouloir briguer un nouveau mandat, ce qui, selon elle, serait une violation de la Constitution.
Mais le leader de l'Alliance pour la République soutient que la loi fondamentale l'autorise à présenter sa candidature au prochain scrutin présidentiel.
Son premier mandat de sept ans ne doit pas être pris en compte, selon lui, en raison de la modification constitutionnelle par voie référendaire de 2016.
Mais Macky Sall a déclaré dans un livre publié en janvier 2019 aux éditions Cherche Midi (France), "Le Sénégal au coeur" (176 pages), qu'il devait exercer en vertu de la Constitution modifiée en 2016 son "dernier mandat" s'il était réélu en 2019.