Madagascar: Il était une fois un président et deux nations

La double nationalité d'un dirigeant, en l'occurrence celle d'Andry Rajoelina, fait l'objet d'un grand débat actuellement. Le cas de conflit d'intérêt dans la revendication des îles éparses est au centre des discussions.

Comme l'intéressé observe un mutisme sur la question, une non réponse signifie, soit qu'il renonce à une prochaine candidature parce que l'imminence de la date d'une éventuelle démission l'exige. Soit, il fait une démarche de renonciation officielle de la nationalité française et cette décision est encore possible et il n'en sortirait que grandi. Il n'a qu'à argumenter le caractère forcé de sa demande de naturalisation pour pouvoir occuper un poste de responsabilité pour la suite. Mais veut-il vraiment n'être que malgache et autre question, le peut-il, vu que des pressions locales et d'ailleurs existent sûrement (Son éventuelle compromission dans des affaires de trafics de ressources précieuses -vrai ou faux ? - par exemple).

Mais le cas le plus préoccupant n'est pas ce problème diplomatique des Iles éparses, le calendrier des pourparlers inter étatiques étant différent de celui des communs des mortels. Pour l'électeur responsable de son acte, une double nationalité n'ouvre-t-elle pas une voie pour se soustraire à la justice en cas de faute grave commise ou une corruption avérée, un crime contre l'humanité ou un autre de même gravité...

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Le cas d'Alberto Fujimori devrait être à l'esprit de tout électeur. Il était une fois, un président péruvien de 1990 à 2000, issu de l'immigration massive d'origine nippone dans le pays, le peuple et même l'élite de son pays d'adoption ne tarissaient pas d'éloges sur ces actions : redressement de l'économie, pacification du pays par l'élimination du Sentier Lumineux, un groupe de révolutionnaires maoïste, semant la terreur dans le pays. Mais pendant sa présidence, des faits lui ont été reprochés comme la stérilisation de minorités amérindiennes, des achats de vote au parlement, des détournements de fonds d'aide aux pauvres etc...

L'acharnement des juges était tel que lors d'un séjour au Japon où il a sa nationalité d'origine il a envoyé par fax sa démission. Acte diversement interprété, apprécié des deux côtés de l'Océan Pacifique. Au Japon, la reconnaissance du ventre a primé, on a refusé la demande d'extradition du Pérou, au contraire, « l'Enfant du pays » a eu un poste d'honneur dans une grande université et même on l'a fait élire comme sénateur avec l'immunité à la clé. Tandis qu'au Pérou, on ne cesse de réclamer justice...

Ce n'est qu'un épisode de la saga de la « dynastie des Fujimori » comme aime à le répéter la presse péruvienne mais peut illustrer la versatilité potentielle d'un dirigeant à double nationalité.

« Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument » écrivait un certain Lord Acton. Notre président échappe-t-il à ce schéma ?

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