Madagascar: Le ravitaillement en PPN très important en 1950

L'ouverture des voies de communication au début du XXe siècle transforme complètement le rôle commercial d'Antananarivo qui, jusque-là, est assez limité. À la veille du retour de l'Indépendance, la ville devient le principal centre des affaires du pays.

La capitale est pourtant éloignée de la mer et d'une voie navigable et ses accès sont rendus difficiles par le relief. Cependant, elle commande « la région la plus peuplée de l'ile- 200 000 habitants- qu'elle doit faire vivre ». Et comme le temps est loin où nobles et gros propriétaires terriens vivent des redevances qu'on leur apporte, la ville doit intégrer le système des échanges. De l'extérieur, elle commande les produits de première nécessité indispensables à la vie quotidienne de sa population, et les matières premières nécessaires à l'activité de ses industries.

En échange, elle propose des produits fabriqués par elle ou importés et offre les services utiles aux ruraux. Comme l'expliquent des écrivains comme Charles Robequain et Henri Fournier, le ravitaillement en denrées alimentaires est le plus important, aussi bien en quantité qu'en valeur. Vers la fin de la colonisation, les commerçants de ce secteur sont les plus nombreux : 40% de la totalité soit deux mille sept cents personnes. En parallèle, les marchés se multiplient et s'agrandissent. À l'exemple de celui du centre de la ville. Outre un marché quotidien important sur la Place d'Analakely- appelée esplanade plus tard-, celui du Vendredi, le Zoma, attire chaque semaine « plusieurs milliers de marchands forains et souvent plusieurs dizaines de milliers de chalands ».

Tous les produits y sont exposés, depuis les légumes, les fruits et les fleurs jusqu'à l'ameublement et la confection en passant par les produits artisanaux. « Aussi le nombre des commerçants d'Antananarivo est-il en progression continue. Il passe de moins trois cents en 1900 à six mille quarante-huit au début des années 1950. » Le riz, nourriture fondamentale pour les Malgaches et matière première pour l'industrie, tient le premier rang des produits commercialisés. On évalue, dans les dernières années de la colonisation, à 25 000 tonnes par an la quantité de paddy traitée par les rizeries de la ville.

Et cela représente à peine les deux-tiers de la consommation totale. « Le reste provient du riz pilonné indigène et des rizeries fonctionnant dans les autres villes des Hauts-Plateaux. » En outre, 2 000 à 3 000 tonnes de pommes de terre sont fournies par les districts d'Ambatolampy et d'Antsirabe. Les légumes et les fruits qui remplissent les marchés sont produits par les cultivateurs de la banlieue (500 ha), ceux d'Antsirabe et de la côte qui envoient quelques milliers de tonnes. « Une partie est, par ailleurs, réexpédiée vers les régions lointaines, surtout vers Majunga d'où provient, en retour, du poisson de mer. »

Antananarivo est également un grand marché de produits d'élevage. Les provinces de l'Imerina occidental (régions Itasy et Bongolava actuelles) comptent parmi les premières pour l'élevage de bovidés, pratiqué sur le mode extensif par des sociétés européennes et des propriétaires malgaches. « Mais on se livre aussi, dans les environs de la capitale, à l'engraissement en fosse pour la boucherie. » La consommation annuelle porte sur près de 30 000 boeufs, 25 000 porcs et 15 000 moutons.

Deux abattoirs municipaux fonctionnent, l'un à Ambohimanarina se spécialise dans le traitement des porcs, l'autre à Androrovy sacrifie indistinctement tous les animaux de boucherie. Enfin, les besoins de la ville en produits laitiers entrainent la constitution d'un troupeau laitier dans un rayon de 50 km autour d'Antananarivo. Toujours dans les années 1950, on enregistre 10 000 vaches métis sans bosse (« omby rana ») qui livrent, bon an mal an, plus de 5 000 litres de lait en saison des pluies. Une cinquantaine d'ateliers, près de Manjakandriana, produisent beurre et fromage, mais en quantités très insuffisantes face aux besoins de la ville. Celle-ci se voit obligée de faire venir de l'étranger la moitié du beurre consommé.

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