*Il y a 63 ans, la République Démocratique du Congo accédait à l'indépendance. En ce 30 juin 2023, les Congolais se souviennent du jour où leur pays a accédé à l'indépendance et à la souveraineté internationale. Ils commémorent ainsi la fierté d'un pari gagné et se souviennent sans doute d'un départ... pas parfait, en tout cas.
30 juin 1960. Un jeudi pas comme les autres ! Tout commence par un culte religieux, le Te Deum, en l'église cathédrale Sainte-Anne, à Gombe. Cette "louange à Dieu" est suivie, plus tard, par une séance solennelle dans la grande salle du Palais de la Nation. Là, dans son allocution, le roi Baudouin 1er, loue l'oeuvre réalisée par la Belgique dans cette colonie, et prie les nouveaux dirigeants Congolais de "parfaire" cette entreprise.
Après le roi Belge, comme prévu, le Président Joseph Kasa-Vubu prend la parole. En homme tempéré, l'ancien séminariste est naturellement reconnaissant à l'égard de la Belgique.
Puis vient l'insolite : une prise de parole non protocolaire ! Patrice Lumumba, le Premier ministre, s'improvise et dit un discours dans lequel il dénonce plutôt les injustices et les atrocités dont les paisibles Congolais ont été victimes des mains des Belges, durant trois quarts de siècle...
Le déjeuner s'en suit, puis la signature, dans l'après-midi, de la déclaration d'indépendance. Cette "offense" de Patrice Lumumba n'a donc pas entravé la suite de la journée. Heureusement. Mais elle n'est pas restée sans effet sur le destin du jeune Congo indépendant.
Pari gagné, mais destin obscurci
Monseigneur Louis Nkinga, Evêque Emérite de Lisala, s'en souvient. Cet octogénaire était alors en terminale au petit séminaire de Bolongo, à l'Equateur. En compagnie de leurs enseignants (en majorité prêtres Belges), ils suivaient l'évènement à la radio. « Quand Lumumba a parlé, nous avons vu nos formateurs rougir ; ils n'ont pas apprécié ce ton-là. Et nous aussi, avec la formation reçue, nous avons trouvé son langage pas courtois ». Ce ton non diplomatique, avait inquiété plus d'un. Et cela, à juste titre. En effet, « nous devrions aller passer le jury à Mbandaka, seulement cinq jours plus tard. Mais la psychose qui s'installait a fait qu'on a dû annuler ce jury. On avait vraiment le sentiment d'un mauvais départ, malgré notre jeune âge », se souvient Mgr Nkinga.
A en croire l'historien Isidore Ndaywel, si la souveraineté internationale du Congo est actée par son admission, dès le 7 juillet 1960, au sein de l'Organisation des Nations Unies, cela ne change pas le fait que l'indépendance a été précipitée, et que sa gestion mena l'Etat à une ruine - dont les effets restent encore indélébiles.
Ni figue, ni raisin
A mon souhait de bonne fête de l'indépendance (d'avance), Aristote Musem, dans la trentaine, répond : « sommes-nous vraiment indépendants ? En toutes choses, nous dépendons de l'étranger n'est-ce pas ! Même la paix se négocie à l'extérieur, et avec l'extérieur ».
C'est donc avec des sentiments mitigés que plusieurs Congolais commémorent cet évènement.
A la sempiternelle agression rwandaise dans la partie orientale du pays s'ajoute, pour les Kinois surtout, la psychose que créent ces nouvelles d'enlèvements devenus courants ces derniers jours, et qui dépassent déjà le stade de rumeurs.