Dakar — Les pouvoirs publics vont poursuivre les enquêtes pour faire « toute la lumière » sur les récentes violences politiques à l'origine de la mort de plusieurs personnes, début juin, a assuré lundi le président de la République, Macky Sall.
« Je redis avec fermeté que les auteurs, les commanditaires et les complices répondront de leurs actes inqualifiables devant la justice. En attendant, les enquêtes se poursuivent. Nous ferons toute la lumière sur ces événements et sur les forces occultes qui veulent ébranler notre pays », a-t-il soutenu.
« Pour ma part, j'affirme ici que je ne transigerai pas avec des fossoyeurs de la nation, de l'État, de la République. Ce serait trahir mon serment constitutionnel », a-t-il ajouté dans un discours retransmis par la Radiotélévision sénégalaise (RTS, publique).
Le chef de l'État a exprimé sa « profonde compassion » et sa « solidarité aux victimes de ces actes criminels qui ont perdu leurs biens, fruits d'années d'investissement, de labeur et d'efforts quotidiens ».
« Je pense également à toutes celles et tous ceux plongés aujourd'hui dans la détresse, parce que leurs emplois sont perdus ou menacés. C'est le Sénégal qui se lève tôt, qui travaille dur toute la journée et qui se couche tard qui est ainsi atteint », a poursuivi Macky Sall.
« Je demande solennellement aux citoyens, aux leaders d'opinion, à toutes les forces vives de la nation, politiques et apolitiques, soucieux de la sauvegarde des valeurs démocratiques, de la paix, de la sécurité et de la stabilité de notre pays, de soutenir sans réserve l'action de l'État pour mettre en échec le projet pernicieux de déstabilisation du Sénégal », a-t-il déclaré.
« Il n'y a point d'indifférence et de neutralité possibles »
Le président de la République estime que « lorsque la paix, la sécurité et la stabilité de la patrie sont à ce point menacées, il n'y a point d'indifférence et de neutralité possibles ». « Au regard de cette situation sans précédent, j'ai demandé au gouvernement de faire un bilan exhaustif des pertes et d'examiner les voies et moyens d'assister les familles des victimes, ainsi que les personnes et entités ayant subi des préjudices. »
Macky Sall parle ainsi des violences consécutives à la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », le 1eᣴ juin.
Selon le ministère de l'Intérieur, 16 personnes ont été tuées dans ces violentes manifestations, l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International faisant état, pour sa part, de 23 morts.
Pastef-Les patriotes, le parti politique d'Ousmane Sonko, affirme que 29, voire 30 personnes ont péri dans ces manifestations survenues du 1eᣴ au 3 juin.
Ousmane Sonko était jugé pour viol et menaces de mort sur la demoiselle Adji Sarr.
Selon M. Sonko, « presque 700 » personnes, dont des militants de l'opposition, ont été arrêtées pour leur participation présumée aux violences survenues du 1eᣴ au 3 juin, après sa condamnation par la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar.
Le procureur de la République, Abdou Karim Diop, a annoncé mi-juin l'arrestation à Dakar de 410 personnes soupçonnées d'avoir pris à ces violentes manifestations.