Sénégal: Macky Sall décrit les violences de juin comme 'un véritable crime organisé contre la nation'

Dakar — Le président de la République a de nouveau dénoncé, lundi, dans un discours radiotélévisé adressé à la nation, les actes de violence survenus début juin au Sénégal en parlant à ce sujet d'un "véritable crime organisé contre la nation sénégalaise".

"Il s'agit d'un véritable crime organisé contre la nation sénégalaise, contre l'Etat, contre la République et ses institutions", a-t-il dit en évoquant ces violences consécutives à la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison pour "corruption de la jeunesse".

"Les scènes de violence et de pillage auxquelles nous avons assisté et leur coïncidence avec une cyberattaque contre des sites stratégiques du gouvernement et des services vitaux, dont l'eau et l'électricité, n'ont rien à voir avec une quelconque manifestation politique", a soutenu Macky Sall.

Le chef de l'Etat estime que "l'objectif funeste des instigateurs, auteurs et complices de cette violence inouïe était clair : semer la terreur, mettre notre pays à l'arrêt et le déstabiliser."

"Aucune revendication ne saurait justifier qu'on tue, qu'on diffuse des messages de haine et de violence dans les réseaux sociaux, qu'on saccage et brûle des biens publics et privés", a-t-il déclaré, dénonçant une volonté de "plonger notre pays dans les ténèbres de l'obscurantisme".

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Macky Sall est revenu en détail sur l'ampleur des destructions dont des moyens de transport, des commerces, des lieux de culte, des consulats, des banques et des ambulances étaient la cible.

Des universités et des écoles ont été incendiées, a-t-il rappelé, estimant que les auteurs de ces pillages avaient pour objectif d"'éteindre la lumière du savoir", de "réduire au silence notre élite", ainsi que "notre relève scientifique et intellectuelle".

Des événements "particulièrement graves, marqués par une violence sans précédent, occasionnant des morts et des blessés, ainsi que la destruction massive de biens publics et privés", a-t-il déploré.

"Retenue, professionnalisme et sang-froid"

Le président de la République ajoute que l'Etat, face à ces "actes inadmissibles", est "resté debout", que "le peuple sénégalais, attaché à son vivre ensemble, a refusé de tomber dans le piège de cette machination insurrectionnelle aux antipodes des valeurs démocratiques".

Macky Sall dit renouveler son soutien et son "entière confiance [aux] forces de défense et de sécurité dont la retenue, le professionnalisme et le sang-froid ont permis d'éviter un bilan plus lourd".

Selon le ministère de l'Intérieur, 16 personnes ont été tuées dans les violentes manifestations survenues à la suite de la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse".

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a fait état, pour sa part, de 23 morts.

Pastef-Les patriotes, le parti politique de M. Sonko, affirme que 29, voire 30 personnes ont péri dans ces manifestations survenues du 1eᣴ au 3 juin.

Le leader de Pastef-Les patriotes et maire de Ziguinchor (sud) était jugé pour viol et menaces de mort sur la demoiselle Adji Sarr.

Selon M. Sonko, "presque 700" personnes, dont des militants de l'opposition, ont été arrêtées pour leur participation présumée aux violences survenues après sa condamnation par la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar.

Le procureur de la République, Abdou Karim Diop, a annoncé mi-juin l'arrestation à Dakar de 410 personnes soupçonnées d'avoir pris part aux violentes manifestations.

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