Madagascar: Taolagnaro - L'étau se resserre autour de QMM

La grève des manifestants s'opposant aux activités d'exploitation d'ilménite de QMM a fini par faire des blessés hier. La situation se complique depuis plus d'une semaine dans le chef-lieu de la région Anosy.

Une dizaine de blessés et des interpellations selon les dernières précisions d'hier soir. C'est le bilan de la journée des échauffourées entre les forces de l'ordre et les manifestants dans la matinée d'hier lundi à Taolagnaro. L'Organe mixte de conception (OMC) de la région Anosy a décidé de démanteler le barrage érigé à Mandena, au niveau de l'accès vers l'usine d'exploitation de la compagnie minière.

Selon des sources au niveau des forces de l'ordre, l'accès menant vers l'usine est également une route nationale et qu'il a donc fallu casser le barrage et la clôture humaine mise en place par les manifestants depuis une semaine. « Les manifestants ont jeté des pierres en premier en voyant avancer les éléments des forces de l'ordre qui avaient pour objectif d'enlever les barricades » avance une source.

La riposte s'est manifestée par des bombes lacrymogènes de la part des éléments mixtes des forces de l'ordre. Deux éléments des forces de l'ordre et huit du rang des manifestants ont été blessés et envoyés à l'hôpital. Un certain calme est revenu vers l'après-midi et selon des sources, des éléments des forces de l'ordre se sont postés au niveau de Maroamalina et de Mandena.

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Convention

Les salariés de QMM en revanche sont rapportés, toujours coincés à l'usine de Mandena. C'est de là que l'approvisionnement en électricité pour la ville de Taolagnaro est organisé, raison pour laquelle, du personnel est toujours présent. Le week-end dernier, des avis de recherche ont été lancés à l'endroit de deux individus, indiqués par la gendarmerie comme les principaux meneurs de la grève entamée depuis le 26 juin dernier.

Les deux individus, appartenant à l'association Lutte pour le Sud (Lusud) ne seraient pas présents à Taolagnaro, selon des sources. L'origine de la grève est annoncée par les manifestants comme l'insalubrité de l'eau avoisinant le site de la compagnie. Celle-ci serait toxique et que des maladies seraient enregistrées. En outre, les décisions soulignées en conseil des ministres concernant les activités de QMM ne sont pas du goût de quelques quinze mille personnes habitant la région Anôsy.

Les dispositions fiscales de la convention d'établissement entre l'État et QMM ont été ajoutées à d'autres paramètres qui ne conviennent pas à l'association Lusud et à ses membres et non membres. L'association demande l'annulation du permis environnemental et carrément le droit d'exercer de QMM.

Le conseil des ministres a décidé le prolongement de 25 ans par tacite reconduction des dispositions fiscales. L'État a également demandé des sommes importantes en dollars en guise de contribution de QMM à la vie sociale et économique de la région telle que la réfection de la RN13 ou encore des avances dans les dividendes.

« Toutes ces manifestations sont je pense, des pressions à mener autour de QMM qui a limité ses compensations financières à ceux qui sont réellement de droit. La compagnie a en effet déjà compensé des pêcheurs, des propriétaires de terrains ou d'arbres fruitiers, triés selon des critères précis menés avec l'État » explique une source.

« Par ailleurs, en dehors des questions financières exigées ici et là, que cela soit par des habitants concernés ou non, des politiciens, des autorités, QMM a toujours été chantée et le sera tant qu'elle sera là » lance encore la source. Le Parlement est en cours d'examen des dispositions de la convention d'établissement proposé dernièrement par le gouvernement. Ce qui explique cela.

Des journalistes malmenés à Taolagnaro

Trois journalistes ont été maltraités par les manifestants quand ils ont voulu aller descendre au niveau de Maroamalina, le 28 juin dernier. Bien qu'ils aient expliqué l'objet de leur reportage, des manifestants les ont menacés de mort avec des sagaies et des objets tranchants.

Les journalistes ont été kidnappés pendant une heure car les manifestants les ont pris pour des fournisseurs d'armes à la région Anosy. L'Ordre des journalistes de Madagascar dénonce le comportement de ces manifestants et demande aux meneurs de grève de maitriser leurs membres pour qu'il n'y ait pas ce genre d'intimidation ayant frôlé la mort à des journalistes locaux.

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