Créé en 2010-2011, le Collège d'enseignement moyen (Cem) de Niacoulrab a vu ses travaux à l'arrêt depuis 2016. Cet établissement, financé à hauteur de 800 millions de FCFA et qui devrait être opérationnel en 2020, est actuellement le seul en abris provisoires parmi les trois (Niacoulrab, Gorom et Niague) concernés par le projet initial. Entre blocage des travaux et pillage du domaine foncier dont il ne reste que 900 m2, les 3/4 de l'espace initial étant vendus, les chances de voir toutes les infrastructures de ce CEM construites sur le site prévu semblent minimes.
Les travaux de construction du Collège d'enseignement moyen (CEM) de Niacoulrab sont à l'arrêt depuis 2016. Entre autres raisons évoquées, le «non-respect des termes du contrat qui liait les parties, en l'occurrence l'Etat du Sénégal et l'entreprise chargée de construire les salles de classe et le bâtiment administratif. Le plan initial ne pouvait plus être respecté car le domaine a été réduit par les autorités municipales», a souligné Mamadou Dème, le président de l'Association des parents d'élèves (APE) de Niacoulrab, par ailleurs, membre de l'Union nationale des parents d'élèves et étudiants de Dakar (UNAPES).
Au total, trois (3) entreprises se sont relayées. Mais, cela n'a pas permis de faire avancer les travaux. Pourtant, «la tutelle est au courant de ce qui se passe sur le terrain», indique-t-on. Car, plusieurs rapports auraient été produits puis transmis à l'Inspection de l'enseignement et de la formation (IEF) de Sangalkam.
Des abris provisoires comme salles de classe aux effectifs plethoriques, allant de 100 à 108 élèves
En outre, le ministre de l'Education d'alors, Serigne Mbaye Thiam, lors d'un discours, avait donné des assurances fermes en ce qui concerne la fin des travaux du nouveau collège de Niacoulrab. Il est en fait partie d'un ensemble de Cem dont trois de la zone à savoir Niacoulrab, Gorom et Niague, financés par l'Agence française de développement (AFD) pour 12 milliards de FCFA. Et de ces trois écoles, c'est le seul établissement dont les travaux ne sont pas encore achevés. Donc, les autres CEM sont fonctionnels, sauf celui de Niacoulrab.
Conséquence, c'est la confusion totale. Les élèves de la localité sont dans l'expectative. Confinés dans des abris provisoires servant de salles de classe aux effectifs pléthoriques, allant de 100 à 108 élèves, «ils étouffent. Vous imaginez des gens que l'on parque dans des magasins, dépourvus de toute aération. Nos classes sont des boîtes à sardine», a déclaré, exaspéré, un parent d'élève.
Le collège polarise les localités de Darou Thioub, la cité Safco, entre autres, dont il accueille les élèves, en plus de Niacoulrab. Pour Ousmane Diawara, professeur de Mathématiques et de Sciences de la vie et de la terre (Math-SVT), «les conditions d'un environnement pédagogique ne sont pas réunies. Je fais partie des premiers enseignants de cette école. Les revendications, nous les avons portées partout où besoin en est.
Lors des rencontres, nous avons dénoncé le chao qui prévaut dans le secteur de l'éducation, ici, à Niacoulrab. Les autorités sont restées de marbre. Nous ne faisons pas d'expérience. Parce qu'il n'y a pas de matériel didactiques. En plus, les salles ne sont pas adaptées pour certains cours en sciences. Il y aussi l'absence de laboratoire, alors que l'on veut promouvoir l'enseignement des sciences».
700.000 FCFA par an en location de magasins, pour pallier le manque de salles
Le Centre polyvalent communautaire, un abri provisoire qui accueille les potaches, n'est pas le cadre idéal pour la formation de ces jeunes. Très exiguë, ce local ne peut plus faire face à la demande très forte de ce flux d'élèves qui débarquent dans le village, sous l'effet de la pression démographique.
«750 élèves sont inscrits dans cet établissement qui n'est qu'un abri provisoire. L'effectif est énorme, au regard de notre capacité d'accueil. Nous avons été obligés de recourir à la location de magasins, pour pallier au manque de salles. Cela nous a couté beaucoup d'argent. Nous payons 700.000 FCFA par an. Certains cours se déroulent dans une école élémentaire».
Cependant, le bailleur a décidé de rompre le contrat le liant aux responsables de l'école. Malgré ces difficultés, l'établissement continue à accueillir des élèves. «L'éducation est un droit. Donc, nous ne pouvons laisser en rade les enfants», a révélé un responsable.
Les 3/4 de l'espace initial vendus, il ne reste plus qu'une superficie de 900 m² pour abriter le CEM
Le nouveau site situé à l'arrêt Baye Mbeur de Niacoulrab sur la route des Niayes, précisément le sens opposé du Centre polyvalent communautaire. Le domaine est réduit à une superficie de 900 m2. Contrairement au plan initial. «Les responsables, ce sont les populations. Elles sont complices du morcellement du site. C'est l'omerta totale. Les délinquants fonciers ont vendu les 3/4 de l'espace du CEM», a fait remarquer un riverain.
Pis, l'école élémentaire est totalement rayée de la carte scolaire. Si l'on se réfère à la réalité du terrain. «Les habitations occupent l'aire qui devait servir à la réalisation de l'infrastructure scolaire.»
Comme l'indique le plan, l'établissement d'enseignement moyen a été ouvert en 2010-2011. «L'infrastructure, financée à hauteur 800 millions de FCFA, devait être opérationnelle en 2020. Comme le prévoit le projet d'Appui au développement de l'enseignement moyen dans la région de Dakar (ADEM) Dakar», a indiqué le responsable de l'UNAPES.
Néanmoins, confronté à de nombreuses difficultés, le Cem de Niacoulrab se positionne bien au plan national, de par ses résultats. Il a enregistré des taux de réussite de 59% à 68% lors des examens du Brevet de fin d'études moyennes (BFEM).