Maroc: Une amélioration en trompe-l'oeil

La croissance économique nationale s'est établie à 3,5% au premier trimestre au lieu de 0,5% un an auparavant

La croissance économique nationale s'est accélérée au premier trimestre 2023, annonce le Haut-commissariat au plan (HCP) qui note une augmentation en volume des activités non agricoles et celles du secteur agricole.

Selon une note émanant de l'organisme public, chargé de la production, de l'analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, elle s'est établie à 3,5% au lieu de 0,5% durant la même période de l'année 2022.

L'évolution des activités d'agriculture, des services et la contribution positive des échanges extérieurs expliquent en grande partie l'accélération de la croissance nationale observée au titre du premier trimestre.

En effet, comme le souligne le Haut-commissariat, l'arrêté des comptes nationaux du premier trimestre 2023 fait ressortir une augmentation en volume de 3,2% des activités non agricoles (au lieu de 2,4% une année auparavant) et une hausse de 6,9% de celles du secteur agricole ainsi qu'un accroissement de 19,8%, au lieu de 9,8%, des exportations de biens et services.

Bien qu'en deçà des attentes, l'évolution de l'économie nationale masque cependant très mal bien des situations très contrastées observées au cours de la même période. A commencer par la hausse du niveau général des prix qui ne cesse d'étrangler de nombreux ménages.

En effet, comme le fait remarquer le HCP, «aux prix courants, le PIB a connu une hausse de 8,9% durant le premier trimestre 2023, dégageant ainsi une augmentation du niveau général des prix de 5,4%».

A cela s'ajoute la stagnation de la demande intérieure observée au cours du premier trimestre 2023 (au lieu d'une baisse de 1,7% la même période de l'année 2022).

Une croissance qui masque cependant bien de situations très contrastées

Par ailleurs, en dépit de cette amélioration, le chômage demeure un sujet important de préoccupation, l'accélération de la croissance économique nationale n'ayant pas suffi à améliorer cette situation.

Rappelons à ce propos qu'au cours du même trimestre, le taux du chômage est passé de 12,1% à 12,9% au niveau national, de 16,3% à 17,1% en milieu urbain et de 5,1% à 5,7% en milieu rural, au cours de ce même trimestre.

Un taux resté très élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (35,3%), les diplômés (19,8%) et les femmes (18,1%), selon les données publiées par le HCP dans une note sur « La situation du marché du travail au premier trimestre de 2023 ».

« Le nombre de chômeurs a augmenté de 83.000 personnes entre le premier trimestre de l'année 2022 et celui de 2023, passant de 1.466.000 à 1.549.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 6% », d'après le HCP indiquant que cette hausse est le résultat d'une augmentation de 67.000 chômeurs en milieu urbain et de 16.000 en milieu rural.

Le taux de chômage s'est ainsi accru de 0,8 point entre les premiers trimestres de 2022 et de 2023, enregistrant une hausse aussi bien parmi les hommes, de 10,5% à 11,5% que parmi les femmes, de 17,3% à 18,1%.

Rappelons aussi que le taux de chômage des diplômés a, de son côté, enregistré une hausse de 0,9 point, passant de 18,9% à 19,8%.

Dans tous les cas, la récente note d'information du HCP fait état d'une augmentation de 6,6% de la valeur ajoutée du secteur primaire en volume, corrigée des variations saisonnières (CVS) au premier trimestre 2023 au lieu d'une baisse de 11,3% durant la même période en 2022.

Selon ses explications, cette évolution est justifiée «par la hausse de l'activité de l'agriculture de 6,9% au lieu d'une baisse de 12,2% et par le ralentissement de la croissance de la pêche à 0,3% au lieu 3,3%».

Pour sa part, la valeur ajoutée du secteur tertiaire a connu une augmentation de 5,4 % au lieu de 4,6% le même trimestre de l'année 2022, marquée par une amélioration des activités des hôtels et restaurants (53,9% au lieu de 31,6%), du transport (7,1% au lieu de 2,3%), des services financiers et assurances (5,4% au lieu de 4,5%), des services rendus par l'Administration publique générale et la sécurité sociale (4,6% au lieu de 4,5%).

Ceci, malgré le ralentissement de la croissance des activités des services de l'éducation, de la santé et de l'action sociale (4,5% au lieu de 5,9%), de recherche et développement et services rendus aux entreprises (2,1% au lieu de 4%), du commerce et réparation de véhicules (1,5% au lieu de 2,5%) et des postes et télécommunications (0,9% au lieu de 3,8%).

Quant à la valeur ajoutée du secteur secondaire, elle a affiché une baisse de 1,3% au lieu d'une baisse de 2,1% durant le premier trimestre de l'année précédente, suite au recul des valeurs ajoutées de l'industrie d'extraction (11,8% au lieu d'une baisse de 4,4%), du bâtiment et travaux publics (3,4% au lieu d'une baisse de 0,9%), de l'électricité et eau (2,4% au lieu d'une hausse de 0,1%) et à la hausse de celles des industries de transformation (1,8% au lieu d'une baisse de 2,7%).

A signaler également l'amélioration de la capacité de financement de l'économie nationale.

«Avec la hausse de 8,9% du PIB aux prix courants et la hausse de 23,3% des revenus nets reçus du reste du monde, le revenu national brut disponible a progressé de 9,9% au premier trimestre 2023 au lieu de 2,6% le même trimestre de l'année précédente », fait savoir le HCP.

Tenant compte de l'augmentation de 7,5% de la consommation finale nationale en valeur, au lieu d'une hausse de 6% enregistrée une année auparavant, l'institution estime que l'épargne nationale s'est située à 24,9% du PIB au lieu de 22,9%.

Quant à l'investissement brut, il a représenté 24% du PIB au lieu de 27,9% durant le même trimestre de l'année précédente. «Ce qui dégage une capacité de financement de 0,9% du PIB au premier trimestre 2023 au lieu d'un besoin de financement de 5% du PIB la même période de l'année précédente», a conclu le HCP.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.