Tanzanie: Des avocats contestent le contrat d'exploitation du port de Dar es Salaam avec les Émirats

Une vue aérienne du port de Dar es Salaam, le 16 mai 2016.

Déjà présent dans de nombreux pays en Afrique, le géant émirati DP World s'apprête à exploiter le port de Dar es Salaam en Tanzanie. Lundi, un collectif d'avocats a saisi la Haute Cour de justice pour dénoncer les conditions de ce contrat. Ils craignent de voir la Tanzanie devenir pieds et poings liés aux Émirats.

Si le gouvernement tanzanien insiste sur le caractère informel de cet accord, pour ses détracteurs, il s'agit bien d'un engagement contraignant.

Car plusieurs clauses dérangent. Il y a d'abord celle de l'exclusivité. Selon cet accord, la Tanzanie cèdera le monopole non seulement du port de Dar es Salaam, mais de tous ses ports à DP World, et devra consulter Dubaï avant de faire appel à un autre prestataire. C'est ce qu'affirme ce collectif d'avocats. Il représente les citoyens tanzaniens, qui sont inquiets par rapport à la durée indéterminée de ce contrat.

Autre point de crispation : les modalités de résiliation du contrat. Une clause interdit au gouvernement tanzanien d'y mettre fin en toutes circonstances. Ce qui met la Tanzanie en porte-à-faux, estime Bob Wangwe, l'un des avocats du collectif.

« Nous allons être exploités. Malheureusement, nous ne savons pas combien de temps cela va durer, parce que les termes du contrat ne nous laissent aucune souplesse. Le gouvernement dit que l'opérateur actuel du port de Dar es Salaam n'est pas assez efficace, pointant la durée excessive du temps de déchargement des conteneurs. Le gouvernement tanzanien veut donc attribuer nos ressources, notre port, à DP World à cause de ces problèmes qui auraient pu être résolus autrement. »

Le gouvernement tanzanien souligne les recettes importantes que générerait cet accord. Dix milliards d'euros de revenus par an, par rapport aux trois milliards actuellement. Mais ses détracteurs veulent geler le contrat avec DP World jusqu'à ce qu'une décision soit prise par la Haute Cour de Justice. Une première audience est prévue le 20 juillet 2023.

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