Suite à l'annonce du Président Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat, la coalition « Benno bokk yaakaar » (Bby) devrait relever plusieurs défis à sept mois de la présidentielle de février 2024. Selon des spécialistes, il faudra relever le défi d'une candidature consensuelle pour éviter l'imposition de la coalition, entre autres.
La décision du Président Macky de ne pas briguer un troisième mandat aura plusieurs implications sur la scène politique sénégalaise. Du côté de la majorité présidentielle, notamment de la coalition « Benno bokk yaakaar » (Bby), en place depuis 2012, il faudra poser le débat des perspectives à sept mois de la présidentielle du 25 février 2024. Serigne Thiam, Enseignant chercheur en droit à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université Cheikh Anta Diop de de Dakar (Ucad), est d'avis que, « suite au discours du Président de la République, une réorganisation de la coalition Benno s'impose ».
Dans le même sens, l'analyste politique, Mamadou Sy Albert, indique qu'il est vrai que le retrait du Président Macky Sall est un scénario qui a surpris tout le monde. De ce fait, le défi de l'unité est le plus important en vue de la prochaine élection présidentielle.
La question de la candidature sera essentielle pour l'avenir de Bby. Les analystes estiment qu'il y a deux hypothèses : une candidature consensuelle pour préserver Bby ou des candidatures multiples, ce qui pourrait causer une implosion. Mamadou Sy Albert indique que Macky Sall, étant toujours le Président de la coalition Bby, il est possible que les membres de ladite coalition attendent qu'il propose un candidat.
Dans ce cas, dit-il, il peut y avoir un débat au sein de la coalition pour valider ce choix pour « un candidat consensuel », ce qui est la meilleure stratégie pour la mouvance présidentielle. L'autre hypothèse, renchérit M. Sy, est un manque de consensus qui va entraîner des candidatures multiples. Ainsi, l'Alliance pour la République (Apr), le Parti socialiste (Ps) et les autres partis pourraient avoir chacun un candidat.
Relooker la coalition
Quant à Serigne Thiam, il pense que l'avenir de la coalition est menacé parce qu'il sera difficile d'avoir un candidat consensuel en l'absence de Macky Sall. « Les alliés au sein de Benno avaient un devoir de loyauté politique envers le Président Macky Sall depuis 2012 et n'avaient pas désigné de candidat pour l'élection à venir », souligne le professeur Thiam.
Ce dernier pense que les différents partis de la coalition pourraient ainsi avoir des prétendants, « surtout que la décision du Chef de l'État est venue tardivement et psychologiquement il n'avait pas préparé ses alliés à un candidat consensuel ».
Par ailleurs, ces spécialistes sont d'avis que la coalition « Bby a atteint ses limites et il faudra la relooker » pour qu'elle puisse continuer à être opérationnelle. « C'est une coalition qui a porté un Président au pouvoir et qui l'a soutenu pendant plus de dix ans et qui a géré avec lui.
En 2024, le contrat de Benno sera rempli », explique Mamadou Sy Albert. Ce dernier pense que, s'il y a une candidature consensuelle, cette coalition pourrait changer de nom parce qu'après « 2024, ce nom ne peut plus être Benno ». Il faudra, à son avis, élargir la coalition présidentielle à condition de trouver un consensus et un responsable politique capable de remplacer Macky Sall.
L'autre défi de la coalition Bby, qui a perdu plusieurs voix lors des élections territoriales de janvier 2022 et des législatives de juillet de la même année, est de tout faire pour renforcer son électorat. De ce fait, des candidatures multiples pourraient réduire les chances de la coalition présidentielle.
En outre, ces spécialistes attestent que la présidentielle de 2024 sera plus ouverte avec le retrait du Président sortant. Ainsi, même les coalitions de l'opposition qui s'attendaient à une candidature de Macky Sall devront aussi se réajuster par rapport au nouveau candidat de la majorité qui n'est pas encore connu.