La Tunisie compte, d'après les données fournies par la Cheffe du gouvernement, 20 mille entrepreneures dont 10% sont leaders, dotées d'un niveau universitaire. La stratégie nationale de promotion du leadership féminin permettra de faciliter à ces entrepreneures l'accès aux bailleurs de fonds et source de financement. L'objectif étant de les encourager à investir dans les domaines prometteurs, à savoir l'agriculture, l'innovation technologique, l'économie verte...
Le ministère de la Femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées, en collaboration avec l'Agence allemande de coopération internationale (GIZ), a organisé, hier, au siège du Credif, à Tunis, un workshop sur la stratégie nationale de promotion du leadership féminin tunisien des PME à l'horizon 2035. Ce workshop est placé sous l'égide de Mme Najla Bouden Romdhane, Cheffe du gouvernement. Il annonce le lancement d'un travail impliquant plusieurs parties prenantes pour le renforcement du rôle économique de la femme cheffe d'entreprise.
La cheffe du gouvernement a indiqué dans son allocution que le leadership féminin des PME figure parmi les priorités majeures du gouvernement et ce, en raison du rôle pilote de la femme entrepreneure dans la promotion du développement intégral. Ce dossier acquiert, en effet, une importance fondamentale dans la concrétisation du principe de l'égalité des chances. L'Etat tunisien continue de préparer le terrain aux compétences féminines afin qu'elles puissent renforcer leur capacité à investir dans le monde des affaires, créer des richesses et des postes d'emploi.
La Tunisie compte, d'après les données fournies par la Cheffe du gouvernement, 20 mille entrepreneures dont 10% sont leaders, dotées d'un niveau universitaire. La stratégie nationale de promotion du leadership féminin tunisien des PME permettra de faciliter à ces entrepreneures l'accès aux bailleurs de fonds et sources de financement.
L'objectif étant de les encourager à investir dans les domaines prometteurs, à savoir l'agriculture, l'innovation technologique, l'économie verte ainsi que l'innovation. Mme Bouden a rappelé que le programme « Ra 'idett » a bénéficié d'une augmentation de fonds allant de 50 millions de dinars à 70 millions de dinars. Plus de 10 500 dossiers sont déposés dans le cadre dudit programme. Le nombre de femmes ayant bénéficié du financement dans le cadre du programme s'élève à 2000. Les PME implantées par les femmes durant les dix derniers mois ont permis de créer pas moins de 3550 postes d'emploi.
Fixer des objectifs à moyen et à long terme
Mme Amel Belhaj Moussa, ministre de la Femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées, à l'ouverture de la rencontre, a fait valoir l'importance de l'évènement. Le coup d'envoi des travaux relatifs à la Stratégie nationale de promotion du leadership féminin tunisien des PME à l'horizon 2035 s'avère être un tournant de taille en matière d'autonomisation économique des femmes ; une autonomisation que l'on veut, conforme aux standards internationaux.
Promouvoir le leadership féminin représente la solution à même de garantir l'égalité des chances entre les genres en matière d'accès au monde des affaires. Elle vise aussi à booster l'autonomie économique et financière des femmes, à réduire le taux de chômage et à lutter contre la précarité. La ministre a passé en revue les réalisations du ministère dont la création, à titre indicatif, de 33 groupements professionnels féminins, totalement financés par le ministère de tutelle. Quelque 900 femmes y sont actives. Autre programme d'autonomisation économique : le programme d'autonomisation économique des familles à besoins spécifiques dont 80% des bénéficiaires appartiennent à la gent féminine.
Ces programmes ont eu un impact positif sur le taux de chômage, lequel est passé de 20,9% durant le premier trimestre 2022, à 20,1% au 4e trimestre. La ministre a rappelé que le programme « Ra'idett », lancé le 20 mars 2022, continue d'intéresser un nombre croissant de femmes convaincues des perspectives de l'initiative privée. Pour ce, il devient impératif de soutenir ces femmes et leurs projets, tout en les orientant vers des spécialités innovantes afin de sortir de la sphère des très petites entreprises artisanales. Il est temps, d'après la ministre, de fixer un scénario aux objectifs bien définis à moyen et à long terme.
Les diplômées du supérieur : source de valeur ajoutée économique
Prenant la parole à son tour, Mme Leïla Belkhiriya Jabeur, présidente de la Chambre nationale des femmes cheffes d'entreprises, a rappelé que l'initiative féminine constitue un pilier incontournable de l'essor économique. La Chambre se penche, depuis une décennie, sur le recensement du tissu entrepreneurial féminin, afin de mettre en place une évaluation et une sensibilisation du concept.
En 2019, la Chambre a convié 80 décideurs pour les inciter à « libérer le leadership féminin en Tunisie ». Un plaidoyer rédigé, d'ailleurs, en trois langues. Mme Belkhiriya considère que la Tunisie a été, jusque-là, victime de son succès en matière de promotion du rôle de la femme. « Nous n'avons jamais estimé l'indispensable instauration d'une stratégie nationale à même de garantir l'exploitation salutaire des compétences féminines diplômées du supérieur dans le marché du travail et, plus particulièrement, dans l'entrepreneuriat, vu que seulement 10% de ce potentiel opte pour l'initiative privée », a-t-elle expliqué.
Selon elle, transformer cette vision en une vision politique, tenant compte de la problématique nationale et celle internationale, s'impose afin de se positionner, désormais, parmi les pays leaders en matière de réussite de l'entrepreneuriat féminin. « Il faut oeuvrer en misant sur les actions de partenariat one to one avec l'appui du gouvernement. Les femmes universitaires apportent une importante valeur ajoutée à l'économie. Elles sont créatrices d'emploi et d'entreprises solides et durables. Les soutenir en les dotant des mécanismes nécessaires ne peut que les encourager à aller de l'avant et à franchir le pas vers l'export », a-t-elle ajouté.
La présidente de la Chambre nationale des femmes cheffes d'entreprises a insisté sur deux axes importants, à savoir les femmes futures cheffes d'entreprises, fraichement diplômées du supérieur, et les 10% des PME féminines à restructurer et dont 90% ne comptent pas plus de dix personnes comme effectif. L'oratrice n'a pas manqué d'attirer l'attention sur les mécanismes de financement, lesquels devraient être plus souples et plus sensibles à l'entrepreneuriat féminin. « Le potentiel existe, poursuit-elle. Synchronisons nos efforts afin que la Tunisie soit un pays pilote du succès économique féminin ».