Afrique du Sud: L'ANC en péril ?

analyse

Le Congrès national africain (ANC), le tout puissant parti au pouvoir en Afrique du Sud, va-t-il vers son déclin ? C'est la conviction d'une coalition de sept partis politiques de l'opposition, dont la principale rivale de l'ANC, l'Alliance démocratique (AD). Ce regroupement, qui sera bientôt formalisé, a annoncé, le lundi 3 juillet dernier, sa ferme volonté de ravir la vedette à l'ANC dans les urnes lors des élections générales (nationales et provinciales) d'avril 2024. « Les élections de 2024 offrent une occasion sans précédent au peuple sud-africain d'élire un nouveau gouvernement capable de sortir notre pays des multiples crises auxquelles il est confronté », ont indiqué les responsables de la coalition. Les opposants sont plus que jamais confiants, eu égard aux problèmes de gouvernance rencontrés actuellement par l'ANC, sous le magistère du président Cyril Ramaphosa. L'Afrique du Sud, pays considéré comme la première puissance du continent, vit en ce moment une situation socioéconomique des moins enviables.

Des problèmes, tels la « vie chère », le chômage, les pannes d'électricité, la persistance des inégalités, l'insécurité et la corruption, minent le quotidien des Sud-Africains. Ces maux, sur lesquels les opposants surfent pour prendre de l'ascendance, fragilisent l'image de l'ANC qui, en réalité, n'est pas au meilleur de sa forme. En plus des problèmes de gouvernance politique, le parti majoritaire sud-africain connait aussi des tensions de trésorerie et des scandales à répétition impliquant ses dirigeants. Au sujet des ennuis financiers, l'ANC a parfois eu maille à partir avec des entreprises pour des prestations impayées. Courant 2017, pour ne retenir que cet exemple, le site internet du parti avait été suspendu pour un défaut de paiement de près de 2 millions d'euros au fournisseur. L'ANC avait dû se démener pour la campagne présidentielle de 2018, tant il croulait sous le poids des dettes. La situation financière du parti ne s'est d'ailleurs pas améliorée, au fil des ans. Au-delà des aspects financiers, la probité des dirigeants de l'ANC n'a pas toujours été prouvée. Des hauts cadres du parti,et pas des moindres, ont été plusieurs fois cités dans des scandales de corruption où de moeurs, à l'image de l'ancien chef de l'Etat, Jacob Zuma. Celui-ci avait été contraint de démissionner en février 2018, à cause des nombreuses affaires pas catholiques, dans lesquelles il est trempé.

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La vie après la présidence de Jacob Zuma est d'ailleurs rythmée par des dossiers judiciaires. En juin 2021, il a écopé d'une condamnation à 15 mois de prison ferme pour outrage à la justice, puisqu'ayant refusé de comparaitre devant les juges pour une affaire de fraude et de corruption. Alors qu'il a juré de faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, l'actuel maitre du pays, Ramaphosa, réélu à la tête de l'ANC en décembre 2022, a échappé à une procédure de destitution dans une affaire de....corruption. La justice le soupçonne d'avoir travaillé à étouffer un cambriolage, survenu chez lui en 2020, au cours duquel une importante somme avait été découverte sous les coussins d'un canapé. Même s'il n'est pas inculpé, l'enquête est en suspens.

Tous ces faits contribuent à salir la réputation de l'ANC et à baisser sa cote dans l'opinion. N'est-ce pas ce qui explique, que les urnes soient moins favorables au parti majoritaire sud-africain, ces dernières années ? Lors des élections locales de novembre 2021, l'ANC n'avait pas réussi à avoir 50% des voix, se contentant plutôt de 46% des voix, ce qui est un mauvais signe. D'autres sondages prédisent, que le parti au pouvoir ne devrait pas faire mieux aux élections de 2024. Quoi qu'on dise, l'ANC, qui a été créé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la minorité blanche, domine incontestablement la vie politique en Afrique du Sud, malgré ses limites. Depuis 1994, année à laquelle le parti a permis à Nelson Mandela d'être élu président, l'ANC a toujours remporté toutes les élections. De là à prédire sa chute du jour au lendemain, il faut être tout de même prudent. Certes, le parti au pouvoir sud-africain perd manifestement de sa superbe, mais il demeure un mastodonte jusqu'à preuve du contraire. A ses héritiers et dirigeants de travailler dans la justice et la vérité, pour conserver et renforcer les acquis engrangés.

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