Afrique: Macky Sall félicité par Moussa Faki Mahamat - Qu'aurait fait l'UA s'il s'était représenté ?

analyse

72 heures après la décision solennelle de Macky Sall de ne pas se représenter pour un troisième mandat, les conjectures sur ce qui va se passer au Sénégal les prochains mois vont bon train, notamment sur l'oiseau rare qui va représenter l'alliance Benno bokk yakaar sans pour autant diviser la coalition présidentielle.

Les conjectures vont bon train, les félicitations aussi. Nombreux sont ceux qui louent la sagesse du président sénégalais dans une Afrique, surtout celle francophone, où la tendance générale est de pousser des racines sur le fauteuil présidentiel, souvent à coups de tripatouillages électoraux, les uns plus grossiers que les autres, et de modifications constitutionnelles. Et les exemples sont légion.

Parmi les réactions positives on notera particulièrement celle de Moussa Faki Mahamat. Voici ce que le président de la Commission de l'Union africaine (UA) a en effet déclaré : « Je salue la décision sage et salutaire de mon frère, le président Macky Sall, de ne pas se porter candidat à l'élection présidentielle de 2024. J'exprime mon admiration au grand homme d'Etat qu'il est d'avoir privilégié l'intérêt supérieur du Sénégal et de préserver ainsi le modèle démocratique sénégalais qui fait la fierté de l'Afrique ».

C'est bien de se réjouir de l'évolution des choses au Sénégal, mais qu'est-ce que l'UA aurait fait si ça avait été une décision contraire ?

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On sait que les organisations régionales ou sous-régionales africaines, que ce soient la CEDEAO, la SADC ou l'UA, jouent souvent au médecin après la mort. On regarde impuissant sans mot dire les modificateurs patentés de Constitutions jusqu'à ce que le pire advienne : coups d'Etat ou insurrections.

C'est donc bien de se gargariser de cette posture républicaine du natif de Fatick, mais ce qu'on demande à ces plénipotentiaires d'Addis-Abeba, d'Abuja et d'ailleurs, c'est de prendre souvent clairement position contre les chefs d'Etat qui s'embarquent dans une gestion monopolistique du pouvoir, pour ne pas dire de dérives monarchiques.

Cela dit, on espère que l'organisation panafricaine aura le courage, à l'avenir, de mettre à l'index et de clouer au pilori ceux qui seraient tentés par des menées suicidaires. Il ne faut pas attendre que les coups d'Etat interviennent après les troisièmes mandats contestés pour les condamner et contraindre les militaires à retourner rapidement dans les casernes. Il faut être proactif et anticiper les crises qui pourraient survenir en jouant aux vigies de la démocratie.

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