Au Mali, les propos d'un casque bleu illustrent de premières tensions autour du départ de la Minusma. Moins d'une semaine depuis que le départ de la mission onusienne a été acté par le Conseil de sécurité de l'ONU, un casque bleu sénégalais s'indigne de la façon dont les soldats onusiens seraient traités depuis l'annonce du retrait dans une vidéo qui circule depuis mercredi 5 juillet sur les réseaux sociaux. L'ONU a dû se prononcer pour « se dissocier » des propos.
Sur la vidéo qui suscite de vives réactions, un gradé du contingent sénégalais de la Minusma s'adresse à ses hommes, en français et en wolof, dans la base de Mopti-Sévaré, dans le centre du Mali. Apparemment filmée par un membre de son bataillon, ce casque bleu explique les implications du désengagement de la mission onusienne et de la décision malienne : « Ils sont souverains, ils sont chez eux », rappelle le gradé sénégalais, « ils ont demandé que l'on quitte, on va quitter ».
Mais ce casque bleu déplore également avec une colère contenue le comportement de ses « frères Maliens » et fait référence à deux événements. Le premier remonte à dimanche 2 juillet, lorsque des militaires maliens ont ordonné à une patrouille onusienne qui circulait à proximité de son camp, à Douentza, d'y rentrer.
De fait, depuis vendredi dernier, les casques bleus ne sont plus autorisés à patrouiller.
Le gradé sénégalais cite aussi l'assassinat samedi 1eᣴ juillet, au lendemain du vote officialisant le retrait de la Minusma, du chef de village peul d'Ogossagou - par un chasseur traditionnel dozo, selon les sources locales et sécuritaires jointes par RFI. Le village d'Ogossagou est bien connu des Maliens pour avoir été le théâtre de plusieurs massacres ces dernières années, dans le cadre d'affrontements intercommunautaires.
En résumé, le casque bleu sénégalais commande de respecter les termes du retrait, mais il estime aussi que ses « amis maliens causent des soucis sérieux » et invite ses hommes à ne pas se laisser marcher dessus.
Des propos qui ont contraint la mission onusienne à « se dissocier » officiellement d'une déclaration « qui ne reflète en rien la position de la Minusma ».
Aucune réaction de Bamako à ce stade. Un collectif de militaires, peu représentatif, mais réputé proche des autorités maliennes de transition, a déjà demandé l'expulsion du casque bleu en question.