Afrique Centrale: Centrafrique - Moscou et Bangui tentent de contourner les sanctions américaines contre le financement de Wagner

Le développement et l'ancrage des activités du groupe de mercenaires russes en Centrafrique sont mal perçus par les Occidentaux, dont les Etats-Unis qui ont annoncé de nouvelles sanctions contre plusieurs entreprises de ce pays. Des mesures qui ne découragent pas la Russie et la Centrafrique, puisque leurs autorités réaffirment haut et fort qu'elles continueront de coopérer pour que Wagner qui combat actuellement la rébellion au côté de l'armée ou un autre contingent opère toujours sur le territoire centrafricain.

La milice privée russe à l'origine d'une rébellion avortée en Russie, qui excelle dans l'exploitation des richesses locales, la protection du gouvernement, la guerre informationnelle et des opérations militaires, est regardée d'un mauvais oeil par l'Union européenne et Washington. « Les Etats-Unis continueront de cibler les sources de revenus du groupe Wagner afin de l'empêcher de s'étendre en Afrique, en Ukraine ou ailleurs », a affirmé le sous-secrétaire au Trésor, Brian Nelson, dans un communiqué. « Le groupe Wagner finance ses opérations brutales en partie grâce à l'exploitation de ressources naturelles dans des pays comme la Centrafrique et le Mali », a-t-il fait remarquer.

Selon le département du Trésor américain, les sanctions de Washington visent la compagnie minière Midas Resources qui possède plusieurs mines en Centrafrique, ainsi que Diamville, spécialisée dans les transactions sur l'or, toutes deux contrôlées par le chef de Wagner, Evguéni Prigojine. Elles visent aussi une autre société basée à Dubaï, Industrial Resources General Trading, accusée de gérer les transactions pour le compte de Diamville.

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Dénonçant les activités du groupe paramilitaire russe qui est de plus en plus actif au Mali et en Centrafrique, le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller, a déclaré : « Nous pensons que là où va Wagner, il sème la mort et la destruction dans son sillage ». Il a enjoint les gouvernements en Afrique ou ailleurs « à cesser toute coopération avec Wagner ». Dans la même optique, Paris s'est dit en faveur des « sanctions rigoureuses » contre Wagner et, par la voix du président français, Emmanuel Macron, a accusé Moscou d'être « une puissance de déstabilisation de l'Afrique, à travers des milices privées qui viennent faire de la prédation, des exactions sur la population civile ».

Dans sa réponse aux propos du chef de l'Etat français, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a affirmé : « La Russie développe avec les pays africains des relations amicales, constructives, basées sur le respect mutuel ». Celles-ci « ne sont pas dirigées et ne peuvent pas l'être contre des pays tiers », a-t-il souligné devant la presse.

Wagner accusé de prédateur des ressources centrafricaines

Pour la Russie et la Centrafrique ni les sanctions américaines ni le coup de force raté du chef de Wagner contre Moscou ne changeraient rien à leurs relations, mais aussi avec d'autres alliés africains. L'avenir de la présence en Afrique du groupe paramilitaire Wagner dépendra des « pays concernés », a affirmé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. « Le sort de ces arrangements entre les pays africains et le groupe Wagner relève avant tout de la décision des gouvernements des pays concernés de poursuivre ou non cette forme de coopération », a-t-il ajouté.

De son côté, Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président centrafricain, a rappelé que « la Centrafrique a signé en 2018 un accord de défense avec la Fédération de Russie et non avec Wagner ». « La Russie a sous-traité avec Wagner. Si la Russie n'est plus d'accord avec Wagner, alors elle nous enverra un nouveau contingent », a-t-il poursuivi.

Depuis des années, le groupe paramilitaire Wagner est considéré comme le bras armé de Moscou à l'étranger, notamment en Syrie et dans plusieurs pays africains. Pour ce qui est de la Centrafrique, c'est en 2018 que des centaines de mercenaires russes avaient débarqué à Bangui, pour soutenir le pouvoir contre les groupes armés rebelles qui occupaient les deux tiers du territoire après l'éclatement d'une sanglante guerre civile en 2013.

Fin 2020, l'actuel chef de l'Etat centrafricain, menacé par une offensive rebelle sur Bangui, avait appelé Moscou à la rescousse et des centaines d'autres mercenaires russes avaient débarqué et permis de repousser les groupes armés hors de la plupart des territoires qu'ils contrôlaient.

L'Organisation des Nations unies, les organisations non gouvernementales internationales et Paris accusent Wagner - et de multiples sociétés liées au groupe qui exploitent directement les gisements des matières premières - d'être devenu en Centrafrique un « groupe prédateur » des ressources du pays : diamant, or et bois contre la sécurité.

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