Afrique: L'indifférence au service des malades à l'hôpital de Sidi Bennour

Dans l'attente de Godo !

Prodiguer des soins de qualité et permettre aux malades d'accéder facilement aux services de santé, devraient être le mot d'ordre de tout médecin dans un établissement public ou privé, un hôpital où tous les malades peuvent être admis pour y être traités. Or, contrairement à ce que stipule la déclaration de Genève, (la nouvelle appellation du fameux Serment d'Hipocrate), annexe du Code de déontologie médicale, adoptée par l'Association médicale mondiale en 1948 et mise à jour en 2020, les faits ne présagent rien de bon. Et pour cause !

Ce prologue tient sa légitimité de l'état des lieux de l'hôpital de Sidi Bennour, et du malaise qui s'en est pris à la santé dans cet établissement !

Mardi, jour de marché à Sidi Bennour, une immense foule envahit la vaste salle d'attente ! Venus de différents quartiers de la ville et de ses environs, des blessés, des jeunes, dont les visages sont ensanglantés, des femmes souffrant de douleurs, des hommes s'appuyant sur leur canne ou assis sur des fauteuils roulants attendaient l'arrivée du médecin.

Nous aussi, nous y étions à 9h30.

Nous nous attendions à ce que professionnalisme dont devraient faire preuve les professionnels de la santé, soit mis en évidence en apportant du réconfort aux malades et à leurs familles. C'est une grande responsabilité dont devraient s'acquitter ces gens censés prodiguer des soins.

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Les bureaux récupéraient peu à peu leurs locataires. Et la salle débordait de visiteurs !

A dix heures, le va-et-vient des infirmiers et des infirmières provoqua une kyrielle d'interrogations chez les patients. Et les questions fusèrent : «Le médecin est-il venu ?», «Va-t-il venir ?», «Est-il ici au moins ? ». Et les réponses se multiplièrent mais ne satisfirent pas les attentes : «Oui il ne va pas tarder à venir», « Impossible qu'il ne soit pas là».

A onze heures, les regards, les moues et les rictus remplacèrent le verbal !

A 11h20, l'homme apparut ! C'est lui, le médecin. On l'accueillit, et il rentra tirant la porte derrière lui. Et un jeune agent de sécurité s'installa à l'entrée pour organiser les visites. Un des jeunes intervint et fit le porte-parole d'une catégorie de patients: «Donnez la priorité aux blessés graves et aux cas urgents !» car tout le monde se précipita devant le bureau du médecin. Cinq minutes plus tard, le médecin, la mine renfrognée, se fraya un chemin au milieu de cette foule si dense, et disparut de nouveau!

La disponibilité doit être de mise ! Cette disposition des gens qui sont là pour vous aider à enrayer un mal, laquelle disposition qui garantit que les patients relevant de la commune de Sidi Bennour reçoivent les meilleurs soins possibles, fait paradoxalement défaut.

Midi passé. La grande salle d'attente commença à se dépeupler. Les gens semblaient en avoir marre ! Certains patients quittèrent les lieux en intimant aux leurs de partir de peur de rater leurs moyens de transport.

Nous, nous nous sommes rapprochés de l'une des infirmières, lui demandant si le médecin allait revenir. Que nenni !

Quel courage dont ont fait montre ces patients !

Abdelkrim Mouhoub

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