Après le patron des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF), Ousmane Sonko, toujours sous blocus policier, c'est le numéro 2 dudit parti, Birame Souleye Diop, qui vient d'être placé sous mandat de dépôt.
En effet, le député du PASTEF et président du groupe parlementaire de la coalition Yewwi Askan Wi, a, au cours d'une conférence de presse tenue le 4 juillet dernier, mis en garde contre un revirement du chef de l'Etat qui vient de renoncer à un troisième mandat. L'homme se serait limité là qu'il ne lui serait rien arrivé. Mais voilà, il est allé bien au-delà du convenable.
A propos de la disparition tragique du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly puis de la mort de son successeur, Hamed Bakayoko, comme s'il en connaissait un bout, Birame Diop s'est adressé aux candidats de l'Alliance pour la République, en ces termes : « Evitez de manger chez lui, évitez de boire son eau, il [ndlr : en parlant du président sénégalais, Macky Sall] est capable de vous empoisonner et de dire : « comme nous n'avons plus de candidat, je reviens. Et de le faire à la Ouattara. Prenez garde ! ».
Des propos qui ont déclenché une procédure judiciaire le mettant aussitôt derrière les barreaux. Il lui est reproché des faits de « diffamation commise par un membre de l'Assemblée nationale contre un chef d'Etat étranger, de nature à saper les relations diplomatiques de l'Etat, de discrédit sur une institution de la République ».
L'on peut, sans risque de se tromper, dire que l'opposant Birame Souleye Diop a fait montre d'un excès de langage. Le numéro 2 du PASTEF ne peut s'en prendre qu'à lui-même puisqu'il a donné des verges pour se faire fouetter. Il aurait su maîtriser sa langue qu'il n'en serait pas là. Comme l'enseigne cette sagesse biblique attribée à Salomon, « avant de parler, il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche ».
Il faut souhaiter que la sagesse prévale de part et d'autre
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses se compliquent pour le PASTEF. Car, si la sentence de la Justice est exécutée, Ousmane Sonko ne pourra pas se présenter à la présidentielle de 2024 puisqu'il a été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » dans l'affaire Adji Sarr. Si Birame Diop devrait, lui aussi, « tomber », ce serait la catastrophe pour le parti.
Cela dit, le PASTEF doit travailler à redorer son image au risque de passer pour un parti va-t-en-guerre. Si dans l'affaire Sonko, on ne peut pas écarter, de façon absolue, l'argument d'une cabale politique, on ne peut, par contre, dans l'affaire Birame Diop, en dire autant. On est d'autant plus fondé à le penser que les propos tenus par le député Birame Diop, n'honorent ni les élus, ni l'opposition, encore moins la Représentation nationale.
Non seulement ils mettent mal à l'aise Macky Sall dans ses rapports avec son homologue ivoirien, mais ils peuvent aussi susciter le courroux de ce dernier qui pourrait même porter plainte contre l'opposant sénégalais, pour diffamation, sans oublier les thuriféraires de Ouattara qui pourraient lui décocher des flèches de Parthes.
Traiter le président d'un Etat étranger de la sorte, peut même affecter les relations entre les peuples des deux Etats. Cela dit, il est heureux que l'opposant se soit rendu compte de la gravité de ses propos et ait fait son mea-culpa. L'erreur est humaine, dit-on.
Et comme nous l'enseigne la sagesse populaire, « une faute reconnue est à moitié pardonnée ». C'est pourquoi il faut souhaiter que la sagesse prévale de part et d'autre afin d'éviter toute escalade.