Créé le 03 janvier 2013 et placé sous la tutelle de l'État-major Particulier du président de la République (Empart), le Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds) fête ses dix ans, cette année. Ce creuset de réflexion sur les préoccupations stratégiques de l'État du Sénégal dans des domaines aussi variés que la sécurité, la technologie, la sociologie, le développement, a développé, durant cette décennie d'existence, une offre de formation comprenant deux masters et des programmes spéciaux.
Dans le cadre de ses dix ans, un Colloque international sur le thème : « Enjeux et défis pour une sécurité collective en Afrique de l'Ouest : quelles solutions », se tient à Dakar, aujourd'hui et demain. Directeur Général du Cheds, le général de brigade Jean Diémé, revient dans cette interview, sur cette décennie d'existence et les perspectives à venir.
Mon Général, le Cheds va fêter ses dix ans d'existence cette année. Avec le chemin parcouru par cette institution de recherche, jusqu'ici, quel bilan peut-on tirer ?
En dix ans d'existence le Cheds a affiné son organisation académique et administrative par la mise en place de programmes adaptés pour satisfaire les besoins de l'État en connaissance et expertise sur les questions d'ordre stratégique liées à la défense et à la sécurité. En quête permanente d'excellence, le centre a beaucoup évolué dans les domaines des offres de formation, de la recherche-action, de la publication et des programmes spéciaux.
Les thèmes abordés lors de nos rencontres nationales et sous régionales, la qualité des experts, et surtout le renforcement des capacités à travers la mise en place d'une expertise nationale de haut niveau, militaire et civil, disposant d'un savoir et d'un savoir-faire nous ont permis de faire face à ces défis liés à la création du Cheds. Aujourd'hui, un vivier d'experts en défense et sécurité venant d'horizons divers est disponible ; ce sont autant d'indicateurs probants d'un bilan très positif dont nous pouvons nous féliciter.
Le Cheds a été créé dans un contexte où la problématique sécuritaire est devenue plus pressante dans la sous-région ouest africaine, et même dans d'autres parties du continent. Quel est l'apport du Cheds sur le plan de la réflexion face à cette problématique sécuritaire ?
La création du Centre des hautes études de défense et de sécurité, en 2013, est intervenue dans un contexte sécuritaire régional perturbé par des menaces à caractère transversal en perpétuelle évolution. Nous ne saurions passer sous silence le terrorisme, la criminalité organisée, l'utilisation des Tic à des fins de désinformation, etc. Dans ce cadre, l'apport du Cheds s'est traduit par des activités portant sur une large gamme de thématiques et de publications ; la diffusion est assurée par divers canaux et aussi par un réseau d'alumni et de partenaires de tous horizons.
Le Cheds assure la présidence de la commission scientifique du Forum de Dakar depuis quelques années. Y a-t-il des retombées sur le plan scientifique de cet évènement ?
Le Forum International de Dakar sur la Paix et la sécurité, organisé sous les auspices du Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, est reconnu comme l'une des tribunes les plus en vue dans le positionnement stratégique de l'Afrique sur les préoccupations sécuritaires du continent. Au plan scientifique, le Cheds, dans ses missions d'appui -conseil, assure la Présidence de la Commission scientifique du Forum et en coordonne le Secrétariat permanent.
Á cet effet, il suscite la réflexion, à travers les débats, les échanges, en invitant la Communauté internationale, les Africains, les universitaires, les praticiens et experts, les Forces de Défense et de Sécurité, à se prononcer sur les problématiques de paix et de Sécurité. Les retombées scientifiques sont évidentes avec la publication régulière des Actes du Forum, qui au fil des ans ont traité d'une grande variété de thématiques en lien avec la sécurité, la défense, la stabilité, le développement et la paix. Par ailleurs, la formation prodiguée par le Cheds se trouvent enrichie par les débats et échanges que promeut ce Forum.
Pour la célébration de ce dixième anniversaire, un colloque sur « Enjeux et défis pour une sécurité collective en Afrique de l'ouest : quelles solutions » est organisé. Pourquoi avoir choisi ce thème ?
La nécessité d'organiser un colloque international sur la sécurité collective en Afrique de l'Ouest résulte de la volonté de questionner, non seulement, la maîtrise par les États ouest-africains de leur destinée, mais également, la pertinence et la viabilité des formes de solidarité et de coopération qui les lient en matière de sécurité. Par son caractère transversal et inclusif, ce thème permet d'envisager une diversité d'axes de recherche pour identifier les faiblesses des organisations de la sécurité collective et des solutions idoines. C'est donc un évènement important, permettant, nous l'espérons, à nos participants de poursuivre la réflexion.
Depuis sa création, le Cheds a développé deux masters, l'un en « Sécurité nationale », l'autre en « Défense, paix et sécurité » et aussi des Programmes spéciaux. Est-il prévu d'élargir cette offre de formation par un doctorat ou d'autres masters ?
Je dois rappeler que l'article 22 du décret 2021-316 portant création du CHEDS dispose que « Le Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité développe l'enseignement militaire supérieur du troisième degré, ainsi que des formations de deuxième et de troisième degré en défense, paix et sécurité en collaboration avec les universités du Sénégal et éventuellement avec d'autres établissements scolaires et universitaires étrangers ».
Á cet effet, un programme de formation doctorale a été déjà élaboré, en liaison avec la Faculté des sciences politiques et juridiques de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). En plus, un laboratoire de recherches et d'études stratégiques est en cours de finalisation. Il faudra souligner que nos programmes répondent aux normes du système LMD. Ils sont accrédités et habilités par l'ANAQ-Sup.
Est-ce que le Cheds a des projets de coopération avec d'autres structures du même genre en Afrique et ailleurs ?
Le Cheds collabore et entretient activement aux niveaux national, régional et international une coopération avec d'autres institutions d'enseignement supérieur, des milieux professionnels et des partenaires sociaux stratégiques. En plus des établissements d'enseignement supérieur du Sénégal, le Centre a développé des accords de coopération avec l'Institut des hautes études de défense nationale (Ihedn) de Paris, le Centre de politique de sécurité de Genève (Gcsp), le Centre américain d'études stratégiques de l'Afrique (Cesa) et le Centre national des études stratégiques (Cness) du Niger.
Nous avons d'ailleurs convié la plupart des centres africains homologues à notre colloque. Dans la dynamique d'ouverture à divers acteurs, le Cheds est également en partenariat avec le Département fédéral des Affaires étrangères de la Suisse, avec les Fondations allemandes Konrad Adenauer et Friedrich Ebert.