Des Centrafricains demandent au procureur de la Cour pénale internationale d'alourdir les charges portées contre le chef de l'Armée de résistance du Seigneur, Joseph Kony. Le milicien est sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par la Cour en 2005. Il est suspecté de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans le nord de l'Ouganda. En 2006, suite à l'échec de négociations de paix, les miliciens s'étaient déplacés en Centrafrique notamment, y commettant de nombreux crimes.
Ces crimes commis en Centrafrique ne sont pas couverts par le mandat d'arrêt visant Joseph Kony. Dès lors, ceux qui ont souffert des exactions de la milice, connue pour ses méthodes cruelles, ne pourront pas demander de réparations à la Cour. Leur avocate, Isabelle Kessel, qui affirme parler au nom de 1400 Centrafricains, demande donc au procureur d'étendre ses accusations aux crimes commis en Centrafrique.
Cette requête de l'avocate intervient alors que Karim Khan a demandé aux juges de permettre que la mise en accusation de Joseph Kony, qui n'est toujours que suspect, puisse se dérouler en son absence. Cette étape intervient en général immédiatement après la livraison d'un suspect à la Cour. Mais depuis 2005, le chef de l'Armée de résistance du Seigneur est en fuite. Et personne, pas même l'armée américaine venue épauler les pays de la région, n'est parvenu à l'arrêter.
Mais quelle que soit la réponse des juges à cette requête, les victimes ne peuvent obtenir de réparations qu'après la condamnation d'un accusé. Pour cela, il faudrait pouvoir arrêter Kony et le juger, car le procès lui-même ne peut se dérouler in absentia. Les chances que des victimes de Kony obtiennent un jour réparations semblent donc bien utopiques.