Ile Maurice: Relogement au Victoria Urban Terminal - Les marchands du Ruisseau du Pouce ne désarment pas

«La victoire est d'autant plus belle que la bataille a été rude», déclarait le grand footballeur Pelé. C'est également le sentiment des 18 marchands qui tiennent encore des étals au Ruisseau du Pouce. Bien qu'ils aient essuyé un revers devant la Cour suprême dans leur lutte contre leur relogement, ils ne comptent pas pour autant capituler

Les 18 marchands ambulants du Ruisseau du Pouce, opposés à leur relogement au Victoria Urban Terminal (VUT), ne pourront plus continuer à exercer leurs activités. Ils avaient sollicité la Cour suprême pour obtenir une injonction interdisant à la municipalité de Port-Louis de les déplacer. Toutefois, dans un jugement rendu mercredi dernier, la juge Gaytree Jugessur-Manna a rejeté leur demande, concluant que si le tribunal statuait en leur faveur, la municipalité de Port-Louis ne pourrait pas réaliser les travaux prévus suite aux recommandations formulées après les inondations mortelles de 2013, ce qui serait contraire à l'intérêt public. Les marchands, représentés par Me Nabil Kaufid, sont encore en phase de réflexion, assure leur porte-parole, Fayzal (*).

Dans son verdict, la juge Gaytree Jugessur-Manna a souligné que pour la plupart des marchands contestataires, leur contrat a déjà expiré et ils n'ont produit aucun document prouvant leur intention de le renouveler. Elle a également rappelé que leur contrat ne leur accordait pas le droit de tenir indéfiniment des étals au Ruisseau du Pouce et que la municipalité pouvait les reloger si elle le jugeait nécessaire. Le tribunal a conclu que la municipalité avait le droit de les reloger et qu'en cas d'insatisfaction, ils pouvaient demander des dommages et intérêts. «La décision de reloger les plaignants est d'ordre public et est dans l'intérêt des plaignants comme dans celui du public afin d'éviter les risques d'inondation pendant la saison des pluies. L'intérêt du public prime sur les droits contractuels des plaignants», a précisé la juge.

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Que deviennent les marchands de cette région ? Pour l'instant, ils attendent d'avoir des instructions de leur avocat. «Plusieurs marchands ont quitté le VUT pour revenir à leur étal du Jardin de la Compagnie. Il faut dire que la situation actuelle est très difficile. Beaucoup de familles peinent à joindre les deux bouts et on leur demande maintenant de verser Rs 4 000 au lieu des Rs 500 habituelles.»

Cependant, Fayzal souligne que même au Ruisseau du Pouce, les affaires ne sont plus aussi florissantes qu'auparavant. En cause : un sentiment d'abandon par la municipalité. «Cette zone n'est plus nettoyée comme avant. Avant, les services des pompiers étaient sollicités, chaque semaine, pour nettoyer la zone, mais ce n'est plus le cas. Puis, depuis novembre 2021, la sécurité est insuffisante. Il n'y a pas d'éclairage adéquat» avance-t-il. Quant aux frais, ces marchands souhaitent continuer à payer le loyer mensuel de Rs 500, mais la municipalité refuse d'accepter ce paiement. «Depuis mars 2022, ils ont cessé d'accepter notre versement. Nous en avons parlé dans notre affidavit» ajoute le porte-parole. Par ailleurs, Fayzal se demande également ce qu'il adviendra de la partie du Ruisseau du Pouce qui mène jusqu'au métro. «Est-ce que cette infrastructure sera également déplacée ? Car elle se trouve sur le trajet que l'eau devrait emprunter en cas d'inondations».

Quoi qu'il en soit, la municipalité maintient que la démolition de la structure du Ruisseau du Pouce est nécessaire, suite aux recommandations formulées après les inondations meurtrières de 2013. La municipalité a objecté à leur demande, soulignant qu'il n'a jamais été question d'un contrat à durée indéterminée avec eux, et précisant que «pour quelque raison que ce soit, s'il est jugé approprié de déplacer le marché/foire vers un autre lieu, le conseil notifiera au locataire de l'étal et lui proposera un autre étal.»

(*) nom d'emprunt.

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