Madagascar: Secteur privé - La culture de la RSE s'installe dans les entreprises

Le salon RSE-IDD est l'occasion pour les entreprises de tous bords de faire part de leur intérêt pour la responsabilité Sociétale. Il se tient depuis hier jusqu'à aujourd'hui au Novotel Alarobia.

Un intérêt croissant. Les entreprises du secteur privé se bousculent pour faire le premier pas vers la démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Elles affichent clairement leur volonté de participer à l'effort du développement durable qui est devenu récemment leur nouveau centre de préoccupation.

Un salon a même été dédié à cet effet, c'est la huitième édition du Salon RSE-IDD, le premier salon entièrement dédié aux entreprises et à la responsabilité Sociétale à Madagascar. Un rendez-vous annuel qui se tient depuis hier au Novotel Alarobia. Il se poursuivra aujourd'hui avec des animations et des ateliers dédiés à la sensibilisation aux responsabilités sociétales. Ce qui saute aux yeux, quand le visiteur fait le tour des 50 stands disposés sur l'espace d'exposition, c'est justement l'importance que les entreprises du secteur privé accordent à la RSE.

« Il y a 9 ans quand on a lancé la première édition de ce salon, la RSE était un sujet très peu connu par les entreprises à Madagascar. Aujourd'hui, nous sommes heureux de constater un réel engouement, surtout au niveau politique et au niveau du secteur privé par rapport à cette thématique vitale », confie Ulrichia Rabefitiavana, Fondateur Dirigeant de UR-CSR Consulting, le cabinet qui est en charge de la promotion de cet événement. Une culture de la RSE est en train de prendre place dans les sociétés du secteur privé et surtout chez les grandes entreprises.

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Engagements

C'est le cas par exemple du groupe TotalÉnergies Marketing Madagasikara (TMMSA), un des habitués du Salon. La multinationale française a commencé à appuyer les initiatives de reboisement et de soutien à des communautés villageoises. « Nous souhaitons contribuer et apporter un changement positif à Madagascar, aux côtés des acteurs de la cité, au développement des communautés », indique le responsable RSE de la firme, Heritiana Ramakavelo. D'après Vina Orléa, ministre de l'Environnement et du développement durable, les mentalités ont évolué depuis quelques années.

Raison pour laquelle l'État appuie les initiatives du salon RSE. « La façon de penser des entreprises du secteur privé s'est drastiquement améliorée depuis ces cinq dernières années, notamment dans la façon de gérer les questions liées à l'environnement », confie-t-elle. Une réflexion partagée par Ulrichia Rabefitiavana. Ce sont surtout les Petites et Moyennes Entreprises qui s'y intéressent et qui prennent à coeur les engagements vis-à-vis de l'environnement et de la communauté. « Contrairement à ce que l'on peut penser, c'est plutôt dans les PME qu'il est beaucoup plus facile d'intégrer une démarche RSE parce que ça devient une culture d'entreprise, un engagement des responsables et finalement elle [La démarche RSE, Ndlr] est vécue par les salariés », explique Ulrichia Rabefitiavana.

Les petites et moyennes entreprises (PME) ne sont pas en reste. Certaines entreprises font même de la Responsabilité Sociétale leur fer de lance en mettant au centre de leurs activités la RSE. Comme l'ont indiqué les organisateurs du salon. « On peut même dire qu'au-delà de la RSE, il y a beaucoup plus d'entreprises qui font de l'environnement et des responsabilités sociales leur mission principale, en les mettant devant leur propres profits ».

C'est le cas de « Fakotôry », qui récupère les jeans usés pour en faire des cartables ou autres accessoires en vue de les revendre et faire des donations aux écoles primaires publiques de la capitale. D'autres entreprises ont pour leur part fait de la Responsabilité Sociétale leur principale activité et source de revenus. « Bôndy » est une société qui, pour sa part a adopté comme slogan « Transformer l'île Rouge en Île verte ». Ce dernier aide les entreprises qui voudraient se lancer dans une démarche RSE à planter des pépinières avec un suivi régulier. Une initiative simple mais qui porte ses fruits en raison de cet engouement des entreprises à intégrer la démarche RSE.

Quels interêts pours les entreprises ?

Une opportunité. Les entreprises commencent progressivement à s'intéresser à la démarche de Respon-sabilité Sociétale (RSE), une initiative qui vise à contribuer au développement durable par le biais de la préservation de l'environnement. D'après les propos d'Ulrichia Rabefitiavana, du cabinet UR-CSR, promoteur de cette huitième édition du Salon RSE-IDD, les entreprises qui appliquent le concept se voient avantagés en termes « d'augmentation de la productivité, de relations entre les travailleurs et salariés en plus des relations avec les communautés touchées par les activités directes de l'entreprise ». L'État offre également des opportunités de collaboration avec les entreprises, surtout celles issues du secteur privé, notamment en termes de financement. «

De plus en plus d'entreprises du secteur privé frappent aux portes du ministère de l'environnement, pour que nous puissions porter leurs projet vers de potentiels bailleurs » explique Vina Orléa, ministre de l'environnement et du Développement durable hier. « Il y a également les fonds pour l'environnement mondial qui constituent également des opportunités de co-financement pour les projets des entreprises du secteur privé » continue-t-elle.

Malgré les avantages de la RSE, dans son acception courante, elle est encore vue comme une sorte de contrainte par certains acteurs économiques qui rechignent à l'idée d'intégrer la démarche. Les petites et moyennes entreprises (PME) sont en difficulté quand il s'agit d'intégrer cette démarche. « Des entreprises ont du mal à anticiper ces différents changements qui requièrent des moyens en termes de ressources humaines et de fonds », cela pourrait être un facteur de blocage pour ces entreprises-là, confie Ulrichia Rabefitiavana.

ENVIRONNEMENT - La stratégie nationale RSE en gestation

Vers une formalisation du cadre de légal pour les RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Les entreprises du secteur privé n'attendent que cela. Un cadre délimitant les grandes lignes de la stratégie nationale RSE. Un plan qui permettra à des centaines, voire des milliers d'entreprises de s'engager pleinement dans la démarche RSE. D'après la ministre en charge de l'environnement et du développement, Vina Orléa, cette stratégie nationale de responsabilité sociétale serait déjà en cours de finalisation. « Elle est déjà en passe d'être finalisée », indique-t-elle.

Selon ses explications, Il existe beaucoup d'axes stratégiques à développer. « Quand on parle RSE, plusieurs aspects sont englobés en plus de l'environnement, actuellement il y a des socles à développer comme la décence du monde du travail et j'en passe », explique-t-elle. Pour le moment, la RSE n'est qu'un engagement volontaire des entreprises car à Madagascar, il n'y pas encore de législation qui oblige les sociétés à s'y intéresser, tout cela est le fruit de la sensibilisation qui a été effectuée des années auparavant.

Une période pendant laquelle seules les grandes entreprises se sont prêtées à la démarche RSE. La stratégie nationale RSE est encore en cours de finalisation, il s'agit là d'un cadre de concertation nationale avec les entreprises du secteur privé pour faire en sorte que la stratégie soit appliquée de part et d'autre. C'est aussi un enjeu par rapport à la gestion des ressources environnementales, la préservation de la biodiversité garantit en effet la viabilité des matières premières qui seront utilisées par les entreprises.

Le numérique à portée de mains

À l'ère du numérique, ceux qui ont les clés en main sont ceux qui savent s'en servir. L'école du code fait partie des quatre programmes proposés par Orange Digital Center. Quelques jeunes sont réunis au stand d'Orange lors de la première journée du salon RSE-IDD au Novotel Alarobia, hier. Ils sont très attentifs aux explications des responsables et pour cause.

Un des programmes proposés les intéresse particulièrement, c'est l'école du code. Un centre de perfectionnement aux technologies et métiers du digital. La particularité du programme est qu'il est gratuit et propose des formations et stages aux jeunes qui désirent explorer les nouveaux atouts du numérique. « On peut dire que je suis un peu novice en matière de nouvelles technologies, surtout pour le domaine du digital mais je pense que cette école du code pourra m'aider à maîtriser un peu plus les technologies actuelles et le monde du numérique et peut être bien faciliter en quelque sorte mon insertion dans la vie professionnelle », s'exprime Aina, 21 ans, étudiant à l'université en 2e année.

Des écoles numériques, il y en a au moins 240 à Madagascar depuis le déploiement d'orange Digital Center. Ceux qui ont bénéficié du programme ont confié avoir évolué après avoir acquis les fondamentaux. Depuis quelques années, les métiers du numérique sont très en vogue, une « Hype » suscitée notamment par les réseaux sociaux et les médias. Maintenant, le codage et les coulisses du numérique sont désormais à portée de main pour les jeunes.

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