À Madagascar, la communauté internationale officialise sa contribution financière pour l'organisation de l'élection présidentielle prévue dans quatre mois. Jeudi 6 juillet, face à un parterre de journalistes, les représentants de différentes chancelleries et organisation mondiale ont annoncé leur volonté de participer au basket fund, l'enveloppe mise en place par le Pnud pour collecter les fonds des pays désireux de soutenir l'État malgache dans la préparation du scrutin national prévu dans 4 mois. Un financement sous conditions.
« Et donc la France contribuera - à titre bilatéral - à hauteur d'un million d'euros, au basket fund qui vient d'être créé par l'Organisation des Nations unies, en plus de sa participation via l'Union européenne », annonce l'ambassadeur de France, Arnaud Guillois.
Un million d'euros accordés par la France, un autre million accordé par l'Union européenne, une somme peu ou prou similaire accordée prochainement par l'Allemagne : à 4 mois de l'élection présidentielle, les partenaires commencent à sortir le chéquier.
Une annonce qui a soulagé Dama Arsène Andrianarisedo, le président de la Commission électorale nationale et indépendante (Céni). « Ce qui s'est passé aujourd'hui, c'est vraiment rassurant, c'est un bon début. Cette annonce a un double intérêt, c'est un appui à financer. Mais elle marque également l'adhésion de la communauté internationale dans le processus. Je pense que d'autres partenaires vont emboîter le pas. »
Des conditions à respecter pour obtenir la contribution
La Céni estime avoir besoin de 80 milliards d'ariary (plus de 16 millions d'euros) pour organiser l'élection (après avoir revu nettement le budget à la baisse. Elle avait en effet estimé à 143 milliards d'ariary ses besoins initiaux). Aux 40 milliards prévus dans la loi de finances - qui pourront être mobilisés seulement à partir de la publication du décret de convocation des électeurs -, s'ajoute désormais l'équivalent de 10 milliards de contributions étrangères.
« S'il y a un gap, le gouvernement a déjà donné l'assurance qu'il comblerait ce manque en procédant par ce qu'on appelle la procédure du décret d'avance », prévient le président de la Céni. Quant à la contribution étrangère, elle reste cependant soumise, explique Isabelle Delattre Burger, l'ambassadrice de l'Union européenne, à différentes conditions :
« D'abord une condition assez logique, c'est que les dates soient publiées. Très très vite. Une autre condition, c'est que les crédits financiers, l'autonomisation de la Céni, soit assurée parce que nos contributions ne sont que des contributions. Et puis pour assurer des élections libres, transparentes et inclusives, on sera attentif au renouvellement des mandats des membres des organes de contrôle de la vie publique et politique, à savoir la HCDDED (Haut Conseil pour la défense de la démocratie et de l'État de droit) et la Commission de contrôle du financement de la vie politique. Ainsi qu'à la préservation de la liberté d'expression et de presse. »
Pas de mission d'observation électorale de l'Union européenne
À l'inverse de 2018, l'Union européenne ne déploiera pas de mission d'observation électorale pour ce scrutin. « Nous avons reçu l'invitation un peu tardivement, il faut l'avouer », note l'ambassadrice. Autre critère qui a joué en défaveur de Madagascar : la très faible mise en oeuvre des recommandations de la mission d'observation précédente. « Je crois que malheureusement, on n'a pas à se féliciter d'un succès énorme, donc on va continuer à pousser [pour obtenir plus de résultats] après les prochaines échéances », poursuit la représentante de l'Union européenne.
Aussi, seuls quelques experts électoraux seront dépêchés pour suivre toutes les phases du processus électoral. Ces observateurs rendront un rapport au gouvernement et de nouvelles recommandations.
Enfin, a rappelé de son côté Natasha van Rijn, la représentante du Pnud, ce fonds auquel les partenaires sont appelés à contribuer, a été « mis à disposition pour couvrir des dépenses des trois prochaines élections » [les communales étaient, elles aussi, prévues se dérouler en 2023, mais n'auront finalement pas lieu cette année ; les législatives auront lieu en 2024, NDLR]. Toutefois, souligne la dirigeante de l'agence onusienne, « ces fonds seront utilisés pour couvrir les besoins par ordre de priorité. » En d'autres termes, ceux de la présidentielle en premier.