En République démocratique du Congo, le chef de l'État sud-africain Cyril Ramaphosa a terminé une visite de deux jours dans le pays. Lors de ce voyage officiel, il a beaucoup été question d'économie, de partenariat, mais aussi de sécurité. Les deux chefs d'État sont longuement revenus lors de leur conférence de presse, jeudi 6 juillet au Palais de la Nation à Kinshasa, sur la situation dans l'est du pays, avec notamment la présence du M23. Le président congolais Félix Tshisekedi a répété qu'il n'était pas question de négocier avec le mouvement rebelle et a aussi dénoncé le rôle du Rwanda, accusé d'être derrière cette rébellion. La RDC appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à prendre des sanctions contre des officiels de l'armée rwandaise.
« Il faut aller au-delà de la condamnation verbale », insiste le gouvernement congolais qui demande donc aux membres permanents et non-permanents des Nations unies de prendre des « mesures concrètes » pour « punir les responsables ». Et ces responsables, pour le gouvernement congolais, sont à trouver dans le rapport des experts des Nations unies publié à la mi-juin.
C'était en effet la nouveauté de ce document, qui revenait sur les preuves du soutien du Rwanda au M23, en détaillant cette fois-ci le commandement militaire d'opérations qui seraient baptisées « Nord-Kivu ». Selon les experts, ce plan a été conçu par le général James Kabarebe, pilier du système sécuritaire rwandais, conseiller de la présidence en matière de défense.
Il aurait été assisté par le général Jean-Bosco Kazura, qui était encore jusqu'à un remaniement de l'armée, le 6 juin, le chef d'état-major. Le général Mubarak Muganga, son remplaçant, est aussi cité dans le rapport, tout comme le général Vincent Nyakarundi, chef d'état-major de l'armée de terre ou encore le général Alexis Kagame, actuellement déployé au Mozambique.
Des sanctions qui pourraient donc toucher certains des plus hauts gradés de l'armée rwandaise. Kigali, de son côté, continue de contester les accusations des experts onusiens, évoquant « des preuves invérifiables » et « des sources peu crédibles ».
Clarifications sur la présence des troupes est-africaines
Toujours concernant la présence de troupes étrangères, mais cette fois-ci à la demande des autorités congolaise, le président congolais Félix Tshisekedi a fait une clarification sur la force-est africaine. On se souvient que le chef de l'État et des membres du gouvernement avaient été très durs contre les troupes de l'EAC, ces derniers mois, allant même jusqu'à évoquer une « collaboration » de ces militaires avec les rebelles.
Ce jeudi, le président Thisekedi est revenu sur ces critiques qui n'étaient pas pour lui « un rejet de la force », mais il fallait des changements dans « les comportements ». « Nous avons eu des discussions franches, d'autres modalités ont été arrêtées, nous verrons d'ici septembre si tout cela se concrétisera », a ajouté le chef de l'État. Des propos plus mesurés, alors qu'il y a encore une semaine, un proche de la présidence confiait à RFI : « Pour nous, la page de l'EAC est tournée. »
En attendant, une mission d'évaluation de la force est actuellement dans le Nord-Kivu. Composés d'officiers de l'EAC, elle doit terminer ses travaux ce samedi 8 juillet. Son rapport est attendu pour le mois de septembre et va coïncider avec des discussions autour d'un éventuel renouvellement du mandat de la force est-africaine.
L'UE appelle à la fin des soutiens étatiques aux groupes armés
Ce vendredi 7 juillet 2023, dans une déclaration du chef de sa diplomatie Joseph Borrel, l'Union européenne s'est félicité « du rapport final du groupe d'experts des Nations unies » mandaté par le comité des sanctions de l'ONU sur la RDC. Elle se dit « profondément troublée par certaines de ses conclusions et soutient ses recommandations ».
Par ailleurs, l'UE « condamne fermement le soutien apporté par le Rwanda au M23 » ainsi que « la présence militaire rwandaise dans l'est de la RDC, révélés dans les rapports du groupe d'experts des Nations unies » et appelle au retrait des troupes et à la cessation de ce soutien. Dans le même temps, l'Union condamne aussi « fermement la RDC et l'exhorte à cesser immédiatement son soutien et sa coopération avec les FDLR/FOCA ainsi que les autres groupes armés locaux et étrangers ».
Et enfin, l'UE se dit « révoltée par les niveaux de violence et d'atrocités contre des civils, notamment par le M23, les FDLR/FOCA, les ADF, le groupe Codeco-URDPC et le Zaïre/MAPI ». Et salue la décision du procureur de la CPI d'examiner les actes commis dans la région.