Congo-Kinshasa: Des taxi kidnappeurs condamnés à la peine de mort, commuée en prison à perpétuité

Une trentaine de kidnappeurs, jugés depuis mercredi, ont été condamnés vendredi 7 juillet à la peine de mort par le tribunal de grande instance de Kinshasa. La peine a toutefois été commuée à la condamnation à perpétuité pour les malfrats accusés de répandre la terreur dans la capitale par des actes d'enlèvement à bord des taxis, un phénomène qui a explosé. Les juges ont retenu contre eux des infractions de vol qualifié, coups et blessures, enlèvement, tentative de viol, extorsion et association des malfaiteurs.

Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa

Ni leurs aveux, ni leur coopération n'ont impressionné les juges. Comme requis par le procureur, la peine de mort a été prononcée contre la totalité des accusés.

C'était à la grande satisfaction des victimes, mais leurs avocats ont un goût d'inachevé : « La vraie question : qui sont les complices de ces malfrats au sein des services de sécurité et au sein de la magistrature, s'interroge Me Joël Kitenge. Eux-mêmes disent "nous connaissons ceux qui collaborent et nous mettent en liberté une fois appréhendés". Pourquoi ne pas aborder la question, pourquoi le ministère public a peur ? Et ça, c'est une inquiétude parce que l'objectif est que ce réseau soit réellement démantelé. »

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Le procureur est satisfait de ce jugement et se défend d'avoir esquivé le noeud du problème, ces complicités dénoncées dans les rangs des forces de sécurité. « Ça doit servir de leçon à tous ceux qui croient que leurs actes demeureront impunis, explique Edmond Isofa. On a donné la parole à chacun des prévenus, personne n'a donné les éléments de cette prétendue complicité. En revanche, nous avons l'obligation en tant qu'officier du ministère public de protéger les agents d'infiltration. Ça, c'est une obligation légale. »

Si elles n'espèrent pouvoir toucher un jour les réparations financières ordonnées par les juges, les victimes, à l'instar de Tatiana, veulent que leurs bourreaux purgent au moins leurs peines :

« En les accusant publiquement ici, nous avons mis nos vies en danger. Ils nous ont même menacés en public, que deviendrons-nous demain s'ils sont relâchés par leurs complices magistrats. Nous comptons sur l'exécution de cette peine. S'ils sortent, ils vont nous tuer. »

Les condamnés ont été amenés en prison à bord des blindés de la police. Leurs avocats n'ont pas souhaité s'exprimer.

La peine de mort est prononcée dans les cours et tribunaux congolais, mais n'est plus appliquée depuis 20 ans. Le pays est signataire du moratoire sur l'abolition de cette expression pénale, la plus forte au monde.

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