Kenya: L'opposant Raïla Odinga lance une nouvelle campagne de contestation contre le président Ruto

Au Kenya, l'opposant Raïla Odinga a lancé vendredi 7 juillet une nouvelle vague de manifestations. Il a appelé ses partisans à se mobiliser contre la nouvelle loi de finances, qui prévoit une hausse des taxes. La date choisie ne doit rien au hasard : le 7-Juillet [« Saba Saba », en swahili] revêt une symbolique forte dans l'histoire kényane, celle de la lutte pour le multipartisme et contre le dictateur Daniel Arap Moï. La police a de nouveau tiré ce vendredi des gaz lacrymogène contre le cortège de l'opposant.

Patrouilles à pied, en voiture, à cheval... axes routiers fermés à la circulation. Nairobi était placée sous haute surveillance policière ce vendredi. En fin de matinée, devant ses partisans rassemblés dans le quartier de Kamukunji, Raila Odinga a annoncé le lancement d'une pétition pour tenter d'obtenir non moins que le retrait de la nouvelle loi de finances controversée et même, dit-il, le départ de son rival William Ruto.

L'opposant promet une campagne de signature massive. Objectif : récolter 10 millions de soutiens d'ici vendredi prochain. « William Ruto a trahi les Kényans », a encore lancé Raila Odinga, en référence à la promesse faite par le chef de l'État au cours de sa campagne l'an dernier de lutter contre la hausse du pouvoir d'achat.

C'est à la fin de ce rassemblement, alors que ses partisans ont entamé une marche non autorisée vers le centre-ville de Nairobi, que les affrontements ont commencé et que son cortège a été visé.

Parallèlement, des heurts et manifestations empêchées ont été signalées dans d'autres villes comme Mombasa. La mobilisation a semblé, dans l'ensemble, plus importante que lors des derniers rassemblements de l'opposant.

La date symbolique du 7-Juillet

Il faut revenir 33 ans en arrière pour comprendre : le 7 juillet 1990, des milliers de Kényans bravent la dictature Daniel Arap Moï et sortent dans les rues pour réclamer la fin du parti unique. Trois jours plus tôt, les meneurs de la contestation ont été arrêtés, et parmi eux se trouvait Raïla Odinga, déjà opposant.

La répression est féroce, mais le mouvement lancé ce jour-là finit par l'emporter : fin 1991, le régime de Moï modifie la constitution et s'ouvre au multipartisme. Depuis lors, « Saba Saba » [soit 7-7, pour 7-Juillet en swahili] a été le cri de ralliement de nombreuses batailles politiques au Kenya.

C'est donc cette mémoire victorieuse que Raila Odinga tente de raviver aujourd'hui. Pour mobiliser contre la nouvelle loi de finances, l'opposant entend capitaliser sur le désenchantement provoqué par les mesures économiques du président William Ruto, et la très forte inflation qui frappe les Kényans depuis son élection.

Même si les temps ont bien changé et si la comparaison souffre de nombreuses limites, Raïla Odinga ne cesse d'agiter depuis sa défaite à la présidentielle le spectre d'un retour à l'ère de Daniel Arap Moï : ce dernier fut le parrain en politique de William Ruto. Reste à savoir si cette rhétorique trouvera écho parmi ses partisans dont la plupart, jeunes, n'étaient pas nés en 1990.

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