Le chef de délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Pierre Dorbes termine sa mission mi-juillet au Soudan du Sud. Arrivé il y a deux ans dans ce pays où une guerre civile avait éclaté en 2013 et qui met laborieusement en oeuvre un accord de paix signé en 2018, le responsable humanitaire s'apprête à prendre la tête de la mission du CICR au Soudan voisin. Là aussi, un conflit fait rage depuis avril. Comment les conflits évoluent-ils dans les deux Soudans et quel rôle pour les humanitaires en général et pour le CICR en particulier ?
Pour le chef du CICR au Soudan du Sud, il faut souligner la tenue du cessez-le-feu entre forces gouvernementales et d'opposition, malgré des violations.
Selon Pierre Dorbes, la violence a changé de nature dans le pays : « Maintenant, ce qu'on observe au Soudan du Sud, c'est une continuation de la violence au niveau communautaire. On n'est pas dans des groupes structurés avec une chaîne de commandement et avec forcément des ambitions politiques ou de contrôle territorial. On est très souvent dans des motivations à caractère économique ou d'accès aux ressources. »
« Cela fait que, pour nous, c'est beaucoup plus difficile de travailler sur les conséquences humanitaires de ce type de violences, poursuit-il. Parce qu'on n'a pas forcément d'interlocuteur clair pour discuter de libérations de gens qui seraient éventuellement détenues ou enlevées, ou pour discuter simplement du respect du droit international humanitaire, du droit des conflits armés, qui ne s'applique pas quand ce sont des civils qui se combattent. »
Au Soudan, qui est la prochaine destination de Pierre Dorbes, le CICR tâche de jouer un rôle « d'intermédiaire neutre entre les parties », c'est-à-dire entre les forces armées et les paramilitaires : « Fin juin, on a facilité le transfert et le retour de prisonniers de part et d'autre des deux camps, qui avaient été libérés après un accord politique. Nous sommes intervenus pour mettre en oeuvre cette libération sur le terrain. »
Autre intervention notable du CICR dans le contexte très dangereux de la guerre au Soudan : l'évacuation il y a quelques semaines de 250 enfants et employés d'un orphelinat situé sur une ligne de front.
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