Madagascar: Antsiranana - Un journaliste réunionnais de passage dans le Nord

Manuel Marchal met la liberté de la presse au menu de sa conférence. Tout a été organisé pour qu'étudiants et expérimentés puissent approfondir ce sujet pour leur pratique du métier.

La grande salle de l'amphi chocolat de la faculté des Lettres et sciences humaines a abrité hier une conférence intitulée : « La liberté de la presse au service de la promotion du droit humain», menée par le journaliste Manuel Marchal, rédacteur en chef du journal Témoignages à La Réunion et intervenant en journalisme à l'université d'Antananarivo. La salle était remplie de jeunes étudiants issus de différents parcours , des enseignants et des journalistes locaux. Ce fut un moment de partage entre le conférencier chevronné en journalisme depuis des années et les étudiants qui ne savaient pas grand-chose sur le sujet de la liberté de presse . Mais bien que les étudiants ne connaissent pas les tenants et aboutissants de ce sujet, ils étaient intéressés par les explications du journaliste.

Avant de céder la parole au conférencier, Lova Ravoavy, un des responsables de l'école a demandé à l'assistance d'observer une minute de silence en hommage à un étudiant décédé accidentellement, cette semaine. Puis, notre confrère de Midi Madagascar Iss Heridiny, non moins un enseignant à l'université d'Antsiranana a pris le relais pour rappeler brièvement l'objectif de la conférence.

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Quant à Manuel Marchal, il a commencé son intervention en présentant le journal pour lequel il travaille. Il s'agit du « Témoignages » , un quotidien fondé par le Docteur Raymond Vergès en 1944, diffusé en presse papier jusqu'en 2013 et il est maintenant disponible en ligne sous format pdf. Il est l'organe du parti communiste réunionnais. Puis, le journaliste a illustré son exposition avec le système colonial qui empêchait la liberté de presse, tout en montrant les conséquences néfastes de la liberté de presse quand elle n'est pas exercée et les avantages lorsque c'est pas le cas. Les exemples étaient tirés de deux médias dont l'aurore malgache et Témoignages.

Libérté

« La liberté dénonce tout scandale et quand elle peut s'exercer , les dérives du pouvoir finissent par cesser et l'opinion peut être informée de ces dérives » a-t-il affirmé, tout en citant les articles de Témoignages en 1947 qui avait dénoncé les méthodes de la gestapo utilisée par les représentants du gouvernement français à Madagascar à l'encontre des victimes de la répression de la révolte. Le journaliste a aussi montré au public quelques sujets que la liberté de la presse permettait de mettre en valeur , d'où l'importance de la promotion des droits humains.

Citons entre autres l'immigration massive , la vente des filles par le mariage catalogue, la déportation de jeunes enfants réunionnais enlevés de leur famille pour repeupler la France, l'utilisation du « depo provera », contraceptifs pour les vaches injectés aux femmes réunionnaises pour contrôler la naissance et causant des problèmes pour leur santé, les scandales de la fraude électorale... Bien évidemment, les écrits qui s'opposaient à ce système risquaient de subir systématiquement des peines de prison. Cette répression s'inscrivait dans un régime colonial où la liberté de la presse était combattue par la classe dominante.

Échanges entre confrères

Après l'université, l'échange s'est poursuivi dans la salle de la bibliothèque de la maison de la communication et de la culture Banja où Manuel Marchal a effectué une séance de partage avec les membres de l'AJPRO ou association des journalistes professionnels d'Antsiranana. Outre le débat sur le thème proposé « le journalisme et le droit humain», la couverture des élections, la liberté de la presse à La Réunion , la situation et les vécus des journalistes réunionnais ont été au centre des échanges. Bien entendu, le but principal de cette rencontre est de renforcer la capacité des journalistes locaux, tout en dressant une perspective d'avenir, car ces derniers temps, les affiliés de ce métier assistent à des multiples difficultés. La lutte pour la liberté d'expression reste un combat quotidien en dépit des apparences.

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