Madagascar: Tourisme - Quand l'horizon s'éclaircit

Les professionnels du tourisme estiment que les prochains mois seront bons pour leur secteur qui a beaucoup souffert de la crise pandémique. Du côté du ministère de tutelle et des promoteurs de la destination, l'optimisme est aussi de mise.

Les responsables du ministère du Tourisme et de l'Office national du tourisme de Madagascar (ONTM) ne cachent pas leur enthousiasme en cette veille de l'ouverture de la haute saison. Ils rappellent également que les actions de promotion de la destination se sont intensifiées progressivement depuis l'année passée. Ainsi, les prévisions tablent sur une arrivée de plus de 50 000 touristes internationaux pour juillet et août. Le ministre du Tourisme, Joël Randriamandranto, estime que, si ce chiffre n'est pas « énorme », il reflète déjà des perspectives particulièrement encourageantes pour le secteur.

Le membre du gouvernement considère que le dernier trimestre de cette année rencontrera une « bonne performance pour la vraie reprise attendue depuis trois ans maintenant ». Il salue également la collaboration entre les différentes parties prenantes pour assurer la relance du tourisme dans les meilleures conditions. « La Grande Ile a pu se repositionner sur la carte mondiale du marché du tourisme par des actions marketing. Nous étions en Europe de l'Est, mais aussi à Paris, à Milan et à Berlin pour participer à divers événements. Les retombées sont positives malgré un budget limité », fait-il savoir.

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On souligne aussi que le pays peut être fier d'être reconnu par sa beauté, mais aussi par le sérieux de ses acteurs. La Grande ile a intégré le classement des destinations africaines les plus attractives pour 2022-2023, après avoir obtenu le « Safe Travels Stamp » octroyé par le Conseil mondial du voyage et du tourisme ou World travel and tourism council (WTTC).

Aujourd'hui, l'heure est au développement de la connectivité aérienne pour faciliter l'acheminement des visiteurs. Selon les derniers chiffres, on enregistre actuellement soixante vols hebdomadaires en provenance et à destination de Madagascar. Par ailleurs, la filière croisière connait une relance dynamique. Toliara, Toamasina, Antsiranana, Nosy Be et Mahajanga font partie des villes côtières qui ont bénéficié du passage des bateaux de croisière. Les événements à vocation touristique vont aussi se multiplier après le succès de l'International Tourism Fair Madagascar (ITM 2023).

Les opérateurs vont de l'avant

Ces derniers mois, les opérateurs du secteur (hôteliers, tour-opérateurs, agences réceptives, prestataires de services touristiques spécialisés...) ont multiplié les rencontres afin de discuter des moyens pour donner une dynamique encore plus forte à la relance de la destination et à l'amélioration de la gouvernance du secteur. Le but étant d'au moins doubler le nombre d'arrivées touristiques cette année par rapport à 2022, durant laquelle le pays a accueilli un peu plus de 130 000 touristes.

C'est dans cette perspective, par exemple, que la Confédération du tourisme de Madagascar (CTM) a tenu, sur l'ile de Nosy Be, un atelier d'information et d'échanges sur le thème « Relance du tourisme et actions de la CTM pour vos métiers ». Cette organisation professionnelle a retenu, parmi les chantiers prioritaires, l'amélioration de l'accessibilité et de l'offre de transports, la préservation du capital naturel, l'innovation des produits touristiques, le développement des compétences des métiers du tourisme et l'optimisme du climat des affaires.

Avec le ministre des Transports et de la météorologie, Valery Ramonjavelo, les professionnels du tourisme ont discuté des problématiques afférentes à l'offre de transports et l'accessibilité, notamment en ce qui concerne le développement des dessertes aériennes internationales et domestiques, l'amélioration de l'accueil des croisières, ainsi que l'urgence de la réhabilitation des routes nationales et les voies d'accès aux zones touristiques. L'innovation et la qualité de l'expérience touristique offerte aux visiteurs sont également mises en avant pour atteindre l'objectif d'accueillir un million de touristes dans cinq ans.

Le ministre Joël Randriamandranto, pour sa part, a noté la nécessité d'améliorer l'offre touristique, d'intensifier la promotion de la destination Madagascar et d'accélérer le développement des compétences des ressources humaines. « Plusieurs actions ont été entamées pour relancer le tourisme, notamment la promotion des investissements, le lancement des programmes de formation, la représentation à l'international à travers les salons du tourisme, les conférences et rencontres diplomatiques », indique-t-il aussi.

Une connectivité aérienne qui s'intensifie

Malgré la déception liée au report de l'arrivée de l'Ambraer E 190 - E2, destiné à renforcer la flotte de Madagascar Airlines, les acteurs du secteur reconnaissent que des améliorations significatives ont été enregistrées en matière de connectivité aérienne. Le retour d'Airlink et de Corsair, l'arrivée LOT Polish Airlines et l'augmentation des fréquences de certaines compagnies comme Air Austral et Kenya Airways figurent parmi les acquis récents dans ce domaine. Pour rappel, l'édition 2023 du Salon du Tourisme ITM a donné lieu à des échanges intéressants sur les défis et stratégie à entreprendre pour une ouverture du ciel efficace. La table ronde a mis en lumière plusieurs axes majeurs de réflexion, avec en toile de fond la vision d'atteindre l'objectif d'un million de touristes d'ici 2028.

Les analyses approfondies menées par Forwardkeys ont aussi servi de base d'échange. Une étude qui a révélé un potentiel de croissance prometteur à Madagascar. Pour concrétiser les objectifs fixés, la question essentielle du développement des routes aériennes a été abordée. À cet égard, plusieurs suggestions et enjeux qui en découlent, ont été formulés, dont le développement de nouvelles routes aériennes, l'exploration de nouveaux marchés, et même l'adoption de l'open sky, sans oublier la question du coût du carburant. Une note particulière a été accordée à la nécessité de renforcer la connectivité aérienne domestique, identifiée comme un facteur clé pour stimuler le secteur touristique.

Il a été également souligné que la priorité actuelle réside dans la révision des lignes directrices des accords aériens et des cadres juridiques, afin de concrétiser avec succès l'ambition du pays de multiplier par trois le nombre de visiteurs qu'il accueille avant la fin de la décennie en cours. Pour Ravinale Airports, la rencontre a été notamment mise à profit pour rappeler les actualités récentes en matière de connectivité aérienne.

Zoelisoa Rajohnson, directrice commerciale et Marketing de la société, a alors fait remarquer que plusieurs étapes ont été franchies dernièrement avec le retour de la compagnie sud-africaine Airlink, fin janvier à Antananarivo, et ce mois de juin à Nosy Be. Elle a également noté le retour progressif du nombre de fréquences au même niveau que 2019. En matière de capacité en sièges, Ravinala Airports dit se situer actuellement à 85% par rapport la période d'avant-Covid.

La table ronde de l'ITM a vu notamment la participation de plusieurs entités dont la société Aéroports de Madagascar (Adema). Cette dernière a noté à cette occasion l'obtention par l'aéroport de Toliara de son statut de plateforme à vocation internationale.

L'installation d'un système de balisage nocturne à l'aéroport de Sainte Marie et le programme de certification des aéroports ont aussi été évoqués.

Destinations

Nosy Be toujours en pole position

L'île aux Parfums demeure la principale destination touristique de la Grande ile. Et selon les acteurs locaux du secteur, l'année 2023 offrira à Nosy Be sa première vraie haute saison depuis le déclenchement de la crise pandémique.

C'est avec optimisme que les hôtels, les organisateurs d'excursions, les restaurateurs et les fournisseurs de services annexes abordent les six derniers mois de l'année. Et l'arrivée, le samedi 1er juillet, du premier vol de la compagnie polonaise LOT Polish Airlines de Varsovie, avec deux cent quatre vingt dix sept passagers à son bord, n'a fait que renforcer le moral des opérateurs touristiques. Selon la Confédération du tourisme de Madagascar, une liaison hebdomadaire sera opérée tous les samedis entre Varsovie et Nosy Be.

Côté infrastructures d'accueil, force est aussi de constater que la tendance est positive. Les hôtels déjà en activité ont investi pour s'embellir et améliorer leurs offres. Les nouveaux, pour leur part, ne manquent pas d'ambition, à l'instar de l'hôtel Exora Beach, un établissement de quatre étoiles situé sur la côte Ouest de l'ile, en face de l'ilot Sakatia. L'infrastructure « s'intègre magnifiquement dans le cadre délectable de Nosy Be, un mélange de petits bonheurs simples à savourer en solo, avec votre tribu et vos amis, en toute quiétude », commente un gestionnaire de tour-opérateur qui collabore avec cet établissement.

Les loisirs se diversifient

Une dizaine de mètres plus loin, l'hôtel Loharano, qui vient de changer de propriétaires, joue aussi sa partition sur la base de sa nouvelle philosophie : « l'authenticité malagasy ». D'après l'expert en tourisme, Marcello Spadoni, le choix de mettre en avant la culture et l'hospitalité locales contribue à l'objectif commun de donner « une âme et de la profondeur » au tourisme. Concernant les projets en cours, citons la construction de l'hôtel Izil situé dans le village d'Ambatoloaka. Ses promoteurs ont choisi une architecture et un style d'intérieur modernes pour attirer notamment les touristes jeunes et branchés. Vers le nord, un établissement baptisé Royal Andilana s'apprête aussi à ouvrir ses portes. Mais le projet phare de Nosy Be est, sans nul doute, celui développé sur la côte est. C'est un programme immobilier de luxe (villas avec piscine et appartements en vente et gestion locative) et de golf nouvelle génération intégrée dans un parc botanique exceptionnel.

Du côté des prestataires de services et de loisirs touristiques, on s'active également pour satisfaire au mieux les touristes dont le nombre s'accroit de semaine en semaine. Pour Madavoile qui organise, depuis 1996, des croisières destinées à tous ceux qui souhaitent découvrir autrement cette partie du pays et Madagascar, le produit phare reste la possibilité de jeter l'ancre dans des baies accessibles uniquement par bateau, où les visiteurs rencontreront « un peuple souriant vivant en symbiose avec la nature, une nature sauvage et préservée ». Bref, bien plus qu'un simple voyage.

La Marina de Nosy Be a aussi le sourire. Les bateaux accueillis ne sont pas rares et le restaurant aménagé dans l'enceinte est souvent bien animé. A noter que cette installation est implantée dans la Baie du Cratère, sur un site historique de la compagnie sucrière, la Sirama. Notons, pour la petite histoire, que c'est en 2011 que le couple Rudy et Geneviève a fait une rencontre qui marquera un tournant dans le développement de La Marina. De passage sur Nosy Be, le directeur de Port Camargues, alors la plus grande Marina d'Europe, leur rend visite. Décision sera alors prise

d'opérer un jumelage. Aujourd'hui, le couple souhaite que les procédures liées à l'entrée sur le territoire des plaisanciers soient facilitées par les autorités locales et nationales. Car c'est aussi cela le développement du tourisme : lever les blocages inutiles pour dynamiser les activités des opérateurs.

En tout cas, Nosy Be ne cesse d'étoffer et de diversifier son offre. Les touristes ne se contentent plus maintenant de faire de la plongée sous-marine, de pratiquer la pêche au gros ou de découvrir les baleines à bosse et les petites îles. Ils peuvent aussi faire de la balade en cheval avec Ambaro Ranch ou se laisser tenter par les vols en parapente. Les événements culturels ne manquent pas non plus pour ne citer que le festival Somarôho, Nosy Be Symphonies ou encore le rassemblement techno Azala Festival. Selon l'Office régional du tourisme de Nosy Be, il est important de poursuivre les efforts déjà déployés pour préserver les acquis, mais surtout pour accroitre l'attrait de l'île aux Parfums et des petits paradis insulaires qui l'entourent. Lors de l'ITM 2023, pas moins de quatorze entités ont été représentées au sein du pavillon Nosy Be.

VERBATIM

Zoelisoa Rajohnson,

Directrice commerciale et Marketing de Ravinala Airports

« Avoir l'une ou plusieurs des plus importantes compagnies aériennes mondiales desservir le pays permettra de profiter de l'ancrage de leur réseau et ainsi de connecter Madagascar à d'autres destinations. En tant que points d'entrée du pays, les aéroports que nous gérons, contribuent à aider le ministère du Tourisme à atteindre l'objectif ambitieux d'atteindre le million de touristes d'ici 2028. »

Jonah Ramampionona,

PCA de l'Office national du Tourisme (ONTM)

« Madagascar renforce ses actions de promotion et son offre touristique. Lors du Salon ITM, les exposants ont représenté l'ensemble de la chaîne de valeur du secteur touristique. Des entreprises spécialisées dans l'agritourisme bio y étaient même présentes en nombre. Un espace leur a d'ailleurs été dédié. »

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