Ile Maurice: Les différentes options post-Privy Council de PKJ

Le procès Suren Dayal v/s Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) le 10 juillet devant le Privy Council du roi Charles à Londres va sans doute dominer l'actualité dans les jours à venir.

L'enjeu pour PKJ serait très important. Il se peut que les juges britanniques 'retournent' le cas à la Cour suprême. Dans ce cas, la victoire est plus ou moins assurée pour PKJ.

En cas de défaite, PKJ et le MSM seraient contraints d'organiser des élections partielles dans le no 8. Ou autrement dissoudre le Parlement avant terme et d'appeler le pays aux urnes.

Les adversaires du MSM ne devraient toutefois pas sous-estimer la capacité de la machine de guerre du MSM à faire face à un jugement négatif à Londres et de gérer l'agenda politique et électoral à son avantage par la suite.

Pour revenir au scénario où Suren Dayal gagne son procès, PKJ pourrait être tenté par l'opportunité de tenir des partielles plutôt que de dissoudre le Parlement. Pour la simple raison que le MSM et ses alliés-croupions disposent d'une bonne majorité qui leur permettrait de diriger le gouvernement jusqu'en mai 2025.

En cas de difficultés de PKJ, on voit difficilement quelqu'un émerger des rangs gouvernementaux pour réclamer son renversement suivant le jugement négatif à Londres. Si Maurice n'était pas une république bananière et que nos moeurs politiques s'inspiraient des pays civilisés comme la Grande-Bretagne, l'option remplacement de PKJ aurait été possible. Comme on a renversé Boris Johnson pour le supplanter par Rishi Sunak à Londres.

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Voit-on Bobby Hurreeram ou Gilbert Bablee ou Deepak Balgobin prendre le leadership du MSM et marginaliser PKJ ? Ou encore Maneesh Gobin, le'V' le plus aguerri dans les rangs MSM, tenterait-il de renverser PKJ et contrôler le parti avec son armée de chatwas, son trésor de guerre et son Sun Trust ?

Si des élections partielles sont tenues, rien n'empêcherait PKJ et Leela Devi Dookun-Luchoomun de se présenter comme candidats. Pour ce qui est du cas de Yogida Sawmynaden, trop d'histoires controversables sont racontées à son encontre et PKJ ne voudrait pas dépenser toute son énergie lors d'une campagne électorale en défendant l'ancien ministre. Ce dernier passerait à la trappe et on pourrait même l'inviter à regarder la télévision chez lui plutôt que de venir prêter main-forte à ses camarades. Il serait cliniquement remplacé par quelqu'un ayant le même profil que lui.

Compte tenu des circonstances dans lesquelles ces élections partielles auraient été rendues nécessaires, PKJ partirait-il avec un lourd handicap au no 8 ? Pas nécessairement. Quand Ashock Jugnauth fut cassé comme député suivant la pétition de Raj Ringadoo, il se présenta de nouveau à l'élection partielle qui s'ensuivit. Et Ashock Jugnauth fut le candidat officiel de l'alliance MMM-UN-PMSD. Il avait en face de lui PKJ comme candidat du MSM.

Mais PKJ bénéficia de la puissance de feu de Navin Ramgoolam et de l'establishment travailliste de même que des ressources qu'un parti gouvernemental pourrait tactiquement mais discrètement mobiliser dans le contexte d'une élection partielle.

Sans le soutien actif et déterminant des Rouges, PKJ aurait été facilement battu par Ashock Jugnauth car le MSM d'alors n'avait pas encore construit son arsenal électoral. La marge de victoire de PKJ avait été de 3 000 votes face à son oncle. Il aurait suffi d'un déplacement de 1 600 votes vers Ashock Jugnauth pour assurer la victoire de ce dernier malgré le jugement négatif du Privy Council.

Donc dans le contexte d'élections partielles suivant un jugement défavorable à Londres, le MSM ne partirait pas nécessairement battu d'avance.

Ainsi, si on part du scénario du pire, même si un 'vote-correction' s'abattrait sur PKJ, le pouvoir du MSM ne serait pas compromis bien que le nombre de ses députés diminuerait de trois. Quelqu'un d'autre dirigerait le gouvernement pendant quelques mois. Steven Obeegadoo réunit tous les atouts pour assurer la suppléance.

Quand des enjeux plus importants se présenteraient, le MSM trouverait le timing opportun pour des élections générales avec PKJ comme commandant-en-chef.

Voilà comment les événements pourraient évoluer si PKJ est désavoué à Londres.

A l'inverse, en cas de rejet de la pétition Dayal, ce serait une victoire symbolique considérable pour PKJ et le Sun Trust. Du coup, le MSM exploiterait le jugement de façon à dire que les Law Lords britanniques ont donné une légitimité incontestable à PKJ et à son parti, rejetant de ce fait toutes les 'histoires' de fraude aux urnes, de bribery électoral.

Fort de cette légitimité légale accordée par les Britanniques, le MSM se sentirait ragaillardi pour faire face aux élections générales qui suivraient la dissolution du Parlement en novembre 2024. PKJ pourrait alors diriger un gouvernement intérimaire mais serait contraint de tenir des élections avant mai 2025.

Avec l'augmentation des pensions, des schemes genre Rs 20 000 pour ceux atteignant les 18 ans, l'exploitation à fond des promesses d'octroi des logements sociaux même à des jeunes adultes des familles aisées voulant obtenir une résidence à eux et évidemment l'exploitation à fond des passions communales et castéistes du no 4 au no 14, le MSM serait bien parti pour s'octroyer un nouveau mandat.

Dans le sillage du jugement britannique, on irait même jusqu'à blanchir les pauvres Bangladeshis victimes de méchantes allégations selon lesquelles ils furent des milliers à aller voter pour le MSM en se voyant octroyer des pièces d'identité de Mauriciens ne participant au vote pour une raison ou une autre.

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