Alors que sa participation à la présidentielle de février 2024 reste suspendue au vote de l'Assemblée Nationale, appelée dans quelques jours à amender les réformes introduites sur le Code électoral, validées par le dialogue politique et par le président de la République Macky Sall, Khalifa Ababacar Sall, ancien responsable socialiste, maire de la capitale pendant plusieurs années, joue sa survie politique.
Ecartée du jeu électoral depuis la perte de son éligibilité, suite à l'affaire de la caisse d'avance de la mairie de Dakar, l'ancien premier édile de la capitale sénégalaise est parti pour jouer son va-tout dans la quête du strapontin présidentiel, un objectif qui a toujours été au centre de ses préoccupations.
Leader à forte popularité au sein de l'opposition sénégalaise, Khalifa Ababacar Sall, qui cherche une participation à la présidentielle prochaine, est un homme politique chevronné qui a occupé plusieurs postes sous le régime socialiste. Plusieurs fois ministre et député à l'Assemblée Nationale, l'ancien maire socialiste de Dakar a toujours joué les premiers rôles au sien de sa formation politique, le Parti socialiste (Ps), avant sa rupture avec les siens. A cause de problèmes internes, il se démarque des « Verts de Colobane » et crée le mouvement « Taxawu Dakar». Khalifa Sall participe aux élections locales de 2014 avec ce mouvement et acte sa réélection à la mairie de Dakar après un premier magistère (2009-2014).
La liste de Khalifa Sall remportera à ces joutes 15 des 19 communes de la capitale. Khalifa Ababacar Sall avait pourtant en face de lui de grosses pointures de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), la majorité présidentielle, dont Aminata Touré à l'époque Premier ministre du Sénégal. Il faut dire déjà qu'en 2009, il avait remporté la bataille face à la liste du Parti démocratique sénégalais (Pds) dirigée à ce temps-là par Pape Diop, maire sortant de Dakar. Avec Taxawu Dakar qui deviendra par la suite Taxawu Sénégal, Khalifa Ababacar Sall poursuit son ascension politique et est élu député aux élections législatives de 2017.
En même temps ses projets pour la ville de Dakar se multiplient. La rénovation du marché Sandaga et l'aménagement de la place de l'indépendance créent une discorde entre la ville de Dakar et les autorités étatiques. Peu de temps après, il fait face à l'affaire dite de la caisse d'avance. La machine judiciaire s'emballe. Dans la nuit du 7 au 8 mars 2017, Khalifa Sall est placé en détention avec cinq de ses collaborateurs pour détournement de fonds publics. Auparavant, le 3 mars 2017, Serigne Bassirou Gueye alors Procureur de la République annonçait qu'une information judiciaire allait être ouverte contre Khalifa Sall.
La cause est un rapport de l'Inspection générale d'État (IGE) qui fait état d'un détournement d'un montant d'1,83 milliard de francs CFA qui auraient été « pris des caisses » de la ville de Dakar « sans justification ». La descente aux enfers s'emballe alors pour le maire de Dakar. Son immunité parlementaire levée en octobre 2017, il est jugé et condamné à cinq ans de prison ferme, ce qui lui prive de ses droits civiques. Le 29 septembre 2019, Khalifa Sall sort de prison après une grâce présidentielle.
Après cette épreuve, Khalifa Sall qui a été destitué à la mairie de Dakar, tente tant bien que mal de se maintenir dans la sphère politique. Silencieux au début, après son élargissement de prison, il s'est timidement remis de son hibernation peu de temps avant d'intégrer la coalition de l'opposition Yewwi Askan wi. Une coalition dans laquelle il redore son blason aux côtés de Pastef d'Ousmane Sonko et le Pur sous label Serigne Moustapha Sy, en gagnant avec ses alliés les principales villes du Sénégal lors des dernières élections locales et en échouant de justesse à imposer la cohabitation à l'Assemblée nationale.
La décision de Khalifa Sall de participer au dialogue national lancé par le président de la République, contrairement aux autres leaders de l'opposition réunie au sein de Yewwi Askan wi, semble l'écarter de ses pairs. Toutefois, l'ancien maire de la capitale, à l'ouverture de ce dialogue, a dit assumer son choix. Question de réalisme politique face à l'épée de Damoclès suspendue au-dessus don éligibilité et de sa participation au scrutin présidentiel de février. Les conclusions du Dialogue national et l'engagement du chef de l'Etat à concrétiser ces dernières au niveau de l'hémicycle semblent aujourd'hui conforter l'ancien maire de Dakar.
Conséquence : à quelques mois de la présidentielle, Khalifa Sall, si sa candidature est reçue, est assuré de pouvoir aller à la conquête du suffrage des Sénégalais. Question à mille balles : le leader de Taxawu Sénégal garde-t-il toujours sa popularité d'antan ? Cette présidentielle en sera une grande mesure s'il participe aux joutes. Il faut cependant dire que la tâche ne sera pas aisée si l'on considère la popularité grandissante de Pastef(Les Patriotes et le souhait de l'Alliance pour la République (Apr) et ses alliés à se maintenir au pouvoir malgré le départ annoncé de son chef, le président de la République, Macky Sall.