Dans divers coins de la ville, des foyers de prostitution plutôt actifs impactent le voisinage, parfois depuis de longues années.
Roger T. a grandi à New Bell, lieudit « Carrefour Monkam », dans l'arrondissement de Douala II. Son premier rapport sexuel, alors qu'il était un adolescent, fut tarifé. Parce qu'un secteur de prostitution existait dans le quartier. Aujourd'hui encore, le désormais informaticien se rappelle que les jeunes du coin appelaient cet endroit « le territoire des ombres », en raison d'un manque d'éclairage public qui y a persisté des années durant. Une obscurité qui arrangeait aussi nombre de « visiteurs »...
« Ces femmes louaient des chambrettes là-bas. Elles ont, pour ainsi dire, créé un quartier dans le quartier », ajoute l'ancien client. Il n'est pas le seul de sa génération à être devenu sexuellement actif à un âge relativement précoce. Difficile pour les jeunes du coin d'y échapper : l'offre était abondante et plutôt bon marché. Mais cet environnement n'était pas que source de plaisirs charnels. « Le territoire des ombres » attirait aussi des bandits, à l'aise pour y opérer. Le secteur et ses réalités n'ont pas beaucoup changé. Les femmes d'hier ont été remplacées par de plus jeunes.
Un secteur qui en revanche a beaucoup changé, c'est le lieudit « Carrefour Nelson Mandela », dans l'arrondissement de Douala III. Jadis lieu d'habitation tranquille qui enregistrait certes des cas d'agression sporadiques, la zone est devenue un haut lieu de prostitution à Douala. Avec le package d'effets collatéraux que chacun peut imaginer.
« Les bagarres ici c'est presque tous les jours. Entre les filles elles-mêmes, parfois avec des clients. D'un autre côté, il y a le bruit des bars qui se sont installés. Et le voisinage en souffre », témoigne Germain D., enseignant et habitant de longue date de Douala III. Il ajoute que de nombreuses personnes ayant construit dans le coin ont dû en partir, vendant leur maison. Ceci principalement pour protéger leurs enfants, exposés à une débauche de tous les instants.
A Akwa, Deido, mais aussi Makepe, voire Bonabéri, les mêmes causes produisent les mêmes méfaits. Un nid de prostitution se crée, puis se développe de façon métastatique, transformant la zone en milieu interlope. Et systématiquement, le voisinage trinque.