Congo-Brazzaville: Ils n'abdiqueront pas

opinion

C'est une certitude : pour rien au monde, les foyers de tensions allumés aux quatre coins de la planète Terre ne sont pas sur le point de s'éteindre. Qu'elles soient le fait de groupuscules isolés portés par la violence gratuite ou qu'elles relèvent des choix politiques et stratégiques des puissances dont dépend le sort des relations internationales, ces zones grises continueront de brûler car tels sont les ressorts au renouvellement desquels elles sont créées, voire entretenues.

Au coeur de ce dispositif de la guerre permanente, pour ne pas dire éternelle, se trouvent bien évidemment les intérêts économiques, la volonté de domination et le refus de voir s'établir des rapports d'égal à égal entre les nations et les peuples. Le postulat présenté ici ne relève pas du pessimisme ambiant, il puise dans l'histoire de l'humanité, dans son destin assumé depuis la nuit des temps : le besoin d'accumuler les richesses chez l'homme est inextinguible.

Quand ce besoin est assouvi, l'homme ambitionne de le décupler, il crée les conditions pour y parvenir parfois par le dialogue, plus souvent par la force. Et de fait, en interrogeant l'histoire des nations, en particulier celles qui revendiquent un niveau élevé de développement, on observe qu'au moment où elles mettaient en oeuvre la conquête des espaces vitaux, la plupart ont eu recours aux intrusions par la force sur les terres qu'elles convoitaient.

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Néanmoins, la roue de l'histoire est un rapport de force difficilement maîtrisable. Comme des vases que l'on abonde obstinément, les richesses, prises dans leur dimension globale, débordent aussi quand elles ont accompli leur cycle. L'homme ayant engagé une course effrénée vers le profit, il arrive qu'il ne parvienne pas toujours à en assurer une bonne gestion. Tel est le cas des nations nanties qui voient se dresser devant leur porte celles qu'elles ont délaissées dans cette course à la gagne.

Si hier les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale ont balisé le chemin vers la création de l'Organisation des Nations unies, cadre approprié au dialogue entre les pays et leurs représentants, et que la fameuse « guerre froide » entre l'Est et l'Ouest muée en coexistence pacifique a installé la tranquillité entre les peuples, la réalité du moment montre que la fin de ces accommodations, dont le point culminant a été la chute du Mur de Berlin en 1989, a jeté l'humanité dans le trou noir de l'incertitude.

Regardons comment ressuscitent les haines entre les Etats ou groupes d'Etats. Comme les précédents conflits dévastateurs du siècle dernier, les déchirements partent du Vieux continent pour alimenter par effet domino les autres quartiers du vaste monde. Et l'on observe les puissances en vue se projeter dans des exercices militaires coûteux dans le but globalement d'avertir qu'elles sont prêtes à en découdre à tout moment.

De ce fait, les lourdes dépenses engagées dans l'accentuation des rhétoriques guerrières ne laissent aucune chance à la création des conditions pour sortir la population de la précarité. Car cette calamité existentielle n'est pas l'apanage des seuls pays dits sous-développés minés, il est vrai là aussi, par des expériences pas toujours réussies en termes de régulation du peu ou du petit mieux qu'ils trouvent.

La précarité touche tous les pays du monde aujourd'hui. Il n'est pas lieu d'étaler des statistiques pour montrer que du Nord au Sud, d'Est à l'Ouest, des plus petites aux plus grandes nations, le défi de servir le grand nombre vivant dans le besoin est une réalité partagée. Ce n'est peut-être pas pour rien que partout, quand les résultats se font attendre, un incident quelconque au mauvais moment, qu'il soit de nature à ôter la vie à une ou à plusieurs personnes dans des circonstances jugées troubles, suffit à déboucher sur un enchaînement de violences inouïes.

Dans le fond, rien ne semble ouvrir les yeux des décideurs sur l'impérieux devoir qui leur incombe de ne pas précipiter les Etats vers l'abime. Sur le pied de guerre, les « grands » perpétuent la rivalité qui les tient et ne sont pas prêts d'abdiquer. On peut penser qu'ils n'iront pas seuls aux futures confrontations ; de gré ou de force, ils y embarqueront les plus faibles en exacerbant au besoin les litiges latents ou apparents qui opposent ces derniers.

A moins que faute de mieux les « petits » n'aient pour seul recours qu'inciter au retour à la table du dialogue. Ils devront alors faire preuve de courage, accepter d'être privés d'un certain nombre de privilèges si la contrepartie à leur refus poli de « collaborer » devait être une succession de lourdes sanctions. Pour cette résistance à venir, les plus faibles pourraient avoir pour allié la clameur réseau-socialo universelle en espérant qu'elle parvienne à émousser la robuste épée de la rétorsion maniée par les puissants.

AUTHOR: Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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