Maroc: La réglementation de la pratique de la Fatwa contribue à la stabilité des sociétés (Conférenciers)

Marrakech — La réglementation de la pratique de la Fatwa limite l'influence des "profanes" et contribue à la stabilité des sociétés, ont souligné, samedi à Marrakech, plusieurs participants au colloque international sur "Les règles de la Fatwa islamique dans le contexte africain".

Lors de ce colloque de trois jours organisé par la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains, les conférenciers ont souligné l'importance cruciale de la Fatwa pour guider les gens sur diverses questions controversées, tout en passant en revue les règles de la pratique de la Fatwa, dont l'adhésion à une méthodologie scientifique rigoureuse.

Dans ce sens, le Pr. Mohamed Rougui, membre du Conseil supérieur des Oulémas, a souligné la nécessité d'accorder à la Fatwa l'intérêt et la rigueur nécessaires, dans la mesure où elle vise à canaliser les comportements des individus dans le domaine religieux, notant que les règles encadrant ce domaine devraient prévoir que le Mufti dispose d'un niveau élevé de compétence en sciences religieuses et d'une parfaite maîtrise de la langue arabe et de ses sciences connexes.

Il a, par ailleurs, estimé que les divergences en termes de fiqh peuvent être surmontées, tandis qu'il est plus ardu de contrôler le désordre résultant de la manipulation de la Fatwa par des personnes non initiées, appelant à s'inspirer du riche héritage du fiqh pour opérer un renouveau et à unifier les méthodologies de la Fatwa, tout en faisant référence au modèle marocain qui confère la compétence exclusive d'émettre des Fatwas au Conseil supérieur des Oulémas.

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De son côté, le président de l'institution de la Fatwa au Nigéria et président de la section de la Fondation Mohammed VI pour les Ouléma Africains, Cheikh Ibrahim Saleh Al Husseini, a passé en revue les différentes pratiques d'émission de la Fatwa en Afrique et déploré que le continent pâtit d'un florilège de pseudo-Ouléma qui émettent des Fatwas non constructives, dont la majorité sont fondées sur l'opinion et la passion et ne s'appuient sur aucun fondement du fiqh reconnu et approuvé.

Cheikh Al Husseini a rappelé que l'Afrique a été le berceau de grands centres d'enseignement religieux, tels que la mosquée Zitouna en Tunisie, Al Quaraouiyine au Maroc, et Al Azhar en Égypte, qui ont joué un rôle clé dans la diffusion de l'enseignement religieux sur le continent, favorisant l'unité de la croyance, de la doctrine et du rite.

M. Al Husseini a également évoqué les défis auxquels sont confrontés les oulémas en Afrique, dont les infiltrations d'organisations se proclamant de l'Islam tout en transgressant ses principes, ce qui nécessite une compréhension approfondie de la religion et une interaction judicieuse avec la réalité.

Son tour venu, le Mufti d'Al Qods, Cheikh Mohammed Ahmed Mohammed Hussein, a passé en revue l'histoire de la Fatwa en Palestine, mettant en avant la continuité des efforts dans ce domaine depuis l'époque de la conquête islamique et la nécessité de l'organisation minutieuse de la pratique de la Fatwa dans tous les pays islamiques.

De son côté, le Mufti d'Égypte, Cheikh Chouki Ibrahim Allam, dans une allocution prononcée par le directeur académique de Dar al-Ifta en Égypte, Omar Ali Al Farouk, a relevé la place prestigieuse qu'occupe de l'institution en charge de la Fatwa, ainsi que les défis brûlants que pose l'actualité, d'où l'intérêt de cerner ce domaine.

Il a de plus mis l'accent sur les directives qui devraient régir la Fatwa, dont l'adoption d'une méthodologie scientifique rigoureuse pour éviter toute confusion, le recours à des références scientifiques approuvées et validées, appelant à s'abstenir d'émettre une Fatwa avant d'avoir bien cerné les tenants et aboutissants de la problématique et consulté les spécialistes, le cas échéant.

Organisé du 8 au 10 juillet, ce colloque international intervient en application des recommandations du Conseil supérieur de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains, qui avait tenu sa 4ème session les 19 et 20 octobre 2022 à Fès, concernant l'organisation de colloques traitant de la pratique de la Fatwa en Afrique.

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