Quelques jours seulement après la fin de l'année scolaire 2022-2023, le nombre d'enfants exerçant le commerce a augmenté dans les rues de Beni (Nord-Kivu), a constaté vendredi 7 juillet, le reporter de Radio Okapi.
Ces enfants, dont de nombreux écoliers, arpentent les principales artères de la ville pour vendre divers petits articles. Ils cherchent ainsi à gagner de l'argent pour soutenir leurs parents, affirment-t-ils.
Dans la vallée dit « Mabondeni » près du marché de Kilokwa, deux jeunes enfants, d'une dizaine d'années, se promènent avec à la main plusieurs articles à vendre, dont des tamis, des bassins, des entonnoirs, gobelets et autres.
Non loin d'eux, trois fillettes fières de leur activité commerciale, arborent leurs marchandises.
L'une porte quatre casseroles sur sa tête avec d'autres articles à la main.
Elle s'appelle Merveille Kahindo.
« Je vends des casseroles à différents prix. 20 000 franc soit 19 000 après marchandage. Même d'autres prix. Maman m'a demandé de ne rien perdre. Je le fais seulement pendant ces vacances, juste pour l'aider. Je sillonne jusqu'à ce que je trouve les clients. Jusque-là je n'ai rien vendu », raconte-t-elle.
Avec les revenus de ce commerce, en plus de ceux de sa mère qui est aussi vendeuse, Merveille Kahindo est sure de pouvoir étudier l'année scolaire suivante :
« Cet argent va renforcer le capital de maman pour me payer les frais scolaires. Elle m'a donné même un sac à main pour bien garder cet argent ».
Si Merveille n'est là que le temps des vacances, d'autres enfants font du petit commerce dans les rues de Beni depuis plus longtemps.
C'est le cas de Michel Paluku, âgé d'une dizaine d'années. Il vend des souliers pour femmes.
D'un air presque fatigué, il dit faire ce travail pour soutenir sa mère veuve :
« Je suis l'ainé de ma famille. Mon père est déjà décédé. Maman m'a déjà donné cette responsabilité parce que c'est moi l'ainé de la famille. Ce que je trouve ici aide beaucoup à ma famille. Par jour je peux meme vendre 48 000 Franc ».
Michel est aussi écolier. En période de classe, il alterne le commerce et les cours.
« J'entre en septième année. Quand je quitte à l'école je vends. Si nous sommes en vacance, je vends du matin jusqu'au soir. Une fois affamé j'entre au restaurant. Si je n'ai pas d'argent on me prête la nourriture et lorsque je trouve l'argent je paie. Cet argent va m'aider à payer les frais à l'école secondaire », explique-t-il fièrement.
Le président du Parlement d'enfants de Butembo-Lubero, proche de la région de Beni, Rigan Bangaghe avait sensibilisé, le 16 avril dernier, les parents et proches-parents contre l'exploitation économique des enfants.
C'était dans le cadre de la journée mondiale contre l'esclavage des enfants, célébrée le 16 avril de chaque année.
A cette occasion, Rigan Bangaghe avait appelé à la responsabilité de tous afin de combattre cette pratique qui expose les enfants à plusieurs dangers et compromet leur avenir, surtout sur le plan éducatif.
« Il y a certains parents si par irresponsabilité, n'ont plus la capacité de tout faire ou de répondre aux besoins des enfants, ils les envoient en ville pour se débrouiller. Pour les enfants, les dangers sont énormes », avait-t-il déploré.