Gabon: Candidature de Ali Bongo a un troisième mandat - Encore un coup de poignard à la démocratie

Ali Bongo Ondimba, Président du Gabon, s’exprimant lors de la Conférence sur le commerce illégal d’espèces sauvages à Londres le 11 octobre 2018.
analyse

Le président gabonais, Ali Bongo, a annoncé le 9 juillet 2023, sa candidature à un troisième mandat à la présidentielle d'août 2023. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'annonce de cette candidature ne surprend guère.

Car, on le voyait venir à travers plusieurs actes, notamment la nomination en janvier dernier, d'un fidèle parmi les fidèles à la Primature, en la personne de Alain Claude Bilie By Nze ; l'appel de son parti le Parti démocratique gabonais (PDG), en décembre dernier, à briguer un troisième mandat, etc.

Mais en franchissant le Rubicon, Ali Bongo donne encore un coup de poignard à la démocratie gabonnaise. Car cette candidature est la preuve que malgré ses quatorze ans au pouvoir et son état de santé fragile après l'AVC dont il a été victime et dont les séquelles sont toujours perceptibles, Ali Bongo reste toujours insatiable de pouvoir. C'est d'autant plus vrai qu'au Sénégal, Macky Sall vient de renoncer à un troisième mandat et cet acte devrait donner à réfléchir les dirigeants africains.

Mais hélas, le locataire du Palais du bord de mer est déterminé à perpétuer la dynastie Bongo. Avec cette candidature, Ali Bongo ne dresse-t-il pas le bûcher contre son pays ? Il faut bien le craindre car son élection en 2016 face à Jean Ping qui l'accusait d'avoir volé sa victoire, avait laissé sur le carreau, plusieurs morts et de nombreux blessés. C'est dire si Ali Bongo n'a tiré aucune leçon de ces violences meurtrières qui ont failli faire basculer le pays dans le chaos.

Après cinquante-cinq ans de dynastie Bongo, le président à la santé chancelante, devrait avoir le sens de l'histoire et quitter les choses avant que les choses ne le quittent. Même s'il a réussi à tripatouiller la Constitution de son pays 2018 en sautant le verrou limitatif du nombre de mandat, Ali Bongo devrait se convaincre qu'il y a une autre vie après le pouvoir. Il doit savoir que les cimetières sont remplis d'hommes indispensables.

Il est indécent pour une famille de prendre la démocratie en otage dans un pays où le peuple aspire à la démocratie et à la liberté. Cela dit, quelle sera donc la réaction de l'opposition et la société civile qui ont décidé de faire coalition pour barrer la route à Bongo fils ? Vont-elles se mobiliser ? On attend de voir. Mais une chose est certaine : le peuple gabonais ne semble pas avoir à l'instant l'antidote Bongo. En tout cas, tant qu'il y aura le Haut-Ogooué, les résultats des urnes tourneront toujours en faveur d'Ali Bongo.

Autant dire que l'homme politique est bien parti pour succéder à lui-même à moins qu'entre temps, le peuple gabonais ne se réveille et prenne son destin en main. Même si Ali Bongo devrait quitter le pouvoir, il risque de le céder à l'un de ses proches au regard du verrouillage du système électoral gabonais. Il appartient donc au peuple gabonais de se battre pour se libérer de ses chaînes. Car comme le disait le feu capitaine Thomas Sankara, « l'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte, ne mérite pas que l'on s'apitoie sur sort ».

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